26 janvier 2025

Nous irons tous au paradis ou presque !

Paradoxalement, c'est la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne qui handicape aujourd'hui le dispositif de défense du vieux continent qui éprouve la chaleur du conflit impérialiste russe à ses portes. La Grande Bretagne tenait à égale distance la France et l'Allemagne dans leur revendication de leadership, l'une brandissant ses opérations extérieures en continu et sa force de dissuasion nucléaire ; l'autre sa base industrielle et technologique de défense (BITD) produisant sans relâche les armes de rupture exigées par le combat de mêlée. Fidèle à la devise "Britannia rules the waves", Londres pensait mettre tout le monde d'accord le moment venu parce que la grande affaire se jouerait sur mer, mer qu'elle tenait par les accords spéciaux avec Washington. A refaire une guerre, ce ne serait pas celle de 1870.

Depuis le Brexit, un troisième acteur est apparu sur le vieux continent qui n'a pas le temps d'attendre que s'achève la succession des conférences sur le sujet, parce qu'il est au contact du nouvel empire timuride, la Pologne. Elle s'arme à marche forcée en privilégiant le matériel en stock. C'est ainsi qu'elle importe beaucoup de Corée du Sud. L'autre acteur nouveau qui a huit cent mille hommes en guerre, c'est bien sûr l'Ukraine. Mais il faut commencer par discuter de la nécessité d'une défense européenne parce que cela ne va pas de soi pour nous.

Petit rappel historique au cas où le secrétaire perpétuel de l'Académie française me téléphonerait : la France n'était pas à Lépante. Cette bataille navale d'anthologie décida de la conquête de la Méditerranée par l'empire ottoman, la chrétienté contre l'islam. Or le roi de France (Charles IX) commerçait avec la Sublime Porte et était en délicatesse avec la Sainte Ligue commandée par l'Espagne. Mais les chrétiens auraient-ils eu le dessous à Lépante - l'escadre turque n'avait jamais perdu de bataille navale jusque là - quelles auraient été les conséquences pour la France de cette époque ? En premier lieu, le déshonneur. En second lieu, elle aurait concédé la libre pratique des exactions turques et barbaresques sur sa côte méditerranéenne malgré le maintien des relations marchandes désormais en position de faiblesse. Et en pleine guerre de religion, elle n'aurait pu s'opposer à la prise de comptoirs turcs sur notre côte, sous la double intention de dépôts d'import-export et de propagation de l'islam. En conclusion, il aurait mieux valu y aller, et en plus nous aurions gagné.

L'empire ottoman d'aujourd'hui c'est le projet hégémonique eurasiste de la Russie poutinienne qui veut un glacis stérilisé à son occident. Nous aurions pu rester au moment sur notre quant-à-soi et n'aurions souffert de rien au quotidien, mais nous aurions perdu toute considération de nos voisins plus exposés amenant au déni de solidarité à notre endroit. Déjà que nous les avons fourvoyés au Sahel sur des powerpoints optimistes à dessein, ils se seraient souvenus de la débâcle de 1940 frappant de stupeur le monde entier. Pas sûr que l'honneur y aurait longtemps résisté sans même parler de l'évanouissement de notre influence. Donc nous devons y aller, au moins pour la France, si ce n'est trop sûr pour les Français.

C'est le moment de faire l'inventaire des pôles décisionnels majeurs dans la construction d'une défense européenne :
  • Londres
  • Paris
  • Berlin
  • Varsovie
  • SACEUR Mons
  • Commission européenne (Kubilius)
On peut déjà constater qu'aucun de ces pôles n'acceptera d'être commandé par aucun des cinq autres. On ne refera donc pas la Grande Armée, de Cadix à Lübeck. Reste donc la guerre d'alliance sous commandement unifié et à trouver le Foch ou le Eisenhower d'aujourd'hui. L'alliance existe certes déjà, mais elle est plombée pour quatre ans par le nouveau Commander-in-chief américain qui ne nous veut aucun bien ! Lui survivra-t-elle, même si ce n'est pas qu'une question d'argent ? les paris sont ouverts. Donc on a bientôt un état-major complet commandant une vingtaine d'armées de Trondheim à Salonique, enfoui sous les Vosges, la Forêt Noire ou le Jura souabe. On dispose déjà d'une interopérabilité des procédures grâce à l'OTAN et il "suffit" de mobiliser les hommes et les armes !

Dans un article du journal Le Monde (clic), les protagonistes d'une défense commune européenne s'en prennent aux industriels de l'armement qui rechignent à passer en "économie de guerre". S'ils avaient fait autre chose que des études en sciences molles, les mêmes sauraient qu'une industrie travaille sur commandes et pas sur intentions. Nul doute que s'ils enregistrent les commandes de l'Etat, les industriels allemands, italiens, français, anglais, suédois, belges et tchèques (il n'y en a pas d'autres) mettront les bouchées doubles et passeront aux 3x8 en 7/7 aussitôt qu'ils auront recruté.
Aparté : on a vu il y a deux ans les critiques officielles à l'encontre des Forges d'obus de Tarbes qui traînaient soi-disant les pieds, à quoi le directeur général répondit : "et merde, passez les commandes avant de nous critiquer !"

