27 octobre 2024

Démocratie, grosse fatigue !

S'il revenait parmi nous, Winston Churchill tournerait sept fois la langue dans sa bouche avant de redire que la démocratie est le pire des régimes à l'exclusion de tout autre. Le stade dégénéré du modèle auquel les Etats Unis d'Amérique accèdent aujourd'hui après en avoir été les promoteurs de par le monde entier, était annoncé par Tocqueville.

La démagogie, fille naturelle de la démocratie, est un poison qui mine le domaine régalien, celui qui constitue la colonne vertébrale de tout Etat. Le happening permanent du candidat Trump en campagne par monts et par vaux dans un numéro de bateleur rigolard où se débite n'importe quoi qui fasse applaudir augure d'une sortie de route tragique de la démocratie en Amérique au soir du 5 novembre 2024. Si le KKKlown Orange l'emporte, il fera la preuve que l'élection précédente lui a bien été volée. N'a-t-il pas déclaré qu'il n'accepterait pas d'être battu ? Si Kamala Harris gagne - ce n'est pas un cadeau non plus - il battra l'estrade pendant soixante-dix-sept jours à hurler contre le mafiatage démocrate, comme en novembre 2020, jusqu'à empêcher par tous moyens l'investiture du 20 janvier 2025.

Le chaos démocratique annoncé par la faible différence du nombre de voix exprimé dans le scrutin populaire primaire va obérer toute coopération loyale de leurs alliés avec les Etats-Unis, surtout depuis qu'il est apparu que ce Trump était finalement un ami de Poutine malgré lui, voire un agent de la Russie à son corps défendant. Le dictateur russe ne doute pas de pouvoir manipuler l'autiste américain, enfermé dans son délire de la téléréalité politique comme le déplore sa propre fille Ivanka. La question demeure de savoir si l'Etat profond arrivera à passer ce cap. La réponse est au Sénat et n'a pas été donnée encore. Chez nous, cela va-t-il mieux ? Le chaos n'est pas annoncé mais vécu. Dans son dernier éditorial de la revue Royaliste, Bertrand Renouvin brosse le paysage politique français de manière fort réaliste :

« Des ministres qui polémiquent entre eux. Un gouvernement qui subit les offensives des groupes d’intérêt sur les terrains les plus divers depuis la publication du projet de loi de finances. Des parlementaires qui ne veulent pas assumer les coupes budgétaires, ou les hausses d’impôts annoncées. Un Premier ministre qui multiplie les concessions avant même l’examen du budget. Des effets d’annonce comme s’il en pleuvait. Des rodomontades en tous genres, exaspérantes lorsqu’elles proviennent de ceux qui ont creusé le déficit dans des proportions impressionnantes. Qu’importe la cohérence ! Les chefs de clan cherchent la bonne posture en vue de la présidentielle, l’œil fixé sur les rivaux à démolir. Chacun cherche à défendre son bout de terrain électoral alors qu’il faudrait prendre des décisions de très grande ampleur en matière de défense nationale, de changement climatique, d’aménagement du territoire, de contrôle des frontières…
L’extrême fragilité du gouvernement et le désordre parlementaire excluent toute prévision, quant au sort des mesures budgétaires annoncées. Aux facteurs évidents d’incertitude, s’ajoute la dynamique imprévisible des crises ouvertes ou latentes. Alors qu’on se dispute à l’Assemblée nationale et dans les médias sur de timides mesures fiscales et sur une nouvelle loi sur l’immigration qui ne trouvera pas de majorité, les territoires ultramarins sont dans des situations tantôt tragiques, tantôt dramatiques, l’affaiblissement et la dépossession industriels sont au cœur de l’actualité et les causes de la révolte paysanne de l’hiver dernier n’ont pas été traitées. L’insécurité gagne sans cesse du terrain et l’exploitation systématique des faits divers par certains médias ne devrait pas empêcher une révision générale des politiques de sécurité publique.» (source en clair : https://www.bertrand-renouvin.fr/incertitudes-radicales/)

