En faisant la queue à la boulangerie, une ravissante cliente voyant mon âge canonique m'a proposé de la sauter dans la file, ce que j'ai refusé au motif que j'étais moins pressé qu'elle, et que si le contraire avait été, je me serais permis de lui en faire la demande en tout bien tout honneur, ce qui la fit sourire. Et la conversation s'engagea sur le désordre ambiant, l'insurrection rampante des catégories protégées de la solidarité nationale, le foutoir lui dis-je, la chienlit ? me répondit-elle. Pourquoi ? Parce que les chaînes d'information nous gavent avec les palinodies politiques entourant la recherche du gouvernement perdu, M. Lecornu tenant le manche pour quelques jours encore. Les rédactions dramatisent au maximum le moindre écart de langage, le plus petit étonnement, le combat des insectes : il faut outrer ou attendrir le citoyen connecté, afin que grimpe l'audience qui rémunèrera l'effort en pub ! Patrick Le Lay avait tout dit, nous n'y reviendrons pas.
- Et pour mademoiselle ce sera ?
- Oh pardon. Deux baguette-graines !
- Deux quatre-vingt !
- Bonne soirée.
Elle s'enfuit aussitôt étant en double file, mais un coupé SLK de fille ça ne se verbalise pas.
Damned !!! j'allais juste l'inviter aux soirées philosophiques de la Crypte chez Charlotte Casiraghi !
Mais pour lui dire quoi qu'elle ne sache déjà ? L'antiparlementarisme a fait un grand bond en avant dans l'opinion au spectacle de la chambre impossible. On finira bien par se poser la question de la pertinence de cette représentation au gouvernement des hommes. C'est quoi ce vacarme ? On sait de longtemps que l'administration de base de ce pays repose sur les deux piliers de la préfectorale d'une part, des trésoriers-payeurs généraux de l'autre. Le reste est décoration, clientélisme et démagogie. Conservant les piliers précités qui ont fait leur preuves et assurent l'essentiel, on est autorisé à questionner le couvercle parlementaire de nos institutions sans attendre le 6 février 2026.
Que faire de tous ces bavards si on ne peut les brancher aux réverbères des Champs-Elysées ? Rien ! Ils ne savent rien faire ! S'ils en sont rendus à faire député c'est qu'ils n'ont marqué aucun essai dans la vraie vie, bien qu'ils soient bouffés par une ambition disproportionnée aux capacités requises. Quand on pense qu'ils obtiennent la pension de retraite de leur inutilité ! A se les mordre !
Revenir toujours aux fondamentaux, à nos philosophes de l'antiquité qui argumentaient dans le tumulte d'une concurrence féroce entre leurs écoles de pensée (payantes). Il fallait convaincre l'auditoire par le verbe, à l'instant, emporter le consensus de haute lutte et, seulement à l'aboutissement de la dispute philosophique, coucher la chose prouvée sur le parchemin pour une transmission future jusqu'à Alexandrie. Que nous disent-ils ces parchemins ? Que philosopher c'est rompre avec la vie quotidienne et engager l'esprit dans les arcanes de la Sagesse, de la Raison Universelle. Se placer en surplomb des contingences pour appréhender la morale de l'espèce et la mécanique de sa physique sociale. Comprendre pour décider. Proclamer la décision.
C'est bien cette dictature de la raison qui nous fait le plus défaut aujourd'hui, même si des intelligences supérieures appréhendent toutes les complications de l'horlogerie humaine. Mais sans action, sans exécution, ce capital intellectuel se perd comme l'oued au désert.
Notre nation est écrasée d'évidences qui la menacent jusqu'à lui promettre la ruine, mais qui donc prendra la Logique à bras le corps pour nous sauver de ce pronostic ? Personne dans la classe politique ! Regardez le niveau des interventions. C'est à pleurer ! D'aucun y penserait-il par surprise qu'il en ferait un livre à visée édifiante, mais pas un programme. La Raison est invendable sur les bancs des assemblées. La preuve nous en est fournie à chaque retransmission des débats parlementaires.
Les réactions politiques après l'annonce du nouveau gouvernement chargé de naviguer entre tous les périls sont affligeantes et irresponsables. Ecoutez-les pour bien comprendre que le député a le nez sur sa circonscription nourricière et sur les municipales où se testeront les combinaisons politiciennes. L'avenir du pays est un élément de langage parmi bien d'autres. La gamelle prime. Nous n'avons pas besoin de ces gens. Il n'existe pas de vrai programme de redressement du pays parce qu'il n'existe personne dans le champ politique disposant de l'autorité naturelle que procure la Sagesse. Sous des airs parfois avantageux et déterminants pour l'élection, ils sont finalement terriblement cons nos représentants, et le défi du premier ministre à leur laisser le dernier mot sans appliquer le 49.3 en matière budgétaire, vise à leur plonger le nez dans leur merde.
Au lieu de ce Barnum qui nous coûte une fortune et sans doute plus avec les indirectes, il nous manque le Sage de la montagne qui édicterait la loi juste et serait obéi sans reproches ni murmures (comme disait le maréchal Soult) parce qu'il maitriserait toute la science de son art. Cela s'appelle une monarchie éclairée.
ALSP !
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