Pour financer la montée en gamme de l'Europe-puissance, il va falloir arbitrer partout entre les dépenses sociales qui sont la marque emblématique des Etats européens et les nouvelles dépenses militaires. Certains pays du nord sont arrivés à contenir la dérive sociale en revenant aux fondamentaux : de quoi notre société a-t-elle réellement besoin ? Par contre les nations latines soudées par le clientélisme n'y sont pas favorables, et leurs gouvernements préfèrent attendre d'être poussés dans le coin de la pièce par une cause extérieure qui les dédouanerait de toute mauvaise intention vis à vis de leur opinion publique.
La banqueroute pour remède ? C'est assez fou.

Addendum de saison : on commémore aujourd'hui 27 janvier les quatre-vingt ans de la libération du camp d'Auschwitz. Pause !
La tache sur le peuple allemand est indélébile, non tant d'avoir exterminé autant de gens - l'histoire de l'espèce humaine est jalonnée de grands massacres ethniques - que d'avoir inventé l'industrialisation de l'effacement de tout un peuple afin d'y atteindre à moindre effort. C'est ça le vice de forme ! Et ils vont le supporter longtemps quoiqu'en dise Elon Musk.

ALSP !

19 janvier 2025

De Senectute

Lorsqu'il compose le Cato Maior, au cours des premiers mois de l'an -44, avant le meurtre de César le 15 mars, Cicéron, né le 3 janvier -106, est âgé de soixante-deux ans. Il dédie son traité à son ami Atticus, de quatre ans son aîné. L'un et l'autre font donc partie des senes, les « vieux » ou « vieillards ». Les contours de cette catégorie peuvent être un peu fluctuants à Rome, selon les critères d'inclusion mais, à la soixantaine, il ne fait pas de doute qu'on y appartient, et quelques mois plus tard, dans la préface du Laelius de amicitia, également dédié à Atticus, Cicéron soulignera ainsi le parallélisme entre les deux œuvres :
« Donc alors un vieillard adressait à un vieillard un traité de la vieillesse ; de même voici l'ouvrage qu'un ami très fidèle a composé pour son ami, sur l'amitié.»
"Ainsi imagine-t-il un court dialogue philosophique qu'il situe à l'époque glorieuse de Rome, en -150. Les jeunes Scipion Emilien et Laelius prennent du vieux et toujours vigoureux Caton (84 ans) une leçon de vie. Les réflexions prêtées à l'ancien censeur de -184 agissent sur l'auteur de ce traité comme un elixir de jouvence et une consolation dans ses malheurs personnels et ses déceptions politiques" (J-N Robert pour Les Belles Lettres).

La suite de la recension savante du De Senectute sur Cairn.info en cliquant ici.

Du traité, j'ai extrait les chapitres consacrés aux plaisirs de l'agriculture. J'en profite pour rendre hommage à l'abbé Ricard qui nous a forcé à traduire le De Senectute in extenso pour qu'il nous en reste quelque chose plus tard. Merci aussi du plaisir que j'ai eu, jeune encore, à réciter les Bucoliques de Virgile. Reste à doubler Caton l'ancien maintenant que la bascule du temps a basculé.


***

XV. « Je viens maintenant aux jouissances de l'agriculture, auxquelles je trouve un prix incroyable, que l'on peut goûter jusque dans l'extrême vieillesse, et qui me paraissent s'accorder parfaitement avec la vie du sage. Nous devons ces jouissances à la terre, qui, toujours soumise à notre légitime empire, rend avec usure ce qu'on lui confie, tantôt plus retenue, tantôt prodigue de ses dons. Et ce n'est pas seulement à recueillir les fruits de la terre que je trouve mes délices, mais à étudier son travail et les merveilles qu'elle produit.
D'abord elle reçoit dans son sein amolli, et ouvert par le soc, les grains que la main du laboureur y répand ; la herse passe sur les sillons et recouvre les semences, qui, bientôt réchauffées et tiédies par la douce moiteur du sol, se fendent et poussent au dehors une jeune tige verdoyante ; peu à peu les racines se développent, l'herbe grandit, un tuyau noueux s'élève, et la plante, dont la formation s'achève mystérieusement, demeure enveloppée dans sa gaine flexible ; enfin elle en sort, s'élance, et présente à la lumière ses fruits artistement disposés en épi, et que leurs barbes protègent contre les attaques des petits oiseaux.
La culture de la vigne, sa naissance, ses progrès, n'offrent pas moins de merveilles. Je ne puis me lasser de les contempler ; et il faut bien que je vous initie à toutes les jouissances et aux délicieux loisirs de ma vieillesse. Je ne dirai rien de la force productive de la terre, qui d'une si petite graine de figuier, d'un pépin de raisin, ou de la semence à peine visible de tant d'autres arbustes, fait sortir des troncs si puissants et des rameaux si étendus. Mais les marcottes, les plants, les sarments, les racines vivaces, les boutures ne méritent-ils pas d'être étudiés, suivis avec le plus grand intérêt, et, pour tout dire, admirés ? Vous voyez la vigne, si faible de sa nature et qui rampe à terre quand elle ne trouve point d'appui, saisir par ses vrilles, comme par des mains tenaces, tout ce qu'elle rencontre, et s'y attacher pour s'élever ; elle court, se replie, et pousse à l'aventure ses jets que le fer de l'agriculteur émonde prudemment, pour qu'elle ne se perde pas en une forêt stérile. Au retour du printemps, on voit, sur les sarments que la faucille, n'a point retranchés, poindre à l'articulation des rameaux le bourgeon qui bientôt devient la grappe. Celle-ci, nourrie par les sucs de la terre, fécondée par la chaleur du soleil, est d'abord âpre au goût ; mais elle s'adoucit en mûrissant, et, sous le pampre qui la recouvre, elle conserve une tiède chaleur et se défend contre les ardeurs de l'été. Est-il rien de plus divin que le fruit de la vigne, rien de plus beau que ces grappes dorées ? Et ce n'est pas seulement sa liqueur qui me plaît; mais j'aime, comme je vous l'ai dit, à la cultiver, à la suivre dans son travail ; j'aime à disposer les longues files de supports, à lier les sarments, à recueillir et propager les boutures, à émonder les ceps trop chargés, à retrancher ou replanter les rameaux.
Que dirai-je encore des irrigations habilement pratiquées, des seconds labours qui remuent si profondément les terres et les rendent plus fertiles? Parlerai-je de l'utilité des engrais? Mais j'ai dit tout ce qu'il en fallait dans mes livres sur l'agriculture. Le docte Hésiode ne leur a pas consacré une seule ligne dans son poème sur la culture des champs ; mais Homère, qui vivait, à ce que je pense, plusieurs siècles avant lui, nous représente Laërte, pour adoucir le regret de l'absence de son fils, cultivant lui-même et fumant ses terres. Et ce ne sont pas seulement les moissons, les prés, les vignes, les arbustes qui font l'agrément des campagnes, il faut y joindre les jardins, les vergers, les troupeaux, les abeilles, et l'infinie variété des fleurs. Nous n'avons pas d'ailleurs le seul agrément des plantations, mais encore la ressource des greffes, ce chef-dœuvre de l'agriculture.»