Et dans l'attente du choc, l'orchestre du Palais Bourbon joue le psaume Plus près de toi, mon Dieu du Titanic. La France n'a plus les moyens de son modèle social "CNR-1945", à moins que les générations montantes n'acceptent de se ruiner à poursuivre cette chimère du bonheur national brut à compte d'autrui ! A mon avis, ils vont se casser du grand EHPAD français ! Mais le plus grave dans l'immédiat sera la réaction des autres membres de la zone euro que la gabegie française met en danger. Quand M. Barnier doute qu'on arrive en 2027 aux trois pour cent magiques de déficit public en termes de Pib, il oublie (volontairement) que l'engagement pris aux négociations de Maastricht par le premier membre fondateur de la Communauté européenne était de boucler les budgets sans déficit aucun, une limite temporaire de 3%/pib étant tolérée selon les difficultés du moment. Or, les gouvernements français ont fait de l'exception la règle !

Que nous réserve l'Europe sérieuse est difficile à prévoir tant les économies sont emmêlées mais la première conséquence de notre impéritie est la perte de toute influence au sein du pouvoir européen. Un signe ? Après le limogeage de Thierry Breton, Ursula von der Leyen a reconfiguré les chefferies de cabinet des commissaires où douze postes sur vingt-sept seront tenus par des ressortissants allemands, et un seul par un Français. Pour finir ce paragraphe, disons que les grands axes définis par la France en Europe sont désormais tous en péril, non tant qu'ils soient abandonnés mais plutôt qu'ils voient le leadership français contesté ou simplement ignoré. On peut le mesurer dans le domaine du nucléaire civil où deux commissaires au moins sont contre cette énergie décarbonée, et dans le domaine de la défense européenne où la partie se joue désormais entre l'Allemagne et la Pologne sans qu'on n'en sache rien finalement.

Si Donald Trump est "élu", on devra considérer que le jeu électoral du régime parlementaire diffusé par toute la planète (sauf en Chine populaire ou en Corée du nord), aura porté au pouvoir depuis la fin de la Guerre Froide des autocrates très dangereux pour les libertés publiques et individuelles qui, sans celà, n'auraient peut-être pas accédé. Ce sont d'ailleurs plus souvent les personnages que les programmes qui sont dangereux. Sans remonter à Hitler, tous les Poutine, Modi, Orban, Erdogan, Ilham Aliyev, Hun Manet, Massoud Pezeshkian voire Bolsonaro hier, sont des gens "élus" et par là légitimes, même si l'organisation des scrutins les ayant fait gagner est souvent contestée. Ce sont de purs produits de l'évolution dégénérée du modèle qui a versé au ravin de la démagogie populiste. Que des Etats modernes soient exposés dans leurs responsabilités essentielles à cette gangrène gazeuse augure mal de l'avenir du monde libre. Il faut trouver un système qui protège des cons les domaines régaliens de chacun.

La démocratie d'étage national est un régime du gouvernement des hommes adapté aux peuples matures éduqués dans des pays à taille humaine laissant percevoir les vrais enjeux, ou si plus grands, régionalisés comme la République fédérale d'Allemagne ou le Royaume Uni pour rester dans une géographie perceptible naturellement par chacun. Le périmètre idéal de la conscience citoyenne n'existe pas, mais chacun sent bien le moment où il le franchit. A l'étage national, la disruption entre le vague et le réel est patente. Le fait que les Français réclament toujours plus de l'Etat tout en râlant sur les contributions qu'il appelle pour satisfaire leurs revendications, signale une immaturité du corps électoral incapable d'appréhender les enjeux nationaux. Ils demandent à l'Etat lointain des avantages qu'ils auraient honte de réclamer à leur propre département. Que le modèle social hérité de la guerre soit particulièrement confortable exige aussi un équilibre des comptes pour le pérenniser. Si leur déséquilibre se touche du doigt localement, les dérives "lointaines" parfois extravagantes du clientélisme condamnent sans appel ce modèle latin ; mais l'exécution de la peine sera orchestrée de l'étranger ! Le FMI revient à la charge après ses remontrances du mois de mai dernier. Sous sa tutelle, nous aurons la honte en sus de l'humiliation. Merci monsieur Keynes !

ALSP !

