Si on s'éloigne de la chronique quotidienne des événements, on peut comprendre que la mise en tension déjà ancienne de la structure dans ses moindres renforts avait fini par provoquer la rupture du système politique. Pourtant de grands esprits comme Vauban, Quesnay, Gournay, plus tard Trudaine, Turgot, avaient prévenu le pouvoir royal et proposé des réformes de fond de la société économique française, mais la cour était à ses plaisirs, le roi à ses guerres ou à la chasse, qui n'aimaient pas être dérangés. A part la réforme parlementaire de Maupeou sous Louis XV, aucune réforme de fond ne fut entreprise voire possible, puisqu'elle aurait entamé l'influence des ordres privilégiés, clergé, noblesse et parlement souverain.
De l'état du royaume de France, c'est Tocqueville qui en parle le mieux, dans son livre "L'Ancien régime et la révolution" dont un large extrait est publié en ligne et qu'on peut lire avec profit en cliquant ici.
On y dit entre autres : « Il n’y eut jamais sans doute de révolution plus puissante, plus rapide, plus destructive et plus créatrice que la Révolution française. Toutefois, ce serait se tromper étrangement que de croire qu’il en soit sorti un peuple français entièrement nouveau, et qu’elle ait élevé un édifice dont les bases n’existaient point avant elle. La Révolution française a créé une multitude de choses accessoires et secondaires, mais elle n’a fait que développer le germe des choses principales ; celles-là existaient avant elle. Elle a réglé, coordonné et légalisé les effets d’une grande cause, plutôt qu’elle n’a été cette cause elle-même.
En France, les conditions étaient plus égales qu’ailleurs ; la Révolution a augmenté l’égalité des conditions et introduit dans les lois la doctrine de l’égalité. La nation française avait abandonné, avant toutes les autres et plus complètement que toutes les autres, le système de fractionnement et d’individualité féodale du Moyen Âge ; la Révolution a achevé d’unir toutes les parties du pays et d’en former un seul corps.
Chez les Français, le pouvoir central s’était déjà emparé, plus qu’en aucun pays du monde, de l’administration locale. La Révolution a rendu ce pouvoir plus habile, plus fort, plus entreprenant. Les Français avaient conçu avant et plus clairement que tous, l’idée démocratique de la liberté ; la Révolution a donné à la nation elle-même, sinon encore toute la réalité, du moins toute l’apparence du souverain pouvoir.
Si ces choses sont nouvelles, elles le sont par la force, par le développement, non par le principe ni par le fond.
Tout ce que la Révolution a fait se fût fait, je n’en doute pas, sans elle ; elle n’a été qu’un procédé violent et rapide à l’aide duquel on a adapté l’état politique à l’état social, les faits aux idées et les lois aux mœurs.»
Il nous aura fallu deux siècles pour que la nation retourne à ses