XVI. « Je pourrais vous détailler sans fin toutes les jouissances de la vie des champs; mais je m aperçois que déjà j'ai été trop long. Vous me le pardonnerez, car je me suis laissé entraîner par mon goût pour les travaux de la campagne ; d'ailleurs la vieillesse aime à parler, elle en a le renom, et je ne voudrais pas faire croire qu'on la calomnie en tout. M'. Curius, après avoir triomphé des Samnites, des Sabins, de Pyrrhus, passa le reste de ses jours à cultiver les champs. Sa maison de la Sabine n'est pas loin de chez moi ; je la vois souvent, et je ne puis me lasser d'admirer le désintéressement de ce grand homme et les œurs de son siècle.
Curius étant assis près de son foyer, les Samnites lui vinrent offrir de l'or à pleines mains; il les renvoya en leur disant : "Ce qui me paraît digne d'envie ce n'est pas d'avoir de l'or, mais de commander à ceux qui en ont". Avec une si grande âme, la vieillesse pouvait-elle être un fardeau ? Mais je reviens aux agriculteurs, pour ne pas aller prendre mes exemples trop loin de moi. Les sénateurs, c'est à-dire les vieillards, vivaient alors à la campagne. L. Quinctius Cincinnatus conduisait la charrue, quand on lui annonça que le peuple l'avait nommé dictateur ; c'est par l'ordre de ce dictateur que C Servilius Ahala, maître de la cavalerie, surprit et mit à mort Sp. Mélius, qui aspirait à la royauté. C'est de leurs campagnes que l'on appelait au sénat Curius et les autres sénateurs; ce qui explique le nom de voyageurs que l'on donnait à ceux qui allaient les convoquer.
Croyez-vous donc que ces anciens Romains qui s'amusaient à cultiver leurs champs aient eu une vieillesse misérable? Pour moi, je ne pourrais en imaginer une plus heureuse, non seulement parce que l'on remplit un devoir en vaquant aux travaux de l'agriculture, qui est pour tout le genre humain une source de bienfaits, mais parce que, grâce à ces labeurs, on goûte des jouissances nombreuses, et l'on se trouve dans l'abondance de toutes les choses nécessaires à la vie des hommes et même au culte des dieux : à ce compte, puisque la volupté a des partisans déclarés, je ne demande pas mieux que de faire ma paix avec elle. Un maître de maison vigilant et économe a toujours ses celliers remplis de vin et d'huile, ses offices bien garnis, une abondance de toutes sortes de provisions dans sa campagne ; il a des porcs, des chevreaux, des agneaux, des poules, du lait, du fromage, du miel. Le jardin est pour les habitants de la campagne un second office, comme ils le nomment eux-mêmes ; et, dans les moments de loisir, la chasse vient apporter les dernières pièces à ce service digne des rois.
Que dire de la verdure des prairies, des longues allées d'arbres, de la beauté des vignes et des oliviers ? En deux mots, il n'y a rien de plus riche et de plus magnifique au monde qu'une campagne bien cultivée ; et, loin que la vieillesse nous empêche d'en jouir, elle nous appelle aux champs et nous en montre tout l'attrait. N'est-ce pas là que les vieillards peuvent le mieux se réchauffer aux rayons du soleil, à la flamme du foyer, ou se rafraîchir à l'ombre des grands arbres et sur le bord des eaux ? Que la jeunesse garde pour elle les armes, les chevaux, les javelots, le bâton et la paume, la nage et la course; qu'elle nous laisse de tant de jeux différents les osselets et les dés; et encore qu'elle ne se contraigne pas, puisque la vieillesse peut s'en passer pour être heureuse.»

