S'il revenait parmi nous, Winston Churchill tournerait sept fois la langue dans sa bouche avant de redire que la démocratie est le pire des régimes à l'exclusion de tout autre. Le stade dégénéré du modèle auquel les Etats Unis d'Amérique accèdent aujourd'hui après en avoir été les promoteurs de par le monde entier, était annoncé par Tocqueville.
La démagogie, fille naturelle de la démocratie, est un poison qui mine le domaine régalien, celui qui constitue la colonne vertébrale de tout Etat. Le happening permanent du candidat Trump en campagne par monts et par vaux dans un numéro de bateleur rigolard où se débite n'importe quoi qui fasse applaudir augure d'une sortie de route tragique de la démocratie en Amérique au soir du 5 novembre 2024. Si le KKKlown Orange l'emporte, il fera la preuve que l'élection précédente lui a bien été volée. N'a-t-il pas déclaré qu'il n'accepterait pas d'être battu ? Si Kamala Harris gagne - ce n'est pas un cadeau non plus - il battra l'estrade pendant soixante-dix-sept jours à hurler contre le mafiatage démocrate, comme en novembre 2020, jusqu'à empêcher par tous moyens l'investiture du 20 janvier 2025.
Le chaos démocratique annoncé par la faible différence du nombre de voix exprimé dans le scrutin populaire primaire va obérer toute coopération loyale de leurs alliés avec les Etats-Unis, surtout depuis qu'il est apparu que ce Trump était finalement un ami de Poutine malgré lui, voire un agent de la Russie à son corps défendant. Le dictateur russe ne doute pas de pouvoir manipuler l'autiste américain, enfermé dans son délire de la téléréalité politique comme le déplore sa propre fille Ivanka. La question demeure de savoir si l'Etat profond arrivera à passer ce cap. La réponse est au Sénat et n'a pas été donnée encore. Chez nous, cela va-t-il mieux ? Le chaos n'est pas annoncé mais vécu. Dans son dernier éditorial de la revue Royaliste, Bertrand Renouvin brosse le paysage politique français de manière fort réaliste :
« Des ministres qui polémiquent entre eux. Un gouvernement qui subit les offensives des groupes d’intérêt sur les terrains les plus divers depuis la publication du projet de loi de finances. Des parlementaires qui ne veulent pas assumer les coupes budgétaires, ou les hausses d’impôts annoncées. Un Premier ministre qui multiplie les concessions avant même l’examen du budget. Des effets d’annonce comme s’il en pleuvait. Des rodomontades en tous genres, exaspérantes lorsqu’elles proviennent de ceux qui ont creusé le déficit dans des proportions impressionnantes. Qu’importe la cohérence ! Les chefs de clan cherchent la bonne posture en vue de la présidentielle, l’œil fixé sur les rivaux à démolir. Chacun cherche à défendre son bout de terrain électoral alors qu’il faudrait prendre des décisions de très grande ampleur en matière de défense nationale, de changement climatique, d’aménagement du territoire, de contrôle des frontières…
L’extrême fragilité du gouvernement et le désordre parlementaire excluent toute prévision, quant au sort des mesures budgétaires annoncées. Aux facteurs évidents d’incertitude, s’ajoute la dynamique imprévisible des crises ouvertes ou latentes. Alors qu’on se dispute à l’Assemblée nationale et dans les médias sur de timides mesures fiscales et sur une nouvelle loi sur l’immigration qui ne trouvera pas de majorité, les territoires ultramarins sont dans des situations tantôt tragiques, tantôt dramatiques, l’affaiblissement et la dépossession industriels sont au cœur de l’actualité et les causes de la révolte paysanne de l’hiver dernier n’ont pas été traitées. L’insécurité gagne sans cesse du terrain et l’exploitation systématique des faits divers par certains médias ne devrait pas empêcher une révision générale des politiques de sécurité publique.» (source en clair : https://www.bertrand-renouvin.fr/incertitudes-radicales/)
Et dans l'attente du choc, l'orchestre du Palais Bourbon joue le psaume Plus près de toi, mon Dieu du Titanic. La France n'a plus les moyens de son modèle social "CNR-1945", à moins que les générations montantes n'acceptent de se ruiner à poursuivre cette chimère du bonheur national brut à compte d'autrui ! A mon avis, ils vont se casser du grand EHPAD français ! Mais le plus grave dans l'immédiat sera la réaction des autres membres de la zone euro que la gabegie française met en danger. Quand M. Barnier doute qu'on arrive en 2027 aux trois pour cent magiques de déficit public en termes de Pib, il oublie (volontairement) que l'engagement pris aux négociations de Maastricht par le premier membre fondateur de la Communauté européenne était de boucler les budgets sans déficit aucun, une limite temporaire de 3%/pib étant tolérée selon les difficultés du moment. Or, les gouvernements français ont fait de l'exception la règle !
