Jean-Marie Le Pen est mort. A Garches. Aujourd'hui. Il sera enterré à la Trinité-sur-Mer dans le caveau familial. La famille n'a pas encore communiqué l'heure et le jour des obsèques. L'Elysée s'est fendu d'un communiqué louangeur. Toute la journée, les chaînes d'information en continu ont fait leurs choux gras des nécros qu'elles avaient préparées, le sachant au plus mal. Plus personne ne peut méconnaître ce soir la vie et l'influence du défunt, et les manifestations spontanées de joies de la part des antifachistes en peau de lapin signent le destin hors du commun de ce tribun redouté. A la mort de Jean-Luc Mélenchon, les rues resteront vides.
Il faut avoir vécu dans la mouvance de l'Algérie française de l'époque pour comprendre le fond d'écran du personnage, car s'en est un dès le début. Président de la Corpo de droit d'Assas qui battait l'estrade avec des mots qui touchent et des mains qui frappent, il mesura sa force d'entraînement et se vit un destin politique. Sans doute pas national au début mais l'appétit vient en mangeant. Après les séquences "parachutiste" et "parlementaire" qui le forment et le déforment au contact ou par l'exemple de soldats de la droite dure, celle de Salan, de Chateau-Jobert, d'Argoud, de Saint-Marc, de Sergent, ceux qui posaient les burnes sur la table, on ne peut les citer tous. Si je puis me permettre en aparté, les obsessions anti-communistes des chefs de l'OAS se sont incarnées dans les forfaitures répétées des pouvoirs algériens successifs jusqu'à transformer leur gouvernement d'éternels mendiants en ennemi juré de la France. On ne va pas refaire l'histoire sur un coin de guéridon mais eut-elle survécu, l'Algérie encore française ne serait pas aujourd'hui ce radeau de la Méduse !
Excellent tribun, débatteur rapide, intelligent, Jean-Marie Le Pen n'a eu aucun mal à créer un parti que lui offraient à 44 ans des figures d'extrême droite vaincues par le gaullisme fossoyeur de l'Empire. Il restera tout au long de sa carrière le président de la corpo d'Assas, très à l'aise sur l'estrade, n'ayant finalement que peu d'appétences pour le cambouis du vrai pouvoir. Il torpillera toute dérive accommodante lui promettant de s'ancrer politiquement sur un territoire à partir duquel il dirigerait une reconquista.
C'est la raison du départ de Bruno Mégret (X-Ponts) qui avait compris que le refus à l'obstacle était irrémédiable. On sait la suite, Marie-Caroline, Marine, Marion Maréchal. La rampe de lancement a fonctionné en sortant du cénacle des anciens combattants, ce qui signale aux thésards que le terreau était fertile. Jordan Bardella est l'exemple-type. Treize millions de voix au second tour de la présidentielle de 2022.
Que restera-t-il de Jean-Marie Le Pen ? Sa prescience !
A lundi prochain.
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