XVII. « Les livres de Xénophon sont pleins d'enseignements utiles ; vous les connaissez déjà, relisez-les sans cesse et méditez-les. Avez-vous vu quel grand éloge il fait de l'agriculture dans son livre sur le gouvernement des maisons, intitulé l'Économique ? Pour bien nous faire entendre que rien ne lui paraît aussi royal que la culture des champs, Xénophon met dans la bouche de Socrate, qui s'entretient avec Critobule, le récit suivant : "Cyrus le jeune, roi de Perse, qui réunissait à l'excellence de l'esprit la gloire des armes, reçut à Sardes le Lacédémonien Lysandre, homme d'un rare mérite, qui lui apportait des présents de la part de ses alliés. Cyrus fit à son hôte les honneurs de son palais avec une grâce parfaite, et lui montra un parc planté avec beaucoup d'art. Lysandre admira la beauté des arbres, la symétrie des allées, disposées en quinconce, la régularité, la finesse et le moelleux du terrain, le choix des fleurs, l'harmonie et la suavité de leurs parfums ; il dit à Cyrus qu'il était ravi non seulement du soin qu'il voyait briller partout, mais encore du génie qui se montrait dans la conception et le plan de ce délicieux jardin. — Eh bien, répondit Cyrus, c'est moi qui ai tout inventé ; c'est moi qui ai tracé le plan, dessiné les allées, et un grand nombre de ces arbres ont été plantés de ma main." Lysandre alors, reportant ses regards sur les vêtements magnifiques, sur la pourpre , l'or et les pierreries qui relevaient la beauté naturelle de Cyrus : "C'est à juste titre, lui dit-il, qu'on vous croit heureux, puisque vous réunissez à un tel degré la fortune et la vertu."
C'est là une fortune dont la vieillesse peut certainement jouir, et jamais l'âge ne nous empêchera de nous livrer à nos travaux favoris, et surtout de cultiver les champs jusqu'au dernier de nos jours. Nous savons que M. Valérius Corvus vécut jusqu'à cent ans , et que la dernière partie de sa vie se passa à la campagne et dans les travaux de l'agriculture. Quarante-six ans s'étaient écoulés entre son premier et son sixième consulat ; ainsi la carrière des honneurs fut aussi longue pour lui que l'était, suivant nos ancêtres, la vie entière de l'homme jusqu'aux abords de la vieillesse ; et son âge lui donna ce privilège, qu'avec moins de travaux il eut plus d'autorité.
L'autorité est la couronne de la vieillesse. Vous savez quelle était l'extrême considération d'un Métellus, d'un Atilius Calatinus. C'est ce dernier qui mérita cet éloge unique : "Les nations s'accordent à le proclamer le premier citoyen de Rome." Vous connaissez cette inscription, elle est gravée sur son monument. C'était certes un homme d'une grande autorité, que celui dont tous les peuples faisaient un tel éloge. Que dirons-nous de P. Crassus, le grand pontife ; de M. Lépidus, qui fut revêtu du même sacerdoce ? Quels hommes ! quelle dignité ! Et Paul-Émile, et l'Africain, et Maximus que je vous ai déjà cité, avaient-ils besoin de parler pour donner la loi dans Rome ? un geste ne leur suffisait-il pas ? Un vieillard, surtout quand il a passé par les honneurs, a tant d'autorité, que tous les plaisirs de la jeunesse sont peu de chose en comparaison.»

XVIII. « Mais souvenez-vous que la vieillesse dont je fais ici l'éloge est celle qui est préparée par les vertus de la jeunesse. C'est ainsi que j'ai pu dire autrefois, aux grands applaudissements de tous ceux qui m'entendaient, qu'un vieillard est bien misérable quand il se croit réduit à se défendre par des paroles. Ni les cheveux blancs ni les rides ne donnent tout à coup de la considération à un homme : c'est une vie entière honorablement écoulée qui peut seule recueillir sur son déclin ce doux fruit de la vénération publique......»


***

Voilà. J'avais envie au matin de l'octogenèse de partager avec vous mon admiration de la nature. Et pourquoi aurait-il fallu réécrire ce qui fut si bien dit ?

Le texte bilingue intégral est accessible par ce lien :
remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/senectute.htm

*Octogenèse : L'âge où l'on achève de devenir qui l'on est : chacun sort de l'habitacle, allégé d'un corps qu'il s'apprête à rendre à la terre. Enfin libre, et à jamais vivant ! Les dissensions du passé sont abolies, les êtres réconciliés, les esprits apaisés, le flambeau de l'idéal humain transmis (Delvolvé).


ALSP !

Le Roundup est arrivé

Aujourd'hui se présente au balcon - oui ça finit mal - le quarante-septième président des Etats-Unis d'Amérique. Le monde est anxieux. Le spectacle de cirque annoncé par la parade en ville sera-t-il aussi révolutionnaire qu'il le prétendait ? Même l'ambassadeur d'Allemagne à Washington a jugé utile de donner son analyse à la chancellerie de Berlin (clic).
En fait, l'Agent orange est un pur produit de la téléréalité, dévoré par son propre ego et cramponné à l'Audimat, tant tellement qu'il est difficile de prévoir ce qu'il fera demain mardi, face aux contraintes de tous ordres qu'il devra affronter. Une seule chose est sûre : sa campagne électorale est terminée ! Ses outrances, sans doute pas !
Si l'on prend la peine de lire les chiffres du résultat électoral, on voit que Donald Trump n'a finalement pas augmenté son score de 2017. C'est le soutien à son opposant démocrate qui a plié le genou. Et pourquoi ?

