30 mars 2025

Le désenchantement

Nul n'a cru longtemps et plus d'une minute que l'équilibre de la terreur puisse durer jusqu'à la fin du monde. Mais les choses en l'état faisant mine de se perpétuer, chacun repoussait à demain la méditation nécessaire à prévoir l'évolution des masses et moments. De grands esprits pétris d'érudition compilaient l'histoire des empires pour prolonger dans le futur les tendances démographiques et économiques confiées au développement continu des richesses produites, sans avoir jamais prédit la rencontre de deux conneries majuscules, l'une émanée des décombres d'un empire fondé sur l'asservissement total des âmes, l'autre, sur la liberté imposée. Les tendances de temps long qui font les thèses de doctorat ont une fois de plus plié devant l'irruption de deux personnalités anormales (atopos) qui se sont forgées une puissance personnelle sur l'exacerbation des mauvais penchants de l'homme au premier rang desquels on reconnaît l'orgueil.

Ici un chimpanzé jaune affublé d'une casquette rouge a pris de force le volant du bus et brûle avec application tous les feux rouges en faisant des selfies ; là, un nain asiate maléfique arraché au ruisseau par la destruction de son écosystème, jouit de la mort d'autrui tant que sa page d'histoire avance. Le choc des Bêtises est porteur de calamités titanesques mais ce qui me désole est bien plus petit, à notre portée : les partis idéologisés prennent fait et cause chez nous pour l'un ou l'autre de ces deux cons ! Des écoles de pensée réputées comme la vieille Action française roulent pour Vladimir Poutine parce que ses buts proclamés résonnent dans la boîte à musique maurrassienne sur la fréquence nationaliste et accessoirement, parce qu'il veut détruire l'organisation de l'Union européenne, bouc émissaire commode des extrêmes en mal d'analyse. C'est une manière de promouvoir le droit du plus fort dans le sillon bismarckien qui stipule que la force prime le droit, très loin de l'esprit français classique qui reste la règle chez eux ou le devrait. Très loin de la philosophie antique si chère au Martégal, on y bégaie la régurgitation du modèle échoué d'une monarchie aléatoire, confisquée maintenant par la ruse, au lieu de proclamer les principes helléniques de vérité éclairés par la raison. On se vautre dans le virilisme des montreurs d'ours en patrouillant des cartes anciennes depuis longtemps périmées. Dans la fermentation d'idées courtes, on en vient à applaudir le singe qui conduit.

Plus grave, parce que finalement, d'un bord comme de l'autre, ces partis bloqués sur le rêve enchanté d'un passé souvent glorieux mais bien inutile à l'époque quantique, nous constatons que deux méga-scélérats sont parvenus au pouvoir au travers des processus d'essence démocratique, même fortement viciés. Cette voie d'accès empruntée par des tyrans en devenir devrait ouvrir la discussion sur le régime politique commun et ses bugs, d'autant qu'on a déjà vu le phénomène se produire dans le passé, avec des millions de morts à la clé. On en viendra finalement un jour à retirer la gouvernance de l'essence-même des nations à la Loi du Nombre, dès qu'on aura inventé la règle substitutive. Du moins souhaitons-le ! Mais revenons-en à l'Alliance.