Que nous réserve l'Europe sérieuse est difficile à prévoir tant les économies sont emmêlées mais la première conséquence de notre impéritie est la perte de toute influence au sein du pouvoir européen. Un signe ? Après le limogeage de Thierry Breton, Ursula von der Leyen a reconfiguré les chefferies de cabinet des commissaires où douze postes sur vingt-sept seront tenus par des ressortissants allemands, et un seul par un Français. Pour finir ce paragraphe, disons que les grands axes définis par la France en Europe sont désormais tous en péril, non tant qu'ils soient abandonnés mais plutôt qu'ils voient le leadership français contesté ou simplement ignoré. On peut le mesurer dans le domaine du nucléaire civil où deux commissaires au moins sont contre cette énergie décarbonée, et dans le domaine de la défense européenne où la partie se joue désormais entre l'Allemagne et la Pologne sans qu'on n'en sache rien finalement.
Si Donald Trump est "élu", on devra considérer que le jeu électoral du régime parlementaire diffusé par toute la planète (sauf en Chine populaire ou en Corée du nord), aura porté au pouvoir depuis la fin de la Guerre Froide des autocrates très dangereux pour les libertés publiques et individuelles qui, sans celà, n'auraient peut-être pas accédé. Ce sont d'ailleurs plus souvent les personnages que les programmes qui sont dangereux. Sans remonter à Hitler, tous les Poutine, Modi, Orban, Erdogan, Ilham Aliyev, Hun Manet, Massoud Pezeshkian voire Bolsonaro hier, sont des gens "élus" et par là légitimes, même si l'organisation des scrutins les ayant fait gagner est souvent contestée. Ce sont de purs produits de l'évolution dégénérée du modèle qui a versé au ravin de la démagogie populiste. Que des Etats modernes soient exposés dans leurs responsabilités essentielles à cette gangrène gazeuse augure mal de l'avenir du monde libre. Il faut trouver un système qui protège des cons les domaines régaliens de chacun.
La démocratie d'étage national est un régime du gouvernement des hommes adapté aux peuples matures éduqués dans des pays à taille humaine laissant percevoir les vrais enjeux, ou si plus grands, régionalisés comme la République fédérale d'Allemagne ou le Royaume Uni pour rester dans une géographie perceptible naturellement par chacun. Le périmètre idéal de la conscience citoyenne n'existe pas, mais chacun sent bien le moment où il le franchit. A l'étage national, la disruption entre le vague et le réel est patente. Le fait que les Français réclament toujours plus de l'Etat tout en râlant sur les contributions qu'il appelle pour satisfaire leurs revendications, signale une immaturité du corps électoral incapable d'appréhender les enjeux nationaux. Ils demandent à l'Etat lointain des avantages qu'ils auraient honte de réclamer à leur propre département. Que le modèle social hérité de la guerre soit particulièrement confortable exige aussi un équilibre des comptes pour le pérenniser. Si leur déséquilibre se touche du doigt localement, les dérives "lointaines" parfois extravagantes du clientélisme condamnent sans appel ce modèle latin ; mais l'exécution de la peine sera orchestrée de l'étranger ! Le FMI revient à la charge après ses remontrances du mois de mai dernier. Sous sa tutelle, nous aurons la honte en sus de l'humiliation. Merci monsieur Keynes !
ALSP !
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