Outre le désamour des masses laborieuses pour les caciques woke du parti de l'âne, le maintien d'un candidat gâteux jusqu'à preuve évidente de son inaptitude à régner a joué contre le staff démocrate, et la candidature tardive de la vice-présidente Harris en cinquième roue du carrosse a mis au jour son absence de programme, son agitation d'estrade ne visant que le comportement ridicule de son adversaire. Mais ça, on le savait déjà ! Alors pourquoi la démocratie américaine a-t-elle versé comme un seul homme dans le fossé du populisme ?

On a oublié les scores du Tea Party de Sarah Palin. Son slogan que je traduis ici, était significatif de l'état d'esprit de l'Amérique profonde : « Ne recule pas, recharge ! » Ne recule pas devant la doxa imposée par les universités et la presse nationale, la discrimination positive des nègres, la promotion des transgenres et de l'homosexualité, l'acceptation des avancées sociétales sous peine d'ostracisation, la guerre ouverte au patriarcat blanc, le gommage des témoins historiques comme le drapeau confédéré, le déboulonnage des statues qui ne plaisent plus aux magistrats de la culture imposée et in fine le désarmement des particuliers jugé anti-constitutionnel. Et ça eut de l'écho, tout autant que l'insécurité galopante que l'on porte au débit du laxisme démocrate !

Le "lauréat" Trump tiendra-t-il ses promesses viriles frappées au coin binaire de la simplicité ? On verra. Mais oubliez déjà la paix en trois jours, les wagons plombés de la déportation vers le Mexique et l'annexion du Canada.

12 janvier 2025

Tournez manège !

Miss France 2025 a été confrontée à la bien-pensance au détour d'un entretien qu'elle accordait à Sud Radio au journaliste gras du bide Ganzmann. A brûle-pourpoint il lui demande si elle est "Charlie" ? Elle botte en touche la question en poupées russes, suivant en celà les consignes de la société Miss-France qui conseille de ne pas entrer dans l'actualité. Ça déplaît beaucoup dans le landerneau médiatique qui marche comme un seul homme entre les lices de l'Audimat. Bien sûr qu'il faut être Charlie, transgenre, végan, pro-choix et contre le mâle blanc patriarcal quand on n'a pas assez de neurones pour réfléchir par soi-même.
Si les lois de la République ne condamnent pas le blasphème en soi, elles n'y incitent pas non plus !
Mais il y a plus intéressant et sur le blasphème, on peut relire cet article de RA (clic).

Le fils Trump est allé mettre le bins à Nuuk. Il s'est fait prendre en photo avec des clodos qui attendaient la soupe populaire pour signifier au monde ébloui que les Groenlandais réclamaient leur rattachement aux Etats-Unis d'Amérique. Comme les Canadiens bientôt et les Panaméens ! Blague à part, c'est relativement facile pour le gang Trump & Musk de s'acheter le Groenland. Il y a 57000 habitants du berceau à la tombe, multiplié par cent mille dollars au soleil, ça ne fait que cinq milliards sept-cents millions de dollars américains à débourser pour faire voter à 100% oui au référendum de rattachement qu'exigeront les mecs qui pèlent de froid. Sûr que Zig et Puce enfoncent Poutine dans sa psyché barbare de démolisseur !

L'autre truc n'a rien à voir non plus. Le deuxième cyclone arrive sur l'archipel de Mayotte. La théorie des ministres déterminés a depuis longtemps quitté l'île ravagée en proposant une loi spéciale et en garantissant que les bidonvilles ne seraient pas tolérés. Il a manqué un entartage ! Les bidonvilles sont déjà reconstruits. C'est dans la nature même d'un bidonville que sa génération spontanée en une nuit et deux jours, quand tu n'as nulle part où aller dormir.

Le dernier truc, c'est la cagade Doualemn. Le technicien de surface de Montpellier, Boualem Naman, expulsé de France vers Alger sans autre motif sérieux qu'une vindicte à l'endroit d'opposants algériens, a été renvoyé par l'Algérie qui n'accueille pas ses propres déchets. Depuis 50 ans, elle les recycle en France en favorisant les visas. Justice et Intérieur sont aux cent coups comme le Quai d'Orsay, mais que reproche-t-on au fond aux autorités algériennes ? N'importe quoi qui fasse le buzz au bénéfice des trois pitres du cabinet Bayrou qui ne passent pas un jour sans parler à une caméra. Tiens, tiens, la Turquie exige que la France récupère ses dijhadistes de l'Etat islamique en cage dans des camps de Syrie. La France refuse à des motifs filandreux qui voilent mal la sainte trouille présidant le Conseil du mercredi à l'Elysée. Que reproche-t-on à l'Algérie déjà ? Euh... non, c'était juste une pique.

Rien d'autre ? Si ! les Mexicains ont envoyé des pompiers en Californie : rien que pour faire ch... Donald Trump !

