25 août 2024

L'insulte aux dieux de la mer

Mike Lynch et son épouse Angela Bacares dorèrent la pointe de pyramide de leur entreprise de haute technologie bayesianne par l'acquisition de la Salute, un sloop hors toutes catégories construit en 2008 chez Perini Navi à Viareggio (Italie) sur plans Ron Holland. Extravagante dans ses dimensions - c'est une spécialité du chantier italien - la Salute faisait 55m90 de long sur 11m51 de maître-bau avec un tirant d'eau de 9m73. Gréée en sloop, elle portait un mat de 75m de haut, soit cinq mètres de plus que les tours de Notre-Dame de Paris. Rebaptisée "Bayesian" par les Lynch, le super-yacht a coulé à poste au large de Porticello le 19 août dernier, vaincu par une trombe marine. Des photos de ce beau navire sont ici.

Même s'il n'était pas taillé pour les cinquantièmes hurlants, comment un super-yacht d'un tonnage de 473GT a-t-il pu sombrer en moins de cinq minutes est la question que se posent tous les architectes navals et le chantier italien le premier. On s'accorde sur l'accumulation d'erreurs du commandant. Pour être englouti de telle manière, il faudrait que tous les ouvrants soient ouverts laissant entrer des mètres-cubes d'eau par seconde (c'est possible par ces chaleurs) ; que le navire soit ancré à l'avant et à l'arrière de façon à ne pouvoir éviter la tornade en se mettant naturellement dans le lit du vent s'il n'avait eu qu'un mouillage de proue ; que la quille-dérive soit remontée annulant le couple de redressement donné par une quille lestée de presque dix mètres de profondeur, indispensable sous voile.

De quelles informations disposait le commandant quant à l'évolution du temps sur la rade de Porticello ? L'enquête anglo-italienne le dira. Mais les premières déclarations du capitaine du superyacht, qui a ramené quinze passagers à la côte dans un canot, ont été infirmées par les observations des plongeurs sur l'épave. Le mat est à poste (il n'a pas cédé), les écoutilles sont closes et aucun déchirage de la coque n'a été constaté. Par contre les secours ont été freinés dans le bateau sinon bloqués par le mobilier dispersé dans toutes les coursives où l'eau l'a poussé. Le chantier nie toute responsabilité des plans de construction et suggère de mauvaises dispositions ou un défaut d'ordres adéquats de la part du capitaine.

Mon avis individuel et gratuit ? Un cotre de 56m gréé d'un mat de 75m est un défi lancé à Neptune. Dans ces tailles, on est plus souvent gréé en ketch ou en goélette pour diviser la voilure et l'énergie qu'elle exige à l'établir. On n'imagine pas le temps qu'il faut pour envoyer toute la toile sur un sloop pareil, soit 3000m², et surtout pour la rentrer. Probablement que le yacht a été roulé par le travers et a embarqué des tonnes d'eau instantanément, créant le chaos d'une carène liquide impossible à maîtriser. Avisé, un bon capitaine aurait mis le navire en défense (voir plus bas), ce qui ne fut pas le cas. A noter qu'aucun autre bateau au mouillage de Porticello n'a subi de dommages majeurs. Le mystère déchaînera les hypothèses comme il en va de toute catastrophe inexplicable.
Quoi qu'il en soit, le Parquet de Palerme (Termini Imerese) a ouvert une enquête pour homicide par personne non dénommée du chef de naufrage par négligence. Malgré son acquittement aux Etats-Unis dans l'affaire Hewlett-Packard (11 milliards de dollars), Mike Lynch était-il toujours une cible ? Il est probable que les Italiens défendront leur industrie navale.

Y a-t-il eu récemment quelque chose d'autre d'important ? Pas que je sache ! Hormis la fièvre catarrhale ovine qui menacerait la vente de fromage de Roquefort et toute sa filière. Sinon rien ni que dalles !



Liens utiles :
- Théorème de Thomas Bayes (1701-1761)
- Lancement de la Salute
- YS Bayesian
- Wikipedia



