L'enhardissement

Ils osent tout, c'est à ça qu'on les reconnaît, aurait pu dire Michel Audiard du "con terrible" du Saint-Office de Maurice Rheims, empereur de l'encan qui connaissait l'Etat profond et ses conseillers-maîtres qui nous gouvernent au gré de leurs intérêts propres (pour initiés seulement, sinon lire ce roman-dynamite qui n'a pas pris une ride). Tout ça pour dire que le con terrible vous l'avez tous les jours maintenant dans la lucarne bleue. Abonnez-vous aux chaînes américaines, vous ne le regretterez pas.

Qu'est-ce Trump Donald à la fin ? Non pas un homme d'affaires talentueux comme l'ont démontré les procureurs de Manhattan stupéfaits de voir les maigres résultats de l'entreprise faits de magouilles, tricheries et passe-droits, mais un formidable animateur de la téléréalité, un Guy Lux puissance 10 doté d'un incroyable culot. Il passe d'ailleurs le plus clair de son temps, à ce que disent ses amis qui lui veulent du bien comme Bolton ou Bannon, à suivre sur son portable tout ce qu'on dit de lui sur les réseaux sociaux, à commencer par le sien propre. Essayez donc du lui passer une synthèse de cinquante pages !!!

Après le cirque des cent décrets du premier jour, l'agent orange coiffé d'un chien de prairie mort fut sidéré de la sidération planétaire qu'il avait provoquée. Il fallait remettre ça tout de suite tant qu'il avait capté l'audience. Suivront le Groenland, le Mexique et le Canada et les chasses au sorcières dans les agences fédérales comme la USAID ou le FBI jusqu'à s'enhardir à proscrire les juges et greffiers de la Cour pénale internationale qui a eu l'arrogance de stigmatiser le massacre de Gazaouis par le premier ministre israélien, son copain gai-zé-content d'en tuer le plus possible de ces saloperies.

Des clowns accédant au sommet d'un Etat, il y en eu d'autres, tant dans la vraie vie que dans la littérature et le théâtre ; mais voir surgir pareil phénomène chez la première puissance archi-dominante de cette planète était jusqu'ici improbable. Et pourtant son accession ne fut que le résultat de la démocratie en action qu'il a su instinctivement exploiter à son profit. C'est une éponge qui absorbe le mal-être du peuple et le transforme en solutions simples et surtout compréhensibles par tous. C'est l'archétype du démagogue au sens premier et grec : celui qui conduit le peuple. Un peu de flatterie, quelques "je vous ai compris" et en avant pour la course à la prébende suprême. Il y faut aussi de l'imagination, une résistance psychique et physique hors du commun, un sens aigu de l'à-propos, ne pas céder à la surprise, nier l'évidence avec aplomb, ne jamais bafouiller, paraître heureux à tout moment sous les applaudissements, ce qui disqualifie déjà les imitateurs que nous avons en Europe, qui sont quand même le fond du panier de l'intelligence ! Inutile de les citer.

Face à cette machine médiatique planétaire, que risque l'Europe ? Tout si elle se désunit. L'Europe et ses alliés comme la Grande-Bretagne, la Norvège et la Suisse ont édifié très rapidement un front de résistance et de soutien au profit de l'Ukraine envahie par le nain maléfique du Kremlin ; le mec d'1m65 qui chevauche des ours et pétarade sur un trike Harley Davidson avant que ça lui soit interdit par la géopolitique. Le mâle blanc, format 7/8 qui se veut la terreur des femelles indécises et de leurs groupies de la jaquette, mais qui finalement est obligé de sortir une bombe atomique tous les deux mois pour qu'on le prenne au sérieux. Et même ça, ça ne marche pas, tant il est méprisé. Sauf…… du con terrible de Washington qui y voit un winner, un vrai tatoué ! Malheur à lui s'il se transforme en louseur quand son peuple apathique et dégénéré par l'alcool de sciure décidera un jour à s'en passer en lui faisant sa fête au fin fond des chiottes (c'est de lui). Mais ne nous quittons pas sur un trait d'optimisme. L'Europe disait-on ?

Qu'on le veuille ou non, elle doit monter en puissance maintenant, les souverainetés nationales étant au taquet. Conservons nos atouts - chaque pays a les siens - et ne nous leurrons pas sur le domaine d'effort. Comme le soulignaient les rapports Letta et Draghi (clic), nous sommes en grave déficit d'investissement dans les technologies du futur parce que les moyens dégagés par la production sont détournés vers l'assistanat (pour faire court) stérile par définition, totalement stérile. Quand la France paie deux millions d'allocataires à rien foutre, sauf à balayer deux fois par semaine les feuilles devant l'école communale, elle perd de la substance en continu, elle draine son énergie, entrave la créativité et l'ambition de réussir au bénéfice des rachitiques et difficiles à venir. Sans relire Konrad Lorenz, un peuple aussi inquiet de la condition des plus faibles ou des malformés n'a pas grand avenir dans le Jurassic Park d'aujourd'hui.

Juste une remarque avant de conclure : notre Etat est perclus de déficits qui mettent en péril notre libre-arbitre national - ce qui n'est rien quand on n'en sait rien faire - mais qui surtout hypothèque l'avenir des générations futures. Et pourtant l'Assemblée nationale et le Sénat votent un budget en augmentation qui va immanquablement aggraver nos calamités financières ! Ne pas se moquer des autres, ile se moquent bien assez de nous !

ALSP !