Fondée en 1949 pour faire pièce aux menaces explicites de l'Union soviétique, elle arrimait les Etats-Unis à l'Europe occidentale pour sa défense et figeait la température de la guerre froide née du blocus de Berlin (1948). Contrairement à une idée reçue, l'Alliance atlantique ne fut pas une création hégémonique de Washington mais une manœuvre diplomatique européenne réintégrant la puissance nucléaire américaine sur le continent pour balancer le test réussi de la première bombe atomique soviétique. L'Europe s'inféodait d'elle-même à l'Empire ne pouvant à la fois se reconstruire et se défendre, tout en restant indécise quant à la place laissée à la nouvelle Allemagne bientôt dénazifiée. L'effondrement subit de la Russie soviétique et du Pacte de Varsovie quarante ans plus tard aurait dû redéfinir le paradigme sécuritaire de l'Europe de l'Ouest, au lieu de quoi, par paresse et confort des habitudes, les missions de l'Alliance furent simplement redéfinies et ses effectifs nationaux débandés mais pas son administration. Celle-ci avait besoin de vivre, elle se trouva des OPEX (Yougoslavie, Afghanistan) et considère aujourd'hui sa possible implication sur le théâtre indo-pacifique, bien loin de l'Atlantique nord.
Avec la réduction drastique des moyens engagés sur un front très hypothétique, les pays européens ont pu récupérer des crédits de développement et de sécurité sociale laissant une charge indue aux Etats-Unis qui compensaient leur implication budgétaire par la prise de commandes dans le domaine des armements. Obama nous en avait prévenus - c'est la Chine mon souci - Trump le fait : Demerden Sie sich ! On sait depuis une bonne dizaine d'années que la prise en charge raisonnable de l'effort de défense européenne exige non pas un budget à hauteur de 2% PIB mais de cinq ! Ce qui fatalement va rendre leur liberté de mouvement aux millions de bras cassés vivant chez nous d'allocations, qui sont aussi des électeurs. On en revient vite aux effets délétères de la Loi du Nombre privilégiant l'immédiat à la perpétuation de l'espèce. Ce blog n'est pas rémunéré pour donner des solutions à tout, mais elles existent sans être politiquement correctes. Vous les devinez déjà.

ALSP !

23 mars 2025

Voyage, voyages !

Plus loin que la nuit et le jour. Deux enterrements la semaine passée, distractions qui participent du triste privilège de l'âge. Les affligés d'un côté, les compassés de l'autre ; un prêtre perdu dans sa routine et peut-être dans sa foi, qui brandit l'espérance et la résurrection des corps sans expliquer comment. A quoi bon, ils n'écoutent pas. Certains regardent leur montre.
Nelly avait été d'une très grande beauté et même au soir de sa vie, on reconnaissait aujourd'hui encore sa beauté de jadis à ses yeux toujours magnifiques, au velours de son regard. Son fils avait placé un grand portrait d'elle à côté de la bière, effet waouh garanti. Elle a passé les gènes à ses petites filles qui sont aujourd'hui de très belles femmes, mariées à des travailleurs comme l'était leur grand-père que j'ai bien connu. Nelly faisait partie de ces femmes qui pouvaient tout avoir mais qui préféraient la sûreté d'un mari travailleur et amoureux. J'ai deux cousines par alliance très jolies au nouveau monde et même mieux que jolies, qui sont exactement dans ce paradigme de l'adoration provoquée par leur beauté associée à la sécurité du labeur.

Le prêtre lit maintenant l'évangile des Adieux selon saint Jean (#13.31 et s.) mais l'assistance éplorée n'écoute pas, ne comprend pas, parce que le texte d'origine est difficile et qu'on ne lui a pas expliqué la métaphysique de la séquence disruptive qui se produit en ce moment entre l'âme et le corps. Quand aboutira la réunification promise par les Ecritures ?
Qu'elle ait été mise au jour par les Bons Hommes de l'Hérésie n'en diminue pas la force : les deux éléments constitutifs de l'homme, l'âme et le corps se fracturent dans la mort. L'âme guidée par l'Esprit qui lui reste extérieur, anime le corps, amphore de son humanité. L'Esprit diffuse la morale du bien essentiel. De l'Esprit émane la vraie Vérité. Le Mal principiel qui a choisi de résider dans l'amphore, Satan, n'a de cesse de couper la transmission entre l'âme et l'Esprit afin d'agrandir sa population contre Dieu, et nous savons combien souvent il y réussit. Quitter le corps pourrissable en attendant se recréation en corps astral au jour de la résurrection est le projet de l'âme ayant conservé le paramétrage de la future transfiguration. Si elle a vaincu le Mal, elle croise dès ce jour sur la route de rencontre avec l'Esprit qui l'attend dans un des ciels d'Isaïe.
Quand vous avez compris l'articulation, vous "participez" à la messe des morts parce que vous disposez in pectore d'une construction rationnelle à laquelle vous pouvez raccrocher une perspective dans ces moments intenses. A défaut, vous vous y ennuyez.
Accessoirement, vous comprenez que les propositions infantiles de l'Eglise romaine, aggravées d'un déficit d'exégèse publique des évangiles, aient été laminées par la doxa cathare qui emportait toute la pratique religieuse sur son aire de chalandise. C'est bien ce qui a motivé la réponse féroce du pape Innocent III.