20 octobre 2024

Déserts

Je me souviens d'un village bruyant. J'ai revu un village mort. Dans ma lointaine enfance, le bourg chef-lieu d'une vaste commune de plateau, posé sur une croupe dominant la rivière départementale, possédait quatre cafés dont trois faisaient restaurant et un bar modeste accessible par un escalier. On y trouvait une vraie poste, les artisans classiques (menuisier, mécanicien agricole, peintre, maçon) et un autocar partait chaque matin pour la préfecture où chacun pouvait aller acheter des fournitures, se vêtir, vendre de la volaille au marché de plein vent, passer à l'hôpital voire s'encanailler. L'école pour les petits était tenue par des bonnes sœurs, et le curé demeurant dans un presbytère fleuri disait la messe chaque dimanche plus les vêpres en soirée. Il y avait aussi un notaire un peu opiomane chargé des successions fermières dont le fils occupait l'emploi peu envié d'idiot du village (les fumées méphitiques sans doute) ; une boulangerie dont le pain, tiré des farines économiques du moulin de la chute, était acide, une épicerie et un mercier-bazar qui fut un temps maire et dont la fille, gracieuse comme un cœur, venait prendre les orties de mon chemin pour ses lapins, me disait-elle. Mon grand-père se demandait pourquoi je ne les arrachais pas n'ayant pas grand chose à faire. J'étais occupé des fois à garder les cochons anglais de Catherine, la fille de l'autocar. Il lui fallait de l'aide pour qu'elle puisse plonger dans la lecture de romans enfantins que je lui rapportais. Quand nous étions en jambes au plus chaud de l'été, nous descendions au pont d'un coup de vélo pour prendre une truite à la main. Son père m'avait montré comment faire.

Nous avions aussi un sabotier qui faisait ses cinquante heures hebdomadaires ; il m'impressionnait par sa jambe en bois noir qu'il avait ramené de la guerre, du fait maison. Mon grand-père lui louait son jardin potager à mi-fruit. Au bord de ce jardin avait poussé un grand noyer ; mon grand-père nous interdisait d'y aller dormir, son ombre étant mortelle. Je le croyais.

Le dimanche après la messe tous les cafés étaient bondés des jeunes gens venus de tous les hameaux surtout pour se rencontrer devant un canon de rouge-vichy, filles ou garçons. Des chars à banc, parfois attelés au tracteur, quelques landaus moins tape-cul, et des Rosalie à "moteur flottant" qui, progrès oblige, ne savaient pas rentrer seules au domaine. Seul inconvénient, le village manquait d'eau malgré les puits de chacun ou à cause d'eux. Il en restait quand même pour le Pernod.

Un médecin résidait dans un hameau proche, mais il ne consultait pas ici, quoiqu'il se déplaçât en cas d'accident grave pourvu qu'on l'envoyât quérir. Sinon il devait bien y avoir un rebouteux dans quelque hameau perdu en qui les paysans avaient confiance. De tout cela il n'y a plus rien. De quinze cents âmes à la sortie de la guerre, la commune en a perdu un tiers, les deux-tiers restant se maintenant grâce à la proximité de la préfecture à moins d'une demi-heure de route. Raison ? Mécanisation des cultures entraînant un exode rural classique, poursuite des études dans le second cycle surqualifiant les plus doués par rapport au niveau de nécessité, attraction de la ville proche et de ses néons, évolution des comportements sociaux (qui sont en train de changer en mieux).

Eremos ! Ce "désert" se répète des dizaines de milliers de fois en France métropolitaine ; mais on ne parle que de "déserts médicaux" comme si c'était l'essentiel. Ces "villages" mais aussi des petites villes autrefois industrieuses, sont devenus des déserts tout court d'où tous les services de base ont fui. Pour quelle raison un médecin y établirait-il sa famille à moins d'envisager sa vie professionnelle comme celle d'un médecin sans frontières en mission chez les Dogons, laissant femme et enfants aux bons soins de la civilisation. Les pitreries de tous ordres pour résoudre ce défi que l'on dit majeur ne sont que la conséquence d'une impéritie administrative doublée du corporatisme malthusien de l'Ordre des médecins. Mais plus généralement, les "déserts" procèdent d'une démographie en berne depuis longtemps et de la sous-exploitation de territoires que l'on veut protéger de tout et de l'emploi d'abord. L'activité salit ! Voir les manifestations monstres contre les investissements productifs en région laisse pantois ! Mais c'est un autre article à venir un jour. Faudrait-il mettre en cultures les Dogons précités pour revivifier la prairie et ramener des jeunes au bistrot du village ?

