En 2013, Madeleine Albright avait fort bien résumé le combat politique d'Aung San Suu Kyi pour le Time-100 de l'année. C'est à lire ci-dessous :
« En 1990, l'armée birmane a refusé de reconnaître la victoire électorale du parti pro-démocratie d'Aung San Suu Kyi. Cinq ans plus tard, lorsque Suu Kyi a été libérée de son assignation à résidence, je lui ai rendu visite à Rangoon, où elle était ferme dans ses revendications : une véritable démocratie, la liberté pour les prisonniers politiques, la fin du gouvernement par la peur.
S'ensuivit un test de volonté pour déterminer l'avenir de la Birmanie ; d'un côté se trouvait une junte totalitaire, et de l'autre cette femme indomptable.
Pendant des années, il ne semblait y avoir aucun espoir ; mais ensuite, en 2011, les autorités ont commencé à reculer. La censure a été réduite ; les prisonniers ont été libérés. Suu Kyi a été élue au Parlement. Aujourd’hui, une véritable démocratie est promise.
N’étant plus prisonnière, Suu Kyi est une dirigeante politique qui doit prendre des décisions dans un environnement politique fragile. La bravoure d’Aung San Suu Kyi pour défier — et vaincre — la répression donne de l’espoir à tous ceux qui chérissent la liberté.»
S'ensuivit un test de volonté pour déterminer l'avenir de la Birmanie ; d'un côté se trouvait une junte totalitaire, et de l'autre cette femme indomptable.
Pendant des années, il ne semblait y avoir aucun espoir ; mais ensuite, en 2011, les autorités ont commencé à reculer. La censure a été réduite ; les prisonniers ont été libérés. Suu Kyi a été élue au Parlement. Aujourd’hui, une véritable démocratie est promise.
N’étant plus prisonnière, Suu Kyi est une dirigeante politique qui doit prendre des décisions dans un environnement politique fragile. La bravoure d’Aung San Suu Kyi pour défier — et vaincre — la répression donne de l’espoir à tous ceux qui chérissent la liberté.»
Elle remporte ensuite toutes les élections sous les applaudissements du monde entier, jusqu'à ce que l'irrédentisme musulman s'invite en Arakan, poussé par les prêcheurs du Golfe persique attisant la misère d'une communauté plus ou moins importée par les Anglais sur les terres bouddhistes du petit véhicule, le moins accommodant. Les Rohingyas n'ont pas une meilleure réputation que les Roms ne l'ont chez les Slaves d'Europe orientale, et leur revendications ont donc été écrasées par une répression féroce, elles le sont toutes !
La Communauté Internationale s'est émue du silence puis de l'approbation par Aung San Suu Kyi de la réaction musclée de l'Etat birman. Les distinctions ont commencé à lui être retirées et les grandes voix de la conscience universelle lui devinrent hostiles, jusqu'à ce qu'elle perde l'aura qui la protégeait des appétits politiques de la junte rampante. Et ce fut le coup d'Etat militaire du 1er février 2021. Les critiques étrangères de son mandat auront abouti à son renversement. Elle est depuis lors assignée à résidence chez elle sous un régime assez permissif, tant qu'elle ne se mêle pas des affaires de ces messieurs à casquette.
La bien-pensance mondialisée s'est trompée sur Aung San Suu Kyi. Elle n'est pas une pigiste féministe au Nouvel Obs mais un homme d'Etat dans un pays compliqué qui affronte une lutte de désintégration permanente menée par les minorités ethiques de la montagne. La déstabilisation de l'Arakan devenait une menace existentielle pour la nation birmane parce qu'elle redoublait au sud la menace venue des communautés du nord. Elle a donc réagi en "chef d'Etat" responsable contre la tenaille qui menaçait son pays, et pas en midinette des droits de l'homme. On pense dans les chancelleries qu'elle aurait pu mieux s'y prendre, elle en convient d'ailleurs. Un peu plus de langue de bois humanitaire, un soupçon d'hypocrisie et d'égotisme auraient pu la sauver sur la piste du grand cirque diplomatique. Mais ce n'est pas son caractère, et son entêtement lui ayant valu deux fois la victoire, elle ne pouvait pas s'en défaire et ruser. La menace islamique était trop visible, des Birmans, mais pas des moralisateurs climatisés d'Occident !