Le second enterrement fut initié par une erreur hospitalière qui déclencha une septicémie foudroyante. Elle n'avait que soixante-dix-sept ans et venait de résilier son abonnement à Tintin à l'issue d'une longue chimiothérapie. La famille est apparue écrasée de chagrin, littéralement, surtout les jeunes qui ne pouvaient contenir leurs larmes. La section compassée de l'assistance fut touchée elle-aussi par tant de tristesse et il y eut beaucoup de fleurs et de serrement de mains. Je suis à côté du maire. Habitant la commune, il y vient ! Sophie, qui lui avait fait l'école, avait ce charme slave indéfinissable qu'elle a passé à ses filles. Très décidée, réactive et contestataire, le regard pétillant et le cœur sur la main, sa mort soudaine a frappé la ville de sidération. Dans une grande dignité la famille n'assigne pas. Elle est au-dessus de ces contingences procédurières qui ne ramènent personne à la vie et détournent l'attention de la méditation nécessaire dans l'épreuve d'une faute grave de la société. Croyante fervente, on n'a pu que lui souhaiter bon voyage et... à bientôt. Nous, nous restons là, à contempler l'apocalypse de la Bête, en se demandant si tout cela va sérieusement mal finir.

L'empire de la Brute est revenu par ce monde, les lois entre les nations sont bafouées, piétinées, ridiculisées, qui amoncellent les morts comme du bois pour rien. Soudan, Ukraine, Congo, Palestine sont ravagés par l'hydre à sept têtes qui a pris le dessus partout où a plié la résistance de la raison. Le pouvoir suprême rend fou ceux qui n'y ont pas été préparés, et surtout les incultes qui n'ont jamais croisés dans leur éducation les principes du juste gouvernement des hommes. Tirés au sort de l'élection, ils s'abandonnent à l'ivresse de leur puissance toute nouvelle aux dépens des gens qu'ils ont pris en charge et les font tuer par milliers pour assouvir un délire d'hégémonie, voire un destin personnel carrément christique acheté sur étagère. Le syndrome d'hubris est compris dans le package, c'est une vraie maladie, pas une simple tentation. Où vont Poutine, Trump, Netanyahou, Erdogan et la redoutable chattemite Xi ? En enfer, mais ils ne le savent pas : et qui le leur promettrait serait écartelé sur la roue de la cohésion nationale. Il est dangereux aujourd'hui de vouer le tyran aux gémonies ; il est partout.

ALSP !

16 mars 2025

L'œil du chat

Pour dénombrer les oiseaux au jardin, j'ai accroché deux boules de graisse grainetière dans deux arbrisseaux, un seringat derrière, un laurier devant. Ainsi ai-je pu rajouter le couple de geais bleus à ma liste. Pour leur part, les pies ont repris possession de leur espace vital et l'une à tour de rôle guette souvent au faîte du grand frêne. Les mésanges opportunistes viennent plus souvent, le rouge-gorge attend que je tonde mais les haies qui reprennent n'attendront pas longtemps le coiffeur. Le froid persistant sous la goutte froide de M. Météo empêche les lézards de se réveiller. Il faut penser à vider les seaux d'eau de l'hiver dans lesquels ils ont coutume de se noyer. C'est très con un lézard. Comme pour François Premier la salamandre, on devrait blasonner Ubu-Trump d'un lézard. Mais nous n'irons pas sur ce terrain, la terre entière s'y bouscule déjà.