⚓ Postscriptum :
Quelques recommandations venues du pays des typhons qui auraient pu être utiles au capitaine du Bayesian coulé à Porticello par une trombe marine.
A l'annonce d'un ouragan (typhon, tornade) rallier un typhoon shelter ou un port protégé, à défaut un mouillage sûr.
Procéder comme suit si vous êtes en rade :
  • Filer deux longueurs de chaîne par l'avant en affourchage de 60° et vérifier l'ancrage ;
  • Avertir la capitainerie du port que vous mettez votre bateau en défense ouragan et lui donner votre position GPS ;
  • Si possible (délai et conditions de mer) ramener à terre les passagers et l'équipage non essentiel (cuisinier, steward) ;
  • Démarrer un moteur pour être sûr d'avoir du courant sur les pompes de cale, aux apparaux de manoeuvre et sur les écrans ;
  • Abaisser la quille-dérive à fond dans le cas d'un dériveur lesté ;
  • Vérifier que les enrouleurs sont à bloc, amener la toile résiduelle s'il y a lieu et la ferler serrée sur la(es) baume(s) et vérifier ;
  • Vérifier l'accessibilité des extincteurs de bord et la corriger si besoin ;
  • Saisir et vérifier le(s) canot(s) de survie et tous les apparaux de pont y compris les coupe-haubans à poste ;
  • Saisir et vérifier tout le mobilier intérieur et ranger dans les coffres tous les objets partout ;
  • Dès l'assombrissement, allumer les feux de navigation, les phares de pont et fermer au verrou tous les ouvrants ;
  • Convoquer tout le monde dans le carré et se compter ;
  • Fermer les portes de communication même non étanches ; elles participent de la structure de la carène ;
  • Distribuer les gilets et les faire capeler par tous, l'un pour l'autre ;
  • Attendre dans le calme et écouter la radio.
⚓ N.B.: Si vous êtes en route en pleine mer, procéder de la même façon sauf à remplacer le mouillage par une ancre flottante et faire un point très précis avant l'événement. Si les conditions s'y prêtent, faire manger l'équipage et les passagers en consommant le frais. Avertir de la mise en défense le routeur d'à-terre si vous en avez un.

ALSP au sec !

18 août 2024

Les jours se suivent

Un ours blanc suivait un ours noir ; moralité : les ours se suivent et ne se ressemblent pas. La semaine d'en France n'est que du réchauffé, le seul plat froid c'est bien sûr Alain Delon qu'on promènera sans doute aux Invalides pour les chrysanthèmes de monsieur Macron. Teufeur à tous motifs pour passer à la télé, notre président trouvera-t-il le temps de laisser la République se gouverner par ses institutions au lieu d'y verser continûment le poison de la division civile ?
C'est le parlement de Paris qui est souverain en France. Il doit présenter ses propositions pour l'Hôtel de Matignon et attendre le choix du prince. Au lieu de quoi, les Montagnards de la seule Assemblée nationale propulsent un nom non qualifiable et menacent de destitution au titre de l'article 68 le président rétif. Choisir un Jules comme premier ministre, nul n'avait jamais nulle part essayé.

Au-delà du périphérique, les massacres vont bon train. Ne parlons pas des petites incivilités létales qui n'épargnent aujourd'hui aucune sous-préfecture, mais des ratonnades en Palestine occupée qui stimulent réprobation du bout des lèvres chez nous, ce qui joint à la liquidité de raisonnement du géronte américain, enhardit le pouvoir israélien à pousser son programme jusqu'aux premières limites acceptables par l'opinion internationale, tenir tout le pays du fleuve à la mer et écœurer les bédouins qui n'auront d'autre choix que l'exode. De la guerre de terreur menée à Gaza par Binyamin Netanyahou, les Etats-Unis deviennent comptables. Vivement une personnalité capable, un "homme" à la Maison Blanche !

Ignorant la queue de trajectoire ukrainienne, on ne dira rien aujourd'hui de l'affaire de Koursk, sinon que c'est un beau soleil sur un océan de peines. A part ça, les orages du quinze août étaient bien au rendez-vous, comme quoi la nature a encore ses itérations rassurantes. Les joutes sétoises commencent jeudi, et ça fait trois cent cinquante ans ! Le pays au niveau du canton reste l'éclat le plus important de la mosaïque nationale. Il va falloir s'y défendre et combler le vide judiciaire qui compromet partout l'ordre et la paix civile. Se prendre en main en quelque sorte. La question qui resterait à répondre serait de savoir si Jean-Luc Mélenchon a félicité ou pas Nicolas Maduro pour sa brillante réélection. In petto c'est plus que sûr, en conséquence de quoi il aurait du sang sur les mains !

ALSP !

11 août 2024

Pause du Quinze-Août

Le temps de vous préparer pour la Saint-Louis de Sète qui commencera jeudi en huit et commémorera la fondation du port de commerce en 1666 : CLIC sur le programme des réjouissances.

Un soupçon d'histoire ? Le port en eau profonde de Cette (devenue Sète) fut créé par Louis Nicolas de Clerville, ingénieur des fortifications de Louis XIV à la demande de Colbert, et sa construction fut lancée sur crédits des Etats de Languedoc. Une monographie très intéressante est éditée par Persée, qui est accessible en cliquant ici.

ALSP !

04 août 2024

Les Jeux de l'insouciance

La planète n'a d'yeux que pour les Jeux de Paris, à ce que disent du moins les gentils organisateurs de la manifestation la plus chic, décalée parfois et huppée de l'histoire olympique. L'affaire n'échappe pas au French bashing habituel malgré l'indéniable engouement du public français, ni aux « peine-à-jouir » de l'émigration intérieure, mais nous avons tué le match au premier jour avec la vasque montée sous l'invention des Frères Montgolfier. Et de tout ce vacarme il ne restera que des larmes de joie et quelques géants du sport rassasiés par leur médaille d'or... Puis nous reviendrons à nos moutons... tristes moutons. En France, un gouvernement de rencontre, la chambre impuissante, une dette abyssale qui nous ronge les comptes et les déficits publics inarrêtables, sauf à envoyer aux marais pontins tous les assistés de la marquise et les Insoumis devant. Combien de temps ce pays magnifique survivra-t-il au Mensonge ? Mensonges de ses élites politiques, mensonges de ses économistes d'Etat, mensonges que se racontent chacuns à vouloir croire que tout finira toujours s'arranger, même mal ? La banqueroute est devant nous et nous ne ralentissons pas le train qui va au ravin quand rares sont ceux qui ne réclament pas plus d'allocations à la république exsangue.

