* les 3 peintres sont le président belge et très con, Charles Michel, la présidente allemande autoritaire mais vite fatiguée au suivi, Ursula von der Leyen dont Angela Merkel avait réussi à se débarrasser, et le diplomate catalan qui apprend tous les jours sans trop mémoriser ses leçons, Josep Borrell.
Aujourd'hui nous allons esquisser une confédération des nations, parce qu'on n'en parle jamais, sauf à évoquer en coup de vent une "Europe des nations" que personne n'a voulu définir.
Dans ce projet, les nations demeurent ou redeviennent souveraines sauf à l'impossible. En quoi se manifeste la souveraineté de chaque nation ? Dans l'autodécision à gouverner le domaine régalien. Quel est-il ? Il est composé de cinq budgets d'application, la haute justice, les affaires étrangères, le Trésor, l'armée et la police. Pas un de plus. Sur ces sujets l'institution européenne ne peut intervenir. Tout le reste a vocation à coopérer.
En quoi se matérialise la confédération européenne ? Dit autrement, quels domaines maîtrise-t-elle de soi ? C'est très simple, mais d'abord par qui et comment est-elle représentée ?
Facile. Un Conseil permanent des Etats actionnant un secrétariat général gouvernant les ministères fédéraux ad hoc. Une assemblée parlementaire de contrôle et proposition législative pour avoir le label démocratique. Tout existe déjà, il ne suffit que de le redéfinir.
Dès lors, quel est le champ des compétences confédérales ? Je propose d'en rester à l'essentiel :
- Edicter et faire appliquer les règles du marché unique des biens, denrées et services ;
- Normer pour tout l'espace économiquee européen ;
- Rechercher et préserver la souveraineté alimentaire du continent ;
- Rechercher et préserver la souveraineté des bases pharmaceutiques ;
- Assurer la libre circulation des personnes, matières et capitaux ;
- Assurer la protection du périmètre commun par la douane, les garde-côtes et les garde-frontières.
Dans ce projet, quels sont les domaines ouverts à des coopérations ? Ils sont très nombreux et ne réclament aucune unanimité pour leur mise en place. La coopération est à la carte dans des cadres bilatéraux, multilatéraux voire confédéraux. Tout y est défini sur contrat dans le but d'avantager en commun une production, une sûreté, un avantage spécifique. Citons quelques exemples pour venir ensuite à la question de la guerre.
- Marché commun de l'électricité
- Coopérations capitalistiques industrielles
- Quota de pêche
- Lutte contre le terrorisme et le narco-trafic
- Aérospatiale
- Missilerie
- Etc...
On parle beaucoup et à juste titre de défense européenne. Il vaudrait mieux parler aujourd'hui de réarmement collectif dans le cadre d'une préparation à la guerre contre un ennemi désigné. C'est plus simple et direct. Les collaborations bilatérales ou multilatérales des bases industrielles de défense ne marchent pas autant qu'il le faudrait. La pression des Etats-Unis pour fournir son matériel en retour de sa protection nucléaire y est pour beaucoup ; l'agenda caché de la chancellerie de Berlin fait le reste qui vit dans la crainte d'un découplage atlantique. Après avoir exploré voie et moyens d'obtenir une sécurité européenne autonome, on en revient à ce qui marche, le dispositif de l'OTAN et ses commandements alliés rompus aux manoeuvres et prêts pour les quinze années qui viennent. Mais la vraie démarche à faire au-delà des conférences martiales est de tout simplement augmenter les crédits militaires nationaux au niveau requis par la menace. 3%PIB pour commencer ; 4%PIB à suivre. Cet effort est à financer sur les prestations sociales open bar qui sont en train de couler le navire. L'objectif étant comme toujours... de faire peur ! Plus nous inspirerons une sainte crainte à nos contempteurs, moins nous aurons de "chance" d'ouvrir les hostilités. Pour le moment, il ne semble pas que l'OTAN inspire une terreur suffisante aux dirigeants russes qui poussent partout à la guerre hybride sous le seuil de la guerre à outrance. Il ne faut donc pas se focaliser sur les élections américaines de novembre prochain mais plutôt sur la réforme de la dépense publique européenne pour atteindre les niveaux d'équipements nécessaires à la mission globale de terrification. Nul ne sait ce que fera de l'Article 5 le vainqueur de l'élection, pas même lui ! N'y prêtons pas attention plus que de raison, et faisons déjà notre part.
Au-delà de la défense, qu'en est-il de l'attaque ? Si l'Europe du XXIè siècle a dû abandonner toute idée de conquête martiale d'espaces concurrents ou attrayants en termes de ressources transformables, l'hégémonie mentale et culturelle n'a pas disparu pour autant. Les élites européennes jugent tout partenaire de l'Union au crible de leurs valeurs réputées universelles, fondées maintenant sur le système politique et les libertés sociétales. Elles ne veulent pas comprendre les contraintes supportées par bien des pays étrangers qui les empêchent d'européaniser leurs sociétés, et demandent au contraire à ceux-ci de progresser vers le modèle indépassable construit chez nous sous la dictature de minorités armées par le réveil de l'être sartrien dans tous les compartiments du jeu social.