Le vieux chat jaune, autrefois thaï, marche avec peine désormais et quand j'agite les bras pour le dérouter, il ne part plus, mais stoppe sur place et me regarde fixement comme s'il voulait engager la conversation. Je ne sais s'il passera l'hiver - j'en doute fort - mais il a beaucoup de choses à dire d'ici là, ça se voit ! Les génies de la Silicon Valley devraient inventer une intelligence artificielle de communication entre les hommes et les bêtes. Nous en apprendrions tellement ! Ne dit-on pas de certains caniches qu'il ne leur manque que la parole ? Un jour que je marchais sur le causse en compagnie d'un fils d'agriculteur attaché aux caves de roquefort, je devisais à haute voix sur l'improbabilité que les animaux que nous rencontrions en chemin puissent anticiper leur propre mort comme le fait l'homme. A quoi il me répondit sans élever la voix : « qu'en sait-on vraiment ? Pourquoi ne seraient-ils pas dotés de cette préscience à défaut d'intellectualiser la mort ?» C'est le titre du film "Les oiseaux se cachent pour mourir" avec Richard Chamberlain en évêque (1983) qui m'a longtemps intrigué. Le vice comme le risque rend-il discret ? Nous cachons-nous pour méditer ?

Pauvres diables que nous sommes, qui s'inventent des lendemains dans un au-delà fantasmé après l'extinction des feux de la vie ! La race humaine a passé des milliards d'heures à s'inventer une éternité à la veillée du soir, éclairée par une lampe tremblante au suif qui projetait ses ombres sur les parois de la caverne, jusqu'à créer l'âme et mythifier une religion et un ciel plein de dieux. Heureux les croyants qui ainsi meublés ne sont pas des bêtes et voyagent plus loin dans l'abolition du temps. Abstraction !

Sur les animaux, on se pose la question depuis Aristote et son histoire du couple de dauphins soutenant un petit sans vie pour qu'il ne coule pas et ne disparaisse dans la gueule d'un monstre marin. On a étudié la population pénale des primates incarcérés dans des zoos ; mais leurs conditions de vie et la proximité humaine faussent observations et conclusions. Par contre, à l'état sauvage, on sait que les hardes d'éléphants pratiquent une forme de deuil au décès d'un des leurs. Qu'en est-il de nos cousins les singes ? A part le capitaine de la Black Pearl et son capucin Jack, qui a discuté longtemps avec un singe ? Au cinéma peut-être mais fondamentalement, les animaux vivent pour vivre, accomplissent des tâches fixées par leur instinct et n'ont pas conscience de la mort, sauf à être capables d'abstraction. Ce qui est démenti par le Muséum. Leur premier instinct est celui de leur propre survie, voire de celle du groupe, qui engagera les plus forts à affronter le danger imminent au bénéfice de tous les autres.
Finalement, la question se pose aussi pour Donald Trump, le gros chat jaune d'Amérique et son œil qui tue ! A-t-il une âme ?

ALSP !