On peut en retenir qu'il existe des pays difficiles qui n'ont pas de chance - le pays était en 2020 sur les rails d'une vraie démocratie - quand d'autres pays, perclus d'atouts uniques au monde, se ruinent consciemment dans des idées évaporées de solidarité et d'assistance des gens du berceau à la tombe. L'autre sujet de la semaine est une synthèse franco-algérienne que nous propose la libération allemande de Boualem Sansal.
Faisons un sort déjà au contentement de M. Barrot qui y voit l'effet d'une "relation exigeante" quand tout le monde s'accorde à dire que le dialogue avec le Quai d'Orsay est cassé (selon les mots-mêmes de l'ambassadeur de France à Alger) et que la situation du condamné n'avait fait qu'empirer. Les autorités françaises ont cherché à capter immédiatement la gloire de l'élargissement de l'écrivain quand tout le monde sait que c'est la société des amis de Boualem Sansal (éditeurs, libraires, lecteurs et amis) qui a tout fait pour obtenir la grâce présidentielle, sans liaison avec le Quai. Celui qui a eu l'idée de demander à Frank-Walter Steinmeier de passer un coup de fil à Abdelmadjid Tebboune afin qu'il vienne en Allemagne soigner sa condition physique très dégradée, est pour l'instant un génie méconnu. Le président Tebboune a l'habitude de se faire soigner en Allemagne pour des interventions hors de portée du système de santé algérien. Donc c'est bien vu !
On notera dans la séquence des peigne-culs s'en suivant que ni le Premier ministre français ni le ministre des affaires étrangères n'ont daigné citer le nom du président allemand, encore moins le remercier nommément et en public. C'est loin Vergennes, mais nous sommes habitués à une diplomatie de nains de jardin ! Que de la gueule !
Quel était le motif de la condamnation ? Au beau milieu de la guerre froide algéro-marocaine qui est plus un affrontement identitaire qu'une revendication territoriale, il n'est pas très malin d'argumenter sur la marocanité des cantons occidentaux d'Algérie, même s'il y a eu effectivement des confiscations de sol au détriment du protectorat pour renforcer la colonie. Boualem Sansal n'en était pas à sa première imprudence, surtout par sa critique inlassable de l'islamisation forcée de son pays après la loi de Concorde civile de Bouteflika qui rouvrait la porte aux radicaux pour en finir avec la guerre civile. Boualem Sansal a eu toujours la dent dure, prenant à témoin les Français à qui il distribuait ses avertissements contre le quiétisme trompeur des chargés de chaire islamique chez nous.
Je pense que ce sont les religieux qui ont cherché à le faire taire, plus que l'état-major général. Son retour en Algérie était une décision irréfléchie. Maintenant il le sait ! Ce n'est pas pour autant qu'il doive s'abandonner au triomphe d'un retour vainqueur à Paris parmi la communauté des dissidents algériens. Le président allemand a motivé sa requête par des conditions humanitaires de santé justifiant son hospitalisation en Allemagne. Qu'on joue la partition jusqu'au bout. Il est inutile d'étaler maintenant la duperie. Et lui-même serait mieux inspiré de faire profil bas, sa naturalisation, ayant juste un an et quatre mois, ne lui a pas servi à grand chose, le Quai étant incapable d'actionner sa nouvelle nationalité.
En fait, il est assigné à résidence en Europe (il y a pire) avec une liberté de parole retrouvée qu'il ne sert à rien d'exagérer, les destinataires de ses dénonciations étant parfaitement étanches à la critique. Qu'il vieillisse bien et longtemps pour nous faire profiter de livres intéressants, c'est tout le mal qu'on lui souhaite !