On ne se quittera pas sans parler des héros. Car nous avons des héros, de vrais héros. Guirec Soudée plonge au large du Cap Horn pour dérouler son génois de 200m² qui s'est pris dans la quille de Freelance.com sur rupture de drisse. Je ne sais si vous voyez ce que représente la manœuvre en solitaire sur un bateau de 18 mètres à la dérive, avec le risque de le voir partir doucement en vous laissant là. Impensable de plonger avec une ligne de vie qui pourrait se bloquer sous la coque et vous noierait à coup sûr. Louis Burton déchire son bordé et le pont arrière sur un coup de vent plus traitre que les autres. Il répare en suturant littéralement les fissures. Il va rentrer comme ça. Violette Dorange récupère sa trinquette dont le hook a cassé sous 40 nœuds de vent en rafales. Elle navigue sous grand voile. Il y a des exploits chaque jour. Bref, tous se dépassent et ils sont le plus souvent Français. L'Assemblée nationale devrait les inviter à la fin de cette grande course, au moins pour mesurer l'écart entre les marins et les hommes, et avoir honte un peu ! Le Vendée Globe c'est par ici (clic).

ALSP !

07 janvier 2025

Un menhir est tombé

Jean-Marie Le Pen est mort. A Garches. Aujourd'hui. Il sera enterré à la Trinité-sur-Mer dans le caveau familial. La famille n'a pas encore communiqué l'heure et le jour des obsèques. L'Elysée s'est fendu d'un communiqué louangeur. Toute la journée, les chaînes d'information en continu ont fait leurs choux gras des nécros qu'elles avaient préparées, le sachant au plus mal. Plus personne ne peut méconnaître ce soir la vie et l'influence du défunt, et les manifestations spontanées de joies de la part des antifachistes en peau de lapin signent le destin hors du commun de ce tribun redouté. A la mort de Jean-Luc Mélenchon, les rues resteront vides.

Il faut avoir vécu dans la mouvance de l'Algérie française de l'époque pour comprendre le fond d'écran du personnage, car s'en est un dès le début. Président de la Corpo de droit d'Assas qui battait l'estrade avec des mots qui touchent et des mains qui frappent, il mesura sa force d'entraînement et se vit un destin politique. Sans doute pas national au début mais l'appétit vient en mangeant. Après les séquences "parachutiste" et "parlementaire" qui le forment et le déforment au contact ou par l'exemple de soldats de la droite dure, celle de Salan, de Chateau-Jobert, d'Argoud, de Saint-Marc, de Sergent, ceux qui posaient les burnes sur la table, on ne peut les citer tous. Si je puis me permettre en aparté, les obsessions anti-communistes des chefs de l'OAS se sont incarnées dans les forfaitures répétées des pouvoirs algériens successifs jusqu'à transformer leur gouvernement d'éternels mendiants en ennemi juré de la France. On ne va pas refaire l'histoire sur un coin de guéridon mais eut-elle survécu, l'Algérie encore française ne serait pas aujourd'hui ce radeau de la Méduse !

Excellent tribun, débatteur rapide, intelligent, Jean-Marie Le Pen n'a eu aucun mal à créer un parti que lui offraient à 44 ans des figures d'extrême droite vaincues par le gaullisme fossoyeur de l'Empire. Il restera tout au long de sa carrière le président de la corpo d'Assas, très à l'aise sur l'estrade, n'ayant finalement que peu d'appétences pour le cambouis du vrai pouvoir. Il torpillera toute dérive accommodante lui promettant de s'ancrer politiquement sur un territoire à partir duquel il dirigerait une reconquista.
C'est la raison du départ de Bruno Mégret (X-Ponts) qui avait compris que le refus à l'obstacle était irrémédiable. On sait la suite, Marie-Caroline, Marine, Marion Maréchal. La rampe de lancement a fonctionné en sortant du cénacle des anciens combattants, ce qui signale aux thésards que le terreau était fertile. Jordan Bardella est l'exemple-type. Treize millions de voix au second tour de la présidentielle de 2022.

Que restera-t-il de Jean-Marie Le Pen ? Sa prescience !

A lundi prochain.

05 janvier 2025

Premier ronchonnement

J'aurais aimé que le premier article de Steppique Hebdo pour l'an neuf soit teinté d'enthousiasme et que les auspices soient favorables à mon pays. Mais les corneilles de la falaise tournent toujours au-dessus du nid de pies de mon jardin, hostilité instinctive que rien n'atténuera jamais. Le monde est un chaos, par la faute des empires revenus qui cherchent une revanche à deux siècles de progrès occidental. Ça leur est insupportable. Toute entrave au fonctionnement d'une mondialisation raisonnable est positive dans la trajectoire d'un impossible destin impérial. Nous tuer est un suicide pour eux. L'intelligence, la créativité, le goût d'apprendre, la tentation de s'enrichir par sa propre valeur ajoutée, la liberté intrinsèque à l'espèce humaine sont étrangers au paradigme totalitaire qui encaserne les idées et jusqu'aux émotions. Plutôt que de parler de la Russie moribonde et de la Chine imprudente dans son hubris hégémonique, le parallèle est à faire aujourd'hui entre deux puissances moyennes régionales que nous, Français, connaissons bien. Le Maroc et l'Algérie.

Le lien a été donné par l'actualité malheureuse de l'arrestation de l'écrivain Boualem Sansal en Algérie. Que lui reproche le pouvoir algérien ? De propager l'idée que les terres d'Oranie étaient historiquement marocaines ; et que c'est le colonisateur français qui en a détaché de grands lambeaux au bénéfice du département français contigu au royaume chérifien. C'est un fait avéré. La question de la frontière devait être débattue entres "frères" après le retrait français. Il n'en fut jamais plus question du côté d'Alger et la frontière fut périodiquement fermée à chaque crise d'urticaire algérienne. Mais les pays sont toujours là, qui se comparent.