09 mars 2025

Le petit sakura a fleuri

Il n'était rien jusqu'à hier soir, on ne le distinguait même pas sur le fond des lierres dorés de la falaise mais ce matin, il s'est recréé, le petit sakura a fleuri. Le printemps est arrivé chez nous avec les jonquilles et les primevères. Le forsythia est en retard mais se dépêche. Ceux des lecteurs qui suivent la saga des pies seront étonnés d'apprendre aussi que le couple parti en villégiature après les dégâts de la grosse tempête, est revenu après mûres réflexions. Elles ont choisi le plus gros moignon des trois nids emportés et en utilisant l'appareil restant des deux autres, elles ont doublé le volume du nid initial. Il est rare de voir le darwinisme en action sur une échelle de temps aussi courte. Les autres propriétaires ont bougé eux-aussi. Un couple de ramiers échappés d'un pigeonnier de course établi sur le plateau ont quitté l'étage alors libéré pour redescendre au niveau antérieur. Quant aux merles des lauriers-cerises en dessous, ils ont retraité loin de toute agitation dans le lierre de la falaise ; ils sont en train de se remarier. Les corneilles passent et repassent comme avant, pour intimider les pies. Le rouge-gorge obligatoire est revenu au jardin dès lors que tout s'est remis en place. Un tuyau pour amortir le paragraphe : si vous voulez attirer des mésanges, donnez-leur des cacahuètes. Je vous tiens informés, même si je doute d'une nichée au printemps. Par contre le nid de frelons noirs est probable cette année encore et l'association d'apiculteurs le traitera dès la chute des feuilles cet automne. Sur ce, j'ai écouté ce matin le discours historique de M. Macron prononcé depuis l'Elysée mercredi dernier (clic) et dont on dit tant de bien dans la presse subventionnée.

Donc le réarmement de la France est lancé, au motif légitime d'une insécurité en augmentation de tout bord. Dit en passant, découvrir que la signature de Vladimir Poutine ne vaut pas le prix du papier sur lequel il signe, est assez tardif. On n'a pas entendu non plus une remise en cause des désarmements pratiqués par François Hollande et Nicolas Sarkozy, ce dernier, confondant de bêtise, ayant poussé le bouchon jusqu'à construire des navires d'assaut amphibie pour la Russie qui menaçait déjà la Baltique orientale ! Mais si nous passons en économie de guerre sous le slogan du "Si Vis Pacem", il faut se poser deux ou trois bonnes questions : qui nous menace ? où sommes-nous menacés ?

Qui ?
- La Russie poutinique sur nos valeurs libertaires essentielles et dans notre sphère d'intérêts post-coloniaux (appelons chat un chat...)
- La Chine populaire sur nos territoires ultramarins en Indo-pacifique pour la grande superficie de nos zones économiques exclusives renfermant des ressources halieutiques et minières considérables qu'elle peut juger être mieux à même d'exploiter.
- Un Brésil post-Lula sur la Guyane française dans la nécessité de politique intérieure d'un trophée populiste (ce serait leurs Malouines).
- Les Etats-Unis d'Amérique sur toute notre base industrielle et technologique de défense qui entre en concurrence avec la sienne. Et cette guerre-là est ouverte depuis longtemps dans le domaine aéronautique.
- Les Etats-Unis muskiens sur notre base industrielle astronautique pour la même raison.
- S'ils fédéraient le Canada, les Etats-Unis trumpiens sur l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon qui est un poste d'observation trop avancé.
- Le Sud Global au sein du comité de décolonisation des Nations Unies, renforcé de tous les précédents, qui vise les DOM-TOM réputés malheureux en nos mains, au bénéfice de libérateurs en quête d'une carrière de satrapes tropicaux.

Chacun a bien noté que la menace russe n'était pas territorialisée à l'intérieur de notre propre géographie mais explicite sur nos amis partageant nos valeurs de liberté. On pense déjà aux Baltes, Polonais, Tchèques et Roumains qui ont éprouvé dans le passé le feu de la rhétorique soviétique.