Le premier ministre du Sénégal vient d'établir clairement la frontière de nos influences en déclarant que les droits des LGBT+ sont une marotte occidentale inapplicable dans son pays qui ne ressemble en rien à aucun pays européen. Ailleurs, le débondage de crédits de développement - forcément liés à la problématique de l'émigration - est conditionné à une meilleure visibilité des apparences de la démocratie chez des peuples organisés bien autrement que le nôtre, chez qui elle n'apporte rien. Mais les censeurs européens s'obstinent dans la voie hégémonique parce qu'elle est la pente naturelle du continent depuis la Renaissance. Il n'est de beau que nous !
Si vous êtes amateur de thèses lourdes, Jocelyn Benoist a publié un article "Autour d'Edmund Husserl" à propos de l'Europe et de son imperium, sur le blog philosophique Jadis l'herbe. On y accède en cliquant ici. Extrait sur le continent-monde tel que les peuples d'Europe occidentale le voient :
« Pour Husserl, esprit rime avec homme (Mensch) et, thèse fondamentale, il n’y a pas d’homme auquel on puisse dénier à bon droit ce titre d’humain qui est le sien, donc son esprit. La différence anthropologique (de l’homme à la bête) ne suffit heureusement pas à fonder l’européanité, et cela vis-à-vis de qui que ce soit.
C’est que la thèse de l’esprit, héritée de l’herméneutique, n’a pas d’autre signification que de récuser la pertinence de la biologie en ces matières : l’homme comme tel, et quel qu’il soit, échappe radicalement à l’ordre de l’animalité telle que la biologie en fait son objet d’étude. C’est dire aussi bien que les différences entre les hommes en tant que tels - même si par ailleurs subsistent des différences relevant de l’anthropologie physique - ne sont pas physiques mais spirituelles. Les différences anthropologiques (de certains hommes à d’autres) sont alors différences d’esprits différents, donc ni physiques, ni différences de ce qui serait doué d’esprit à ce qui ne le serait pas, et c’est en ce sens qu’il n’y a pas de zoologie des peuples, selon un énoncé célèbre tant par sa teneur que par sa rencontre tragique avec son époque (1935). Mais Husserl va plus loin.
Il y a quelque chose d’autre que l’esprit, ou du moins il y a un esprit qui porte en lui un autre de l’esprit. En d’autres termes, il y a une communauté d’hommes dont la différence avec les autres communautés n’est pas réductible à ce cadre général de la différence anthropologique : il y a dans l’Europe quelque chose d’un genre unique.
Un esprit, c’est un monde, ou disons une représentation du monde (si tant est que cela puisse traduire la Weltanschaung allemande), et il y a bel et bien des mondes, ce qui se manifeste aussi bien par le sentiment d’étrangeté qui me saisit si je sors de mon aire culturelle, dans l’opposition d’un chez moi (Heimwelt, en résonance avec la Heimat sans doute) et d’un étranger. De ce point de vue-là, l’Europe, comme esprit, c’est un monde. Mais ce monde n’est pas un monde comme les autres, et son étrangeté aux autres n’a pas ici - ou plutôt pas seulement - la signification habituelle. Car ce qui caractérise ce monde européen, c’est sa prétention à ne pas être un de ces mondes, mais précisément le monde (die Welt), au sens où il ne peut y en avoir qu’un. Énoncé paradoxal, car chacun ne prétend-il pas que le monde soit le sien ? Mais justement cette prétention, comme aspiration (Streben), n’a pas cette signification naïve de la réduction du monde aux limites de mon monde (Heimwelt). Bien plutôt la thèse du monde instaure-t-elle le dépassement radical de tout Heimwelt vers le monde en général.
Les autres mondes sont bien sûr aussi bien candidats à la normativité et à l’excellence, au sens où ils s’éprouvent et se représentent plus et mieux mondes que les mondes étrangers. Mais la différence précisément, c’est qu’ils n’ont pas la perception thématique du monde comme tel, c’est-à-dire de quelque chose qui serait censé être commun à tous les mondes dans la mesure même où cela les dépasserait dans leur mondéité respective. Leurs mondes n’ont pas d’horizon, du moins d’horizon conscient : à côté il y a d’autres mondes, forcément inférieurs au leur, dans la mesure même où la mondanéité, comme être-dans-un-monde particulier est une normativité, mais manque l’au-delà du monde en général, sur le fond duquel la mondanéité comme être toujours dans un monde particulier prend seulement sa signification de faire monde. Cet au-delà l’Europe serait censée en détenir le monopole, monopole ambigu s’il en est, puisque ne pouvant avoir d’autre conséquence que la suppression - ou du moins la relativisation - de tout monopole.»