D'un côté, une junte civile issue des cadres de l'armée de libération de l'extérieur qui a capté tous les leviers de pouvoir, la rente pétrolière et les quotas d'importation, une famille par chapitre de la nomenclature douanière. Ce pouvoir légitimé par des fabrications historiques est complètement gelé. Soixante-deux ans après l'indépendance complète, les autorités algériennes continuent à faire porter le chapeau de leur légendaire incurie et de leurs nombreux dysfonctionnements à l'ancienne puissance coloniale, bien que celle-ci ait par tous les moyens essayé de favoriser ses anciens départements d'Afrique du nord. En 1960, le challenge économique du Plan pour l'Algérie était d'entrer en concurrence avec l'Espagne de Franco ; d'où le plan de Constantine etc.
De l'autre, vers l'océan, une monarchie gouvernée au bon sens qui ne s'en laisse pas compter mais qui d'abord agit plus qu'elle ne parle.

Mohammed VI n'est pas Louis XV mais il a appris de son père à laisser gouverner le Makhzen à la manière des intendants de l'ancienne France. Pour les primo-accédants au blog Steppique Hebdo, c'est l'organisation administrative installée par les Saâdiens au XVIe siècle. Ils établirent partout des «makhzen», des magasins de stockage de céréales pour assurer le ravitaillement des populations en période de sécheresse ou de disette. Le terme devint par dérivation synonyme de « pouvoir central » organisé et répondant aux besoins des populations non seulement alimentaires, mais aussi aux impératifs de sécurité, d'ordre et de quiétude. Le mot « makhzen » est inscrit dans la mémoire collective marocaine. Il est souvent utilisé, spontanément, pour évoquer les notions d'Etat, d'administration et en général l'action publique, dans toutes ses déclinaisons. De la sécurité des personnes et des biens jusqu'à la protection des frontières du pays en passant par l'application des lois et règlements. C'est l'exercice de l'autorité par le gouvernement central, ainsi que les missions de l'ensemble de l'administration, autant décentralisée que déconcentrée. (©journal Le360 2022).

Le roi et ses ministres desserrent progressivement l'étau islamique, encouragent l'investissement par une stabilité politique réelle et développent le pays sur capitaux étrangers et nationaux. Les projets actés sont nombreux qui font pâlir le voisin bloqué dans ses obsessions post-coloniales. Des entreprises françaises y prospèrent déjà comme Renault à Tanger-Med, Engie à Dakhla (ex-Sahara occidental), et la dernière visite du président Macron au roi a rapporté dix milliards d'euros de projets dont le TGV Tanger-Marrakech et peut-être une ligne haute tension de 1400 km de Casablanca à Dakhla.

Le Sahara espagnol est bien mieux logé dans le royaume chérifien que dans la République hystérique d'Algérie (les Sahraouis réfugiés à Tindouf sont les dindons de la farce démocratique). L'ONU, et de Berlin à Washington, tous les pays qui comptent et qui comptent en conviennent.
Même si tout n'est pas rose, les partenaires du Maroc ont bon espoir que le royaume s'en sorte et implémente son ambition de pôle économique dominant l'ancienne AOF, alors qu'il y a peu d'espoirs pour l'Algérie. Pendue à la monoculture pétrolière, fermée aux influences étrangères et séquestrée par les imams, elle ne se développe pas dans les autres compartiments économiques et n'exporte quasiment rien sauf des bras. On voit bien que son influence est nulle en zone sahélo-saharienne dont elle a le plus grand territoire, Alger se limitant à surveiller la tache d'huile de la peste islamiste sur ses confins pétroliers.

Face à face, deux nations jadis imbriquées, l'une aujourd'hui bénéficie d'un Etat proactif qui a son projet national d'enrichissement général par la libération des initiatives et la sûreté des investissements ; l'autre est confinée dans les remugles d'une revanche périmée qui n'intéresse qu'elle, et dont la jeunesse n'a pour unique slogan que celui de "partir".

Entretemps, nous avons quitté le Sahel, en bon ordre, sous la pression transmise aux juntes militaires par les services russes opérant à la vue et à la barbe du renseignement français. Ce n'est pas glorieux mais au moins nous n'avons pas eu à tirer sur une foule chauffée à blanc qui aurait menacé nos soldats. Qui le déplore ? Quelques nostalgiques du temps béni des colonies (béni à raison quand on voit les temps actuels).
Le Sahel entre dans la nuit de l'histoire et ce n'est pas la faute de ses peuples mais bien celle des ses dirigeants avides de richesses facilement captables. Jusqu'ici, le monde s'intéressait au Sahel parce que la France intéressait le monde au Sahel. Elle avait même convoqué d'autres pays à l'aider dans la pacification de cet immense territoire et ils étaient venus en confiance dans le cadre plus général du nécessaire développement d'un quart-monde accueillant. La Russie qui ne prospère que sur le chaos chez autrui, a détruit le projet en utilisant l'outil corruptif le plus classique et les communications populaires modernes pour le bourrage de crâne. Qu'elle nous montre désormais ce qu'elle sait faire.