Les dividendes de la paix (du premier ministre Fabius) sont taris, définitivement secs. Dans un monde incertain où la brutalité augmente à proportion de l'accession démocratique au pouvoir de parrains incultes issus de la mafia du Fric, il faut, pour financer le réarmement, bouger impérativement l'un ou l'autre des curseurs budgétaires. Pour n'en citer que cinq :

  • durée légale du travail hebdomadaire
  • âge légal de départ à la retraite
  • modèle social (santé, chômage, pensions) en accroissant dans le même élan la lutte contre le coulage et la fraude
  • contribution universelle des ménages à l'IRPP avec réduction du périmètre de l'Etat invasif pour amortir le choc
  • emprunt de guerre plus ou moins forcé de type Barre

Or, tant l'Elysée que Matignon refusent l'augmentation des impôts, l'augmentation générale de l'activité salariée et sanctifient les prestations sociales en l'état. En fait…… on nous balade ! S'éloignant des simplificateurs de préaux vociférant aux extrêmes, les Français sont prêts, selon les sondages, à considérer un changement de paradigme qui consolidera la sécurité de la nation aux dépens de l'assistanat national. Mais on ne laisse parler que les mêmes, les revendicateurs professionnels et autres syndiqués, alors qu'il faudrait écouter les gens ordinaires, les plus nombreux, eux qui se lèvent chaque matin pour gagner leur vie à la sueur de leur front.

M. Macron donne les motifs et les axes du sursaut national, mais il n'ose pas en demander les moyens à son premier ministre qui s'avère être surtout un fin manœuvrier. Achevant son second et dernier mandat présidentiel en mai 2027, M. Macron a-t-il l'ambition de prendre l'Europe dans ses bras, après son échec au plan national ? Tout depuis le début le laisse croire. Fraîchement élu, il était monté à Bruxelles en courant pour réformer l'institution européenne. Avec de bonnes idées ! Mais ce qui lui manque - et six ans de mandat présidentiel l'ont aujourd'hui démontré - ce n'est pas un "entrepreneur". Il n'a pu se maintenir chez Rothschild où Alain Minc l'avait placé car la charge d'associé-gérant est quasiment un sacerdoce éreintant, auquel il a préféré, petite fortune faite, sa réintégration dans la haute fonction publique dispensatrice d'honneurs. S'il est cultivé et connaît bien le tropisme monarchique français, ce n'est pas non plus un créateur ; il fait plus confiance à son cabinet d'algorithmistes en soupentes qu'en ses propres analyses. Or la situation stratégique de l'Europe occidentale convoque beaucoup d'imagination, d'inventivité, de talent, pour passer entre les mâchoires des deux empires ligués contre elle, le temps qu'elle s'affirme elle-même comme un acteur global en puissance et en crainte projetées.

La France et l'Europe occidentale ne manquent pas de carrures capables de prendre le lead européen, mais les Français en capacité d'y prétendre se sont barrés de la politique après la séquence parfois salissante de présidents médiocres et d'un personnel politique douteux ; à moins que ce ne soit pour éviter les quolibets des enfants lors du repas dominical.
Alors, Draghi ? Merz ? Tusk ?

ALSP !

02 mars 2025

La mer monte, la merde aussi !

Onze cents jours que le nain maléfique bunkérisé sous le Kremlin a lancé la conquête de son voisin ukrainien. On en sait les motifs, tutorat des communautés russes menacées hors les murs, expansion de l'ogre atlantique, recouvrement des terres impériales soviétiques. De doctes sachants affirment que l'essai répondait au géodéterminisme de la Russie éternelle, ouverte à son occident sur la grande plaine d'Europe du nord qu'elle doit absolument contrôler pour rester dans le film de son histoire de résistance glorieuse. Trois ans d'horreurs, de déportation de gosses, des centaines de milliers de morts plus tard, la Russie poutinique se maintient sur le champ de ses dévastations au prix exorbitant de ses stocks d'armes et de la quasi-disparition de son industrie civile. Si le petit csar s'avère un piètre stratège, le général en chef, un piètre tacticien. L'Ukraine aurait-elle les moyens de pousser un peu plus fort en rayant la logistique russe de l'espace de guerre, que l'affaire se conclurait assez vite par la capitulation sur le terrain des unités russes démoralisées, les unes après les autres se mutinant. Mais la lame de fond d'une décolonisation de la Fédération de Russie est ce que craignent le plus les dirigeants occidentaux et la Chine populaire pour s'accorder a minima sur un tabou : il faut sauver le soldat Poutine et ses fusées atomiques ; à part de lui, le chaos mondial !