Cette commune est revenu au stade qu'elle avait atteint avant la Révolution française. Une enquête commandée par l'évêque, sans doute pour évaluer les capacités dîmables de la paroisse (plus grande que la commune d'aujourd'hui), signale en 1771 que « la population est de quinze cents âmes environ et que son augmentation depuis 1341 paraît en être de cinq cents. Trois cents résident dans le bourg, douze cents dans cinquante-neuf villages ou hameaux, dont les plus habités sont à une heure et demie de marche.»
Une autre étude au XIXème siècle trouve plusieurs sabotiers, plusieurs tisserands, deux serruriers, un forgeron ; il n'y a pas de filature. Et deux cent trente pauvres sont dénombrés qui reçoivent des secours ; c'est beaucoup mais combien de RSA aujourd'hui ?
Au XIXè siècle toujours, il n'y a ni hôpital, ni maître ou maîtresse d'école, pas de chirurgien, pas de sage-femme formée.
La terre est pauvre. Rien d'autre que le seigle ne pousse - c'est avant le chaulage massif que permettra la voie ferrée plus tard. Il y a des pâturages étendus et peu de cheptel. On dénombre soixante paires de bœufs de traction et on n'a pas l'inventaire des chevaux.

Il y a aujourd'hui encore à faire sur ces terres de bois, prés et labours propices aux solanacées - un des meilleurs rendements du sud - mais l'établissement d'une exploitation même modeste dans une optique autarcique qui plaît à beaucoup, convoque tellement d'administrations qu'il vaut mieux s'établir au Montana. Sur une démographie insuffisante, capable encore de générer du courage, pèse l'Etat invasif qui étouffe tout. L'ennemi c'est bien l'Etat infantilisateur comme va nous le démontrer la banqueroute annoncée pour une catastrophe mais aussi comme une libération par la révélation qu'elle apportera de notre assujettissement au César total.

ALSP !

14 octobre 2024

A la semaine prochaine !

Il n'y a rien à dire cette semaine. En France, le refus de toute réforme capable de redresser la situation de nos comptes publics annule tout espoir d'arracher le pays à son clientélisme létal. M. Barnier, pétri de componction, n'est qu'un apparatchik comme un autre, plein de certitudes et vide de courage. Le FMI y mettra-t-il bon ordre ou sera-ce Francfort ?

Ailleurs, le nouveau roi de Juda applique au Proche Orient la doctrine de terreur inaugurée à Guernica et Coventry, connue sous le nom de Dahiya. "Du fleuve à la mer" est son leitmotiv quoiqu'il en coûte… aux autres ! Bénéficiant du totem d'immunité de la Shoah revalidé par le pogrom du 7-Octobre, il compte au milieu des horreurs de tous bords plier sous sa loi tant l'ONU que les Etats-Unis et l'Union européenne ainsi que tous ses voisins. C'est le plus sûr moyen de se retrouver effectivement un jour à la mer !

ALSP !

06 octobre 2024

De la dette coloniale de monsieur Faure

Non, pas Edgar le délicieux qui observait le vent tourner autour de lui, mais Olivier le secrétaire national par défaut du Parti socialiste, trou du cul de référence qui sut gâcher le quinquennat de François Hollande par l'organisation d'une fronde idéologique au risque d'emporter le parti, risque couru et achevé ! Alors que la grande affaire de l'immigration incontrôlable est à nouveau sur le tapis pour ne pas ruiner les chances de survie du cabinet Barnier, ce petit monsieur invité de Jean-Jacques Bourdin sur Sud-Radio (clic) résout le problème par l'arrêt du changement climatique, la refondation de la gouvernance africaine et le règlement de "notre" dette coloniale. S'il y a du vrai en cela, lutter contre l'émigration est une vieille rengaine de bon sens et civiliser les pouvoirs tribaux apporterait une amélioration nette, on peut raisonnablement considérer qu'en s'y mettant tout de suite, nous aurons achevé le rempart "socialiste" dans cinquante ans. Quant à la "dette coloniale", elle doit se manier avec le développement que nous avons imposé certes aux temps bénis des colonies, comme l'écrivait le professeur Savelli au président Bouteflika en 2007. Pour mémoire, voici sa lettre :