Avec la rupture des relations entre la France et les juntes, les lumières du Sahel se sont éteintes sur la mappemonde. Il peut leur arriver désormais n'importe quoi, il n'y aura pas de réactions de l'opinion internationale, sauf celles de doctorants spécialisés, mais les gens s'en désintéressent déjà. Le Sahel a basculé dans le camp de l'indifférence dans lequel souffrent les provinces orientales du Congo belge ou les Karen de Birmanie. La seule conséquence de cette extinction médiatique sera une hausse de la pression migratoire, car la vie pas facile déjà va y devenir trop dure et dangereuse pour les braves gens. Leur viendrait-il à l'idée de partir en Russie via le nouveau quai russe de Tobrouk ? Même pas !

ALSP !

01 janvier 2025

Meilleure année !

Meilleure année aux gens de bien et paix sur la terre à ceux qui les servent.

S'ouvre sous nos pieds le mois de tous les dangers. La guerre d'Ukraine va-t-elle enfin cesser dans les lices du droit international, sinon la raison du plus fort va-t-elle l'emporter une fois encore ? Tout le monde sans exclusive attend Donald Trump sur la question russe mais les supputations diverses et contradictoires ne dévoilent pas avec quels gants il tirera les marrons du feu. Le plus probable est qu'il posera à Poutine des conditions que celui-ci refusera - Lavrov a déjà dit non à tout - auquel cas, vexé comme un pou, le condottiere au chien de prairie mort sur la tête redoublera les fournitures létales à Kiev pour bien emmerder le Kremlin et il serrera la vis des sanctions pour définitivement ruiner la Russie qui n'aura d'autre porte de sortie que la sollicitation d'un siège permanent à l'organisation de l'Union Africaine et l'abonnement au Programme alimentaire mondial.

Mais il est aussi des opportunités moins graves de couler ce qui nous reste de gloire, par la destitution du cabinet Bayrou dans quinze jours et celle pouvant s'en suivre du président Macron. Son allocution de bonne année était vide de sens sinon à contre sens, les deux acquis dont il se réclame ayant ce matin disparu. Le chômage remonte vite et la réindustrialisation sitôt lancée affronte les lois américaines d'investissements qui la brident. Les plans sociaux s'accumulent. Au prochain désordre de notre gouvernance, les agences qui nous surveillent comme le lait sur le feu, sonneront l'alarme et la prise en pension des bons du Trésor français fera la culbute avant notre éjection de la zone euro. Tout malheur sera dès lors possible. Bonne année !

À douze heures de vol d'ici (en passant par la route arctique) l'empereur de Chine nous a prévenu que nul ne pouvait plus s'opposer à la réunification de la RPC et de la ROC. L'escadre chinoise a dépassé en tonnage la VIIè Flotte américaine. L'intention de faire masse pour décourager toute interdiction étrangère dans le détroit de Formose est explicite. Il ne reste à l'amirauté chinoise qu'à former ses unités au combat d'escadre - ce qui va prendre du temps pour atteindre les capitaines de vaisseaux - et le Parti communiste sera prêt à conquérir l'île de Taïwan. Pour en faire quoi ? Pour en faire le balcon chinois sur l'Océan pacifique dont la Chine est barrée par le chapelet stratégique des îles nippones. Mais ce n'est pas pour l'année 2025.

2024 a mis en évidence nos outremers. Pour de mauvaises raisons ! Après la mise en tension des tribus de la Nouvelle Calédonie par l'Azerbaïdjan (et d'autres sans doute) la grande terre est ruinée et convoque pour sa reconstruction économique des milliards que nous n'avons pas.

Aux Antilles, le refus d'imbrication des îles françaises dans l'économie de la sous-région a fini par renchérir le prix des denrées et des carburants dans des proportions hors d'atteinte des gens du commun. Au lieu de libérer l'économie des Antilles françaises du joug franco-européen, l'Etat a organisé une répression légitime des désordres sans changer le paradigme en défaut. Donc ça repartira en vrille incessamment sous peu.

La catastrophe naturelle subie par l'île de Mayotte dans le canal de Mozambique nous a montré sans qu'il soit besoin d'enquêter plus avant, que la métropole et son relais sur zone, la Réunion, sont incapables de secourir nos "compatriotes". La bordélisation assumée de l'île empêchant tout secours dans l'urgence n'est pas affrontée sérieusement, pas plus que la mise à jour de la logistique aérienne et navale. La piste est trop courte pour les gros porteurs engagés ; les quais de Longoni freinent le déchargement des grandes unités. A l'évidence, seule une coopération étroite avec la république voisine des Comores permettrait de résoudre les difficultés insurmontables dans un développement conjoint du grand archipel bridant l'émigration, mais nous sommes sans un et surtout sans idée.

L'heure est venu, mais pour qui, de repenser complètement nos outremers, et ce, pour leur propre bien, pour leur propre avenir. La vieille maman métropole n'assure plus ! Et ne parlons même pas de défendre les possessions françaises de l'Océan pacifique !

L'année 2025 nous promet déjà de forts désagréments et la seule parade est sans doute de resserrer les liens familiaux et de voisinage afin de pouvoir faire le dos rond en attendant le Vercingétorix nouveau.

Meilleure année possible à tous les lecteurs de ce blogue, aux yuppies qui s'en fichent, aux vieux rois décatis, aux jeunes reines qui les trompent, aux princes nus et aux manants sous le faix, et à l'immense cohorte des assidus de leurs propres obsessions, nous sommes heureusement mortels. Tout finit toujours par s'arranger, même mal !
Bonne année 2025 !


À lundi !