Même s'il n'était pas taillé pour les cinquantièmes hurlants, comment un super-yacht d'un tonnage de 473GT a-t-il pu sombrer en moins de cinq minutes est la question que se posent tous les architectes navals et le chantier italien le premier. On s'accorde sur l'accumulation d'erreurs du commandant. Pour être englouti de telle manière, il faudrait que tous les ouvrants soient ouverts laissant entrer des mètres-cubes d'eau par seconde (c'est possible par ces chaleurs) ; que le navire soit ancré à l'avant et à l'arrière de façon à ne pouvoir éviter la tornade en se mettant naturellement dans le lit du vent s'il n'avait eu qu'un mouillage de proue ; que la quille-dérive soit remontée annulant le couple de redressement donné par une quille lestée de presque dix mètres de profondeur, indispensable sous voile.
De quelles informations disposait le commandant quant à l'évolution du temps sur la rade de Porticello ? L'enquête anglo-italienne le dira. Mais les premières déclarations du capitaine du superyacht, qui a ramené quinze passagers à la côte dans un canot, ont été infirmées par les observations des plongeurs sur l'épave. Le mat est à poste (il n'a pas cédé), les écoutilles sont closes et aucun déchirage de la coque n'a été constaté. Par contre les secours ont été freinés dans le bateau sinon bloqués par le mobilier dispersé dans toutes les coursives où l'eau l'a poussé. Le chantier nie toute responsabilité des plans de construction et suggère de mauvaises dispositions ou un défaut d'ordres adéquats de la part du capitaine.
Mon avis individuel et gratuit ? Un cotre de 56m gréé d'un mat de 75m est un défi lancé à Neptune. Dans ces tailles, on est plus souvent gréé en ketch ou en goélette pour diviser la voilure et l'énergie qu'elle exige à l'établir. On n'imagine pas le temps qu'il faut pour envoyer toute la toile sur un sloop pareil, soit 3000m², et surtout pour la rentrer. Probablement que le yacht a été roulé par le travers et a embarqué des tonnes d'eau instantanément, créant le chaos d'une carène liquide impossible à maîtriser. Avisé, un bon capitaine aurait mis le navire en défense (voir plus bas), ce qui ne fut pas le cas. A noter qu'aucun autre bateau au mouillage de Porticello n'a subi de dommages majeurs. Le mystère déchaînera les hypothèses comme il en va de toute catastrophe inexplicable.
Quoi qu'il en soit, le Parquet de Palerme (Termini Imerese) a ouvert une enquête pour homicide par personne non dénommée du chef de naufrage par négligence. Malgré son acquittement aux Etats-Unis dans l'affaire Hewlett-Packard (11 milliards de dollars), Mike Lynch était-il toujours une cible ? Il est probable que les Italiens défendront leur industrie navale.
Y a-t-il eu récemment quelque chose d'autre d'important ? Pas que je sache ! Hormis la fièvre catarrhale ovine qui menacerait la vente de fromage de Roquefort et toute sa filière. Sinon rien ni que dalles !
Liens utiles :
- Théorème de Thomas Bayes (1701-1761)
- Lancement de la Salute
- YS Bayesian
- Wikipedia
⚓ Postscriptum :
Quelques recommandations venues du pays des typhons qui auraient pu être utiles au capitaine du Bayesian coulé à Porticello par une trombe marine.
A l'annonce d'un ouragan (typhon, tornade) rallier un typhoon shelter ou un port protégé, à défaut un mouillage sûr.
Procéder comme suit si vous êtes en rade :
- Filer deux longueurs de chaîne par l'avant en affourchage de 60° et vérifier l'ancrage ;
- Avertir la capitainerie du port que vous mettez votre bateau en défense ouragan et lui donner votre position GPS ;
- Si possible (délai et conditions de mer) ramener à terre les passagers et l'équipage non essentiel (cuisinier, steward) ;
- Démarrer un moteur pour être sûr d'avoir du courant sur les pompes de cale, aux apparaux de manoeuvre et sur les écrans ;
- Abaisser la quille-dérive à fond dans le cas d'un dériveur lesté ;
- Vérifier que les enrouleurs sont à bloc, amener la toile résiduelle s'il y a lieu et la ferler serrée sur la(es) baume(s) et vérifier ;
- Vérifier l'accessibilité des extincteurs de bord et la corriger si besoin ;
- Saisir et vérifier le(s) canot(s) de survie et tous les apparaux de pont y compris les coupe-haubans à poste ;
- Saisir et vérifier tout le mobilier intérieur et ranger dans les coffres tous les objets partout ;
- Dès l'assombrissement, allumer les feux de navigation, les phares de pont et fermer au verrou tous les ouvrants ;
- Convoquer tout le monde dans le carré et se compter ;
- Fermer les portes de communication même non étanches ; elles participent de la structure de la carène ;
- Distribuer les gilets et les faire capeler par tous, l'un pour l'autre ;
- Attendre dans le calme et écouter la radio.
ALSP au sec !
Mis en cause, le chantier naval renflouera l'épave qui gît sur un bord par 56 mètres de fond. Ce yacht faisait partie d'une série de quatre dont il faut rassurer les propriétaires.
RépondreSupprimerDeux thèses s'affrontent déjà après la déclaration du patron du chantier naval qui charge le commandant du navire. Fallait-il ou non mouiller en rade et s'y maintenir ?
RépondreSupprimerIl est certain qu'un bateau libre oppose une moins forte résistance aux éléments qui le ballotent, mais à quelques sept cents mètres de la côte (et moins encore sur la carte bathymétrique jusquà la ligne de sonde des 10m) le danger est grand d'y être drossé et détruit comme du petit bois.
D'où notre choix d'affourcher.
Proverbe Niçois: "Flatte la mer mais reste sur terre"
RépondreSupprimerComme Aristote : trois sortes d'hommes, les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer.
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