Insouciance ? Nous sommes à la confluence de l'affrontement des empires revenus et doublement, à la merci de sociopathes bunkérisés qui ne veulent suivre en rien les lois de l'histoire qui les condamnent. Or comme disait un professeur au Collège de France dont j'ai perdu le nom, la stratégie comparée est une science de plein exercice mais elle est souvent contredite par l'hubris de protagonistes majeurs évoluant sur l'épure des calamités. La formule de la diagonale du fou s'y applique. Prédire les évolutions des grands ensembles impériaux sous le poids des contraintes géopolitiques - ne parlons même pas des intérêts bien compris - est une occupation de salon littéraire. Pourquoi Adolf Hitler attaqua la Grande Bretagne en juillet 40, alors qu'il tenait déjà toute l'Europe utile d'Hendaye à Tromsø ? Pourquoi se jeter sur le régime stalinien après la défaite historique de Napoléon Ier ? Pourquoi Georges W. Bush est parti en Irak soumettre le régime baassiste de Saddam Hussein sans feuille de route à suivre après sa mort ? Pourquoi Vladimir Poutine a-t-il décidé de se fourrer dans le piège ukrainien avec un état-major d'amateurs dociles qui le contraint aujourd'hui à promener partout chez lui ses bombes atomiques ? par priapisme ? Pourquoi Benyamin Nétanyahou est-il condamné à dramatiser au maximum sa vengeance du pogrom du 7 octobre sur les Gazaouis, les Libanais, les Syriens, les Iraniens ? Plutôt pour lui le chaos d'un quoiqu'il en coûte terrible que la prison ou l'exil préventif à Palm Beach chez le grand con jaune ! On ne parlera pas des comiques sanglants comme Maduro ou Loukashenko.

Mais le globe n'est tranquille nulle part, les défis y sont partout dangereux. Jusques à quand l'APL chinoise va-t-elle harceler la République de Chine repliée à Taïwan, cherchant par tout moyen le prétexte donné à une opération de bombardements massifs de Taïpei, Kaohsiung ou Taïnan ? Combien de temps faudra-t-il à la paire de Kim pour laisser tomber par inadvertance une fusée balistique sur une ville japonaise ? S'il y manquait quelque chose, il suffirait de faire le tour de la Mer de Chine mérodionale où tout le monde se déteste mais où les pays peuvent s'unir momentanément contre la Chine captatrice. Hors-sujet, pas vraiment : ceux qui peuvent allumer des chaînes étrangères sur leur téléviseur constateront les ravages climatiques graves dans les pays asiatiques qui font monter les peuples en pression au-delà du supportable. On sait d'expérience que cette pression peut être relâchée par une aventure guerrière des pouvoirs publics. Les soupçons visent le réchauffement de la planète bleue, mais le remède exigé par les organisations internationales condamnent le développement du tiers-monde auquel appartiennent beaucoup des pays ravagés par l'incurie de leurs dirigeants ou par l'infertilité de la Création.

Je regardais ce tantôt un reportage sur le Somaliland(clic). Plus miséreux que ce lambeau de la Somalie primitive, c'est difficile à trouver. Ils n'ont rien, que dalles sauf des dromadaires à viande, mais conservent l'espoir de s'en sortir un jour, leurs enfants au moins, par l'exploitation d'hydrocarbures enfouis sous le désert. Seront-ils déjà condamnés d'intention pour enfreindre la doxa décarbonée ? Bah, ils feront donc la guerre ; les Somalis y ont bonne réputation. D'ailleurs c'est une activité à la mode. Une liste actualisée ? En partant de l'île de Fer vers l'est, Mali, Burkina, Niger, Tchad, Soudan, RDC, Ukraine, Palestine, Syrie, Yémen, Myanmar ; et ce ne sont que les guerres ouvertes d'extermination. Les foyers de tension éruptive sont au moins aussi nombreux. Alors profitons bien des jeux du cirque sans lions, panthères ou taureaux et applaudissons les athlètes du monde entier venus jusqu'à Paris à la poursuite du graal qu'ils exposeront demain sur le buffet de leur cuisine. Maman, maman, je passe à la télé ! Ah oui ! J'avais oublié Xavier Bertrand qui se fait un film mental à sa gloire pour Matignon, mais ne sera pas celui que les oppositions au président attendent. Il est en vitrine depuis trop longtemps et la teinte est passée. Le "maître des horloges" veut jouer sa partition et nous surprendre jusqu'au bout. Tout est à craindre.
Un nom ? Christiane Taubira.

ALSP !