Le problème franco-algérien, c'est la relation spéciale et toxique entretenue par chacune des parties depuis l'indépendance et l'exode. Les points de discorde ne peuvent se dissoudre que dans une relation normale, banale, standard, d'Etat à Etat, de nation à nation. Ce sont les passe-droits et les exemptions diverses qui lèvent la colère de part et d'autre. Et, dit en passant, l'abrogation des accords de 1968 n'est pas le remugle d'un passé colonial moisi mais une conversion de la relation spéciale au droit commun universel. Cette situation atypique est de la faute de la France qui a toujours considéré qu'elle avait un devoir d'accompagnement, de commentaire et de critique sur l'Algérie. Les délégations du FLN n'avaient aucun levier pour exiger en 1962 comme 1968 un statut privilégié pour leur pays. Elles devaient se contenter de l'indépendance et des atouts que lui laissait l'ancienne puissance coloniale. Bien gérée, l'Algérie était capable de tutoyer dans les années 60 le niveau économique de l'Espagne. On en est aujourd'hui très loin du fait de la mise en coupe réglée du pays par la junte et ses familles. Elle n'avait besoin d'accompagnement d'aucune sorte, sauf peut-être à laisser ouvert le marché français pour y écouler ses productions exportables. Il y a fort à parier qu'une discussion Macron-Tebboune les yeux dans les yeux pour établir la banalité intégrale de la relation franco-algérienne sans discrimination aucune, aurait dû aboutir pour le plus grand bien des Algériens de France d'abord, et de nos entreprises françaises en Algérie aussi.
Ce paternalisme délétère fut appliqué par l'administration gaulliste à tous les pays décolonisés. "Vous êtes indépendants dans les limites que nous vous octroyons sous la menace de tarir le virement mensuel des fonds structurels". C'est le drame de la France-Afrique, on n'y reviendra pas, elle meurt enfin, puisque les décolonisés sont grands maintenant et que nous sommes raides ! L'Algérie n'était pas une colonie africaine comme les autres, son indépendance une fois assumée convoquait plus d'intelligence que nous n'en avons montrée.
Kamel Daoud ne prendra pas l'avion.
Pour rester dans le coup, il faut terminer par la COP30 de Bélem. Ce grand raout climatique tiendra sa promesse de réseautage et d'accès des lobbyistes aux décideurs nationaux. Parmi ces lobbies, le plus puissant est toujours celui des pétroliers et "fossiliers" qui négocient leur futur. Ce qui me fait dire que si le réchauffement climatique et ses désordres ne peuvent être contenus que par l'unanimité des pollueurs - nous tous - le pas de côté (inqualifiable) de l'Administration Trump ruine cette perspective, et malgré les efforts colossaux de la Chine populaire, il faut que les peuples - nous tous - se préparent dès maintenant s'adaptater aux événements météorologiques monstrueux.
Le petit grillon de Pinocchio me sussure à l'oreille que la limite arbitraire et quelque part magique des 2 degrés C. sera dépassée avant la fin du siècle, et que les générations nouvelles doivent se préparer à l'assaut des éléments. On peut réclamer des mesures conservatoires au président, au préfet, au maire voire même au Macronard de la circonscription. Mais au niveau de ce blog individuel et portatif, que fait-on, toi, nous, lui, sans attendre l'ouverture promise du four à gaz qui déclarera la planète invivable ? Toi-nous-lui un milliard de fois, cela pourrait quand même changer des choses ! Quelques idées en partant de l'hypothèse (invérifiable) que le réchauffement climatique est provoqué par la surpopulation de la planète, planète confisquée par une espèce prédatrice de toutes ses ressources qui n'arrive plus à les reconstituer. Nous pourrions bien mourir d'overdose de la consommation. Alors ? :
- Réduire sa consommation générale de tout, acquérir un réflexe de refus si la convoitise n'est pas de nécessité.
- Réduire la cylindrée de la prochaine voiture à proportion des limitations de vitesse ; et apprendre à conduire sur le couple, c'est le régime qui consomme le moins.
- Gérer l'eau en récupérant la pluie et les eaux d'évier. Les citernes en maçonnerie creusées dans la garrigue aride de Montpellier paliaient les sécheresses en accumulant l'eau des orages.
- Rafraîchir son environnement proche par la végétalisation des structures. Les vignes vierges d'antan n'étaient pas que décoratives.
- Chauffer moins (quel que soit le mode de chauffage), s'habiller plus chaudement de laine naturelle ou de cotonnades feutrées.
- Ne pas courir à droite et à gauche pour un rien. Eviter Dubaï !
- En un mot, consommer "responsable" en visualisant la chaîne de production et de destruction.
ALSP !
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