C’est que la thèse de l’esprit, héritée de l’herméneutique, n’a pas d’autre signification que de récuser la pertinence de la biologie en ces matières : l’homme comme tel, et quel qu’il soit, échappe radicalement à l’ordre de l’animalité telle que la biologie en fait son objet d’étude. C’est dire aussi bien que les différences entre les hommes en tant que tels - même si par ailleurs subsistent des différences relevant de l’anthropologie physique - ne sont pas physiques mais spirituelles. Les différences anthropologiques (de certains hommes à d’autres) sont alors différences d’esprits différents, donc ni physiques, ni différences de ce qui serait doué d’esprit à ce qui ne le serait pas, et c’est en ce sens qu’il n’y a pas de zoologie des peuples, selon un énoncé célèbre tant par sa teneur que par sa rencontre tragique avec son époque (1935). Mais Husserl va plus loin.
Il y a quelque chose d’autre que l’esprit, ou du moins il y a un esprit qui porte en lui un autre de l’esprit. En d’autres termes, il y a une communauté d’hommes dont la différence avec les autres communautés n’est pas réductible à ce cadre général de la différence anthropologique : il y a dans l’Europe quelque chose d’un genre unique.
Un esprit, c’est un monde, ou disons une représentation du monde (si tant est que cela puisse traduire la Weltanschaung allemande), et il y a bel et bien des mondes, ce qui se manifeste aussi bien par le sentiment d’étrangeté qui me saisit si je sors de mon aire culturelle, dans l’opposition d’un chez moi (Heimwelt, en résonance avec la Heimat sans doute) et d’un étranger. De ce point de vue-là, l’Europe, comme esprit, c’est un monde. Mais ce monde n’est pas un monde comme les autres, et son étrangeté aux autres n’a pas ici - ou plutôt pas seulement - la signification habituelle. Car ce qui caractérise ce monde européen, c’est sa prétention à ne pas être un de ces mondes, mais précisément le monde (die Welt), au sens où il ne peut y en avoir qu’un. Énoncé paradoxal, car chacun ne prétend-il pas que le monde soit le sien ? Mais justement cette prétention, comme aspiration (Streben), n’a pas cette signification naïve de la réduction du monde aux limites de mon monde (Heimwelt). Bien plutôt la thèse du monde instaure-t-elle le dépassement radical de tout Heimwelt vers le monde en général.
Les autres mondes sont bien sûr aussi bien candidats à la normativité et à l’excellence, au sens où ils s’éprouvent et se représentent plus et mieux mondes que les mondes étrangers. Mais la différence précisément, c’est qu’ils n’ont pas la perception thématique du monde comme tel, c’est-à-dire de quelque chose qui serait censé être commun à tous les mondes dans la mesure même où cela les dépasserait dans leur mondéité respective. Leurs mondes n’ont pas d’horizon, du moins d’horizon conscient : à côté il y a d’autres mondes, forcément inférieurs au leur, dans la mesure même où la mondanéité, comme être-dans-un-monde particulier est une normativité, mais manque l’au-delà du monde en général, sur le fond duquel la mondanéité comme être toujours dans un monde particulier prend seulement sa signification de faire monde. Cet au-delà l’Europe serait censée en détenir le monopole, monopole ambigu s’il en est, puisque ne pouvant avoir d’autre conséquence que la suppression - ou du moins la relativisation - de tout monopole.»
En résumé... (vous pensez qu'il est temps ?)
Nous avons besoin d'une confédération des Etats européens indépendants pour faire ensemble ce que chacun ne peut mieux faire seul, au lieu d'une fédération caporalisante qui favorise le bourgeonnement d'une technocratie capable de capter tous les pouvoirs et surtout les études, jusqu'à servir de cerveau aux chefs d'Etats et de gouvernements du Conseil actuel. On n'a pas parlé de la monnaie. Il n'y a rien à en dire. D'expérience maintenant et contre tous les "principes monétaristes", nous bénéficions d'une monnaie internationale qui tient son rang sur les marchés et qui est mise en réserve chez toutes les banques centrales de la planète. Si la gestion de la BCE peut être améliorée, l'utilité de la monnaie commune ne se discute même plus ; sauf peut-être encore par les orang-outangs de la vieille économie comme Charles Gave. Il vient de prédire l'effondrement de l'Union européenne pour la Toussaint !
Alors dimanche ?
Rien ! Il n'y a pas de parti confédéral qui sache articuler des institutions communes ramassées sur des domaines rétrécis et durcis. La tendance - et les débats télévisés le montrent bien - la tendance est à s'occuper de tout, jusqu'au nombre de petits pois dans la cosse et la sanctuarisation de l'avortement dans les traités ! C'est notre plus grossière erreur que d'accepter cette connerie minutieuse ; ce n'est pas un carton rouge qu'il faut sortir, mais l'essence gélifiée au phosphore blanc.
ALSP pour les résultats du scrutin !
A signaler le score étonnant de l'Alliance rurale dans le département de l'Aveyron où la liste Jean Lassalle fait 8,11% devant la liste Bellamy.
RépondreSupprimer(source : https://www.la-croix.com/elections/resultats-europeennes/aveyron-12)