Monsieur le Président,

En brandissant l’injure du génocide de l’identité algérienne par la France, vous saviez bien que cette identité n’a jamais existé avant 1830. Monsieur Ferrat Abbas et les premiers nationalistes avouaient l’avoir cherchée en vain. Vous demandez maintenant repentance pour barbarie : vous inversez les rôles ! C’était le Maghreb ou l’Ifriqiya, de la Libye au Maroc. Les populations, d’origine phénicienne (punique), berbère (numide) et romaine, étaient, avant le VIIIe siècle, en grande partie chrétiennes (500 évêchés dont celui d’Hippone/Annaba avec saint Augustin). Ces régions agricoles étaient prospères.

◊ Faut-il oublier que les Arabes, nomades venant du Moyen Orient, récemment islamisés, ont envahi le Maghreb et converti de force, « béçif » (par l’épée), toutes ces populations. « Combattez vos ennemis dans la guerre entreprise pour la religion….Tuez vos ennemis partout où vous les trouverez » (Coran, sourate II, 186-7). Ce motif religieux était élargi par celui de faire du butin, argent, pierreries, trésor, bétail, et aussi bétail humain, ramenant par troupeaux des centaines de milliers d’esclaves berbères ; ceci légitimé par le Coran comme récompense aux combattants de la guerre sainte (XLVIII, 19, 20) .Et après quelques siècles de domination arabe islamique, il ne restait plus rien de l’ère punico romano berbère si riche, que des ruines (Abder-Rahman ibn Khaldoun el Hadrami , Histoire des Berbères,T I, p.36-37,40,45-46. 1382).
◊ Faut-il oublier aussi que les Turcs Ottomans ont envahi le Maghreb pendant trois siècles, maintenant les tribus arabes et berbères en semi esclavage, malgré la même religion, les laissant se battre entre elles et prélevant la dîme, sans rien construire en contrepartie.
◊ Faut-il oublier que ces Turcs ont développé la piraterie maritime, en utilisant leurs esclaves. Ces pirates barbaresques arraisonnaient tous les navires de commerce en Méditerranée, permettant, outre le butin, un trafic d’esclaves chrétiens, hommes, femmes et enfants. Dans l’Alger des corsaires du XVIème siècle, il y avait plus de 30000 esclaves enchaînés. D’où les tentatives de destruction de ces bases depuis Charles Quint, puis les bombardements anglais, hollandais et même américains…..Les beys d’Alger et des autres villes se maintenaient par la ruse et la force, ainsi celui de Constantine, destitué à notre venue, ayant avoué avoir fait trancher 12000 têtes pendant son règne.
◊ Faut-il oublier que l’esclavage existait en Afrique depuis des lustres et existe toujours. Les familles aisées musulmanes avaient toutes leurs esclaves africains. Les premiers esclavagistes, Monsieur le Président, étaient les négriers noirs eux-mêmes qui vendaient leurs frères aux Musulmans du Moyen Orient, aux Indes et en Afrique (du Nord surtout), des siècles avant l’apparition de la triangulaire avec les Amériques et les Antilles, ce qui n’excuse en rien cette dernière, même si les esclaves domestiques étaient souvent bien traités.
◊ Faut-il oublier qu’en 1830, les Français sont venus à Alger détruire les repaires barbaresques ottomans qui pillaient la Méditerranée, libérer les esclaves et, finalement, affranchir du joug turc les tribus arabes et berbères opprimées.
◊ Faut-il oublier qu’en 1830, il y avait à peu près 5000 Turcs, 100000 Koulouglis, 350000 Arabes et 400000 Berbères dans cette région du Maghreb où n’avait jamais existé de pays organisé depuis les Romains. Chaque tribu faisait sa loi et combattait les autres, ce que l’Empire Ottoman favorisait, divisant pour régner.