Enfin Donald Trump vint ! L'agent d'influence du Kremlin a été recruté très tôt au fil des affaires de promotion immobilière dont il fut deux fois sauvé par l'oligarchie russe résidente aux Etats-Unis, un autre nom de la mafia russe : depuis son retour aux affaires le ciel s'éclaircit pour le gangster de pissotière à l'autre bout de la corde ! C'est à ce moment que l'on mesure l'entregent, la finesse d'analyse et la navigation adroite de Volodymyr Zelenskyy qui s'est sorti du guet-apens télévisé dans le Bureau Ovale où il fut copieusement humilié par JD Vance et son mentor (toujours en retard d'une réplique d'ailleurs) sans pour autant rendre son épée. En fait il a osé réfuter l'argument de crédibilité de Poutine asséné par Trump qui imagine l'autre comme son ami pour ne pas dire son obligé. Crime de lèse-majesté envers le POTUS, patin-coufin, Zelenskyy en est sorti au contraire grandi, laissant passer les deux autres pour des singes hurleurs, en France on dirait des Hanouna. Le deal Trump-Poutine a autant de chances de succès que le mirifique contrat de développement que le premier président Trump voulait faire signer à Kim Jong-un, en oubliant que c'était sa sœur Yo-jong qui pensait à sa place, comme Nikolaï Patrouchev pour Poutine. Il faut lire ce que dit Guirkine de la séquence. L'ennemi de Zelensky croupit dans une geôle russe pour avoir dénoncé Poutine et sa clique de siloviki comme des incapables à mener une guerre conclusive contre Kiev. Guirkine - c'est le mec qui a descendu le Malaysian Airlines MH17 au-dessus du Donbass en 2014 - vient d'écrire une lettre de prison dans laquelle il affirme que :
– « Trump a tenté d’humilier Zelensky, mais s’est finalement humilié lui-même. Guirkine a également noté que les soutiens de Zelensky sont assez forts aux États-Unis et en Europe tandis que Trump n’a aucun effet de levier réel » (source bsky-WarTranslated). Le spectacle de deux gangsters vociférant dans le bureau mythique de la Maison Blanche pour reprendre le racket en voirie, les radeuses et les paris du quartier Little Ukraine de Low Manhattan, fera un scénario très prolixe en ridicule dans un prochain show du comédien revenu à la scène. Symétriquement et dans la foulée, l'Europe a compris que l'Alliance à première demande était rompue et qu'il faudrait dealer désormais tout secours américain dans le futur en cas de dégradation sévère de sa sécurité. Qu'a donné la réunion des chefs européens à Lancaster House aujourd'hui ? Deux choses (source Time) :

La France, la Grande Bretagne et l'Ukraine vont élaborer un projet d'armistice durable qu'ils porteront ensemble à Washington ; L'Europe ne rompt pas avec l'administration Trump et continuera de collaborer ; l'understatement est que l'Europe y sera impliquée pour tenir compte du transfert du souci stratégique américain vers l'Asie, transfert légitime selon M. Macron. Deuxio, on réarme et on se concerte hors de vue des pays réticents quels que soient leurs motifs. Finalement, on ne casse pas de porcelaine ; il y a déjà bien assez de débris ! Douze pays étaient présents au Royaume-Uni en soutien du président Zelensky : l'Allemagne, le Danemark, l'Italie, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, l'Espagne, le Canada, la Finlande, la Suède, la Tchéquie et la Roumanie. A noter que la Turquie était présente à Lancaster House ainsi que le SG de l'OTAN. La présidente von der Leyen était là en pot de fleurs à nul effet. Pour réconforter le président ukrainien, le roi Charles III l'a reçu à Sandringham après la réunion des treize.

Qu'apprendriez-vous d'autre que vous n'auriez pas entendu ailleurs ? La force primant le droit maintenant, la voix de l'Europe ne sera entendue dans les enceintes décisionnaires que si elle est celle d'une Europe-Puissance ; l'ère diplomatique d'une Europe défenseure du droit et du monde libre est obsolète. Seul le vacarme franchira le sas de connerie américain et sera audible derrière le rempart du Kremlin. Une chose quand même :

Certains stratèges en chambre (comme votre serviteur) déroulent la thèse du nécessaire dettelage de la Chine populaire et de la Russie, laquelle risquerait de devenir la nation mandataire de la première. Ce que bien sûr Donald Trump penserait obtenir par le renforcement de la position de Vladimir Poutine en Ukraine jusqu'à capitulation d'icelle sur les bases de reddition exigées (quatre oblasts rendus à la Russie, Crimée en prime et levée de toutes les sanctions). Le cirque du Bureau Ovale s'inscrit dans cette boucle avec la captation des terres rares pour faire bon poids. Mais la Chine, friande de matières premières et de terres arables, ne fera pas l'anschluss économique d'un immense pays sous-développé à l'est de l'Oural, qui lui coûterait une fortune à équiper... pour à la fin rester à la merci de milliers de fusées, si d'aventure il plaisait au csar du jour de mourir. D'ailleurs où sont les investisseurs chinois dans les friches des implantations abandonnées par l'Occident en Russie occidentale ? Nowhere ! Quoi qu'en pensent Trump et ses affidés, les relations interétatiques sino-russes ne bougeront pas, le pacte étant de méfiance contrôlée. La flotte russe d'Extrême-Orient, facilement renforcée désormais par la route arctique, pourra même prendre le contrôle de la mer d'Okhostsk en cas de crise sino-nippone, voire emm...der la flotte américaine en Mer de Béring. A vos mappemondes !

Laissons donc les choses arriver à leur terme, comme on dit en obstétrique. Nous, Européens, ne pouvons pas infléchir les trajectoires. Il eut fallu pour ce faire que nous ayons la capacité de menacer autrui des pires outrages avant tout discours. Notre civilisation du hamac socialiste nous en retient très loin, mais la réflexion avance. Revenons à nos moutons, ceux de F'murr bien sûr. Avez-vous remarqué comment la gauche moraleuse a contourné ses déboires dans l'hémicycle où elle a échoué à renverser le gouvernement sans motifs particuliers sauf à vouloir le remplacer ? Par ses moyens d'intimidation coutumier, elle a mis sur la défensive le premier ministre dans une affaire de mœurs prescrite depuis longtemps, non pas qu'il eut été possible de l'y inculper, mais au motif filandreux qu'il aurait dû savoir et dénoncer jadis ces exactions insupportables. La presse en panne, saisit le bâton merdeux de l'opprobre comme elle vient d'en finir avec l'abbé Pierre, mort, enterré et pourri à ce jour mais qu'importe, ce sont les "principes de justice sans frontière" qui priment et le tirage. Cela va faire quelques titres racoleurs, après le sex-addict en soutane, voici le catho bourgeois indifférent aux enculades prolétariennes. Plus sérieusement ? Y a t-il plus sérieux ? Oh oui !

L'effondrement non anticipé des souches de la calotte glaciaire antarctique-ouest par subduction des eaux de fonte et de celui déjà bien avancé du Groenland mettent en perspective à l'horizon du siècle une élévation des océans très supérieure à deux mètres. Vingt mètres ? dix fois deux mètres, ce qui était l'anticipation d'acception commune jusqu'ici ? L'apocalypse ignorée jusqu'ici se discute maintenant.
Suivre l'entretien d'Eric Rignot au Greenletter Club (une heure) en cliquant ici. Vous aurez la révélation qui va bien, avant de remonter le trait de côte en bas de chez vous.

Où iront tous ces gens ? Au paradis pardi !

ALSP !