◊ Faut-il oublier qu’en 1830 les populations étaient sous-développées, soumises aux épidémies et au paludisme. Les talebs les plus évolués qui servaient de toubibs (les hakems), suivaient les recettes du grand savant « Bou Krat » (ou plutôt Hippocrate), vieilles de plus de 2000 ans. La médecine avait quand même sérieusement évolué depuis !
◊ Faut-il oublier qu’à l’inverse du génocide, ou plutôt du massacre arménien par les Turcs, du massacre amérindien par les Américains, du massacre aborigène par les Anglais et du massacre romano-berbère par les Arabes entre l’an 700 et 1500, la France a soigné, grâce à ses médecins (militaires au début puis civils) toutes les populations du Maghreb, les amenant de moins d’un million en 1830 en Algérie, à dix millions en 1962.
◊ Faut-il oublier que la France a respecté la langue arabe, l’imposant même au détriment du berbère, du tamashek et des autres dialectes, et a respecté la religion (ce que n’avaient pas fait les Arabes, forçant les berbères chrétiens à s’islamiser pour ne pas être tués, d’où le nom de « kabyle » - j’accepte).
◊ Faut-il oublier qu’en 1962 la France a laissé en Algérie, malgré des fautes graves et des injustices, une population à la démographie galopante, souvent encore trop pauvre, - il manquait du temps pour passer du moyen âge au XXème siècle - mais en bonne santé, une agriculture redevenue riche grâce aux travaux des Jardins d’Essais, des usines, des barrages, des mines, du pétrole, du gaz, des ports, des aéroports, un réseau routier et ferré, des écoles, un Institut Pasteur, des hôpitaux et une université, la poste… Il n’existait rien avant 1830. Cette mise en place d’une infrastructure durable, et le désarmement des tribus, a été capital pour l’Etat naissant de l’Algérie.
◊ Faut-il oublier que les colons français ont asséché, entre autres, les marécages palustres de la Mitidja, y laissant de nombreux morts, pour en faire la plaine la plus fertile d’Algérie, un grenier à fruits et légumes, transformée, depuis leur départ, en zone de friche industrielle.
◊ Faut-il oublier que la France a permis aux institutions de passer, progressivement, de l’état tribal à un Etat nation, et aux hommes de la sujétion à la citoyenneté en construction, de façon, il est vrai, insuffisamment rapide. Le colonialisme, ou plutôt la colonisation a projeté le Maghreb, à travers l’Algérie, dans l’ère de la mondialisation.
◊ Faut-il oublier qu’en 1962, un million d’européens ont dû quitter l’Algérie, abandonnant leurs biens pour ne pas être assassinés ou, au mieux, de devenir des habitants de seconde zone, des dhimmis, méprisés et brimés, comme dans beaucoup de pays islamisés. Il en est de même de quelques cent mille israélites dont nombre d’ancêtres s’étaient pourtant installés, là, 1000 ans avant que le premier arabe musulman ne s’y établisse. Etait-ce une guerre d’indépendance ou encore de religion ?
◊ Faut-il oublier qu’à notre départ en 1962, outre au moins 75000 Harkis, sauvagement assassinés, véritable crime contre l’humanité, et des milliers d’européens tués ou disparus, après ou avant, il est vrai, les excès de l’O.A.S, il y a eu plus de 200000 tués dans le peuple algérien qui refusait un parti unique, beaucoup plus que pendant la guerre d’Algérie. C’est cette guerre d’indépendance, avec ses cruautés et ses horreurs de part et d’autre, qui a fondé l’identité algérienne. Les hommes sont ainsi faits !

Monsieur le Président, vous savez que la France forme de bons médecins, comme de bons enseignants. Vous avez choisi, avec votre premier ministre, de vous faire soigner par mes confrères du Val de Grâce. L’un d’eux, Lucien Baudens, créa la première Ecole de médecine d’Alger en 1832, insistant pour y recevoir des élèves autochtones. Ces rappels historiques vous inciteront, peut-être, Monsieur le Président, à reconnaître que la France vous a laissé un pays riche, qu’elle a su et pu forger, grâce au travail de toutes les populations, des plus pauvres aux plus aisées - ces dernières ayant souvent connu des débuts très précaires. La France a aussi créé son nom qui a remplacé celui de Barbarie. Personne ne vous demandera de faire acte de repentance pour l’avoir laissé péricliter, mais comment expliquer que tant de vos sujets, tous les jours, quittent l’Algérie pour la France ?

En fait, le passé, diabolisé, désinformé, n’est-il pas utilisé pour permettre la mainmise d’un groupe sur le territoire algérien ?
Je présente mes respects au Président de la République, car j’honore cette fonction.

Un citoyen français,
André Savelli, le 10 décembre 2007, Professeur agrégé du Val de Grâce. (source)

Hormis dans les métropoles, les aires portuaires et sur les fuseaux routiers de et vers les aéroports, l'Afrique décolonisée est retournée à son délabrement, les émissions télévisées sur les routes de l'impossible nous le passent à l'envi. Bien sûr que les grands travaux d'infrastructure de l'époque des Blancs ont pris leur lot d'accidents du travail, les lignes ferroviaires comme celle du Yunnan ou le Congo Océan ont été construites par les mains indigènes au prix de souffrances, mais les pays colonisés ont fait un saut de développement forcé qu'ils n'auraient jamais accomplis par eux-mêmes seuls. Comme le confiait un jour le député breton Kofi Yamgnane, le Togo français de jadis disposait de routes roulantes toute l'année, d'écoles et de dispensaires jusque dans les coins les plus reculés, alors qu'aujourd'hui le développement indéniable mais mal pensé accroît la pauvreté en même temps qu'il se déploie ! La seule "dette coloniale" qui subsistait à la charnière des années 60 était peut-être l'empreinte insuffisante d'une administration autochtone qui va par la suite se tribaliser, et la vitesse d'une décolonisation laissée entre les mains d'intellectuels assis et pas d'entrepreneurs formés en nombre suffisant. Ce sont d'ailleurs les femmes africaines qui combleront ce défaut d'entreprenariat local. Une jeune génération se jette aujourd'hui dans l'aventure, mais cinquante ans ont été perdus dans la formation d'avocats, hauts fonctionnaires et tous autres conseillers sans pouvoir économique de production.

La France d'aujourd'hui n'a plus les forces suffisantes pour reprendre à son compte le nécessaire surdéveloppement de l'Afrique qui annulerait le désir d'ailleurs qui fait aujourd'hui traverser le désert et la mer aux laissés-pour-compte ; et posons-nous la question : y est-elle encore invitée ? De nouveaux satrapes ont pris les rênes du pouvoir au Sahel qui cherchent à établir leurs familles sur la bêtise humaine ; la Centrafrique, le Sénégal nous tournent le dos. Le Tchad bientôt. Ne restent que les comptoirs ouverts sur le monde qui savent peser les avantages et inconvénients de leur relation avec la France. M. Faure qui croit enfiler les perles de l'évidence, est comme tout socialiste prisonnier d'une lecture myope des réalités et surtout, de la nature profonde des ressorts psychologiques qui meuvent l'individu. Le mirage de l'herbe plus verte au nord est encore dansant sur l'horizon des peuples d'Afrique. Ce n'est pas un problème de "dette" ni d'argent.

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Postscriptum du 7 octobre 2024
Il y a un an jour pour jour mais c'était un samedi de shabbat, des Palestiniens de la Bande de Gaza perpétrèrent le grand pogrom de Be'eri et Réïm, tuant dans des conditions atroces douze cents juifs des kibboutzim au nord du Néguev. La sauvagerie, documentée par ses propres perpétrateurs et contrôlée à distance par leurs chefs, a atteint des sommets d'horreur qui ont justifié une réponse proportionnée de l'Etat hébreu au point d'origine, Gaza City. Les stigmates sanglants de cette attaque ont souillé durablement la cause palestinienne. On peut cependant réenrouler le film.
Créé à Gaza par le Shin Bet dans le but avoué de pourrir la vie de l'OLP de Yasser Arafat dans la Bande, le Hamas fut contrôlé et nourri jusqu'au bout par l'Etat israélien qui lui remettait chaque mois les contributions arabes à son administration, du Qatar surtout. Mais le monstre a échappé au bon docteur Frankenstein. Croissant en cage (trop petite) depuis des années, il a eu le temps d'observer le système de gardiennage jusqu'à péter un jour les grilles infranchissables du zoo et se jeter sur les premiers venus. Le reste est littérature.

Nos pensées vont aux victimes de l'impéritie ordinaire des orgueilleux. Que leurs âmes reposent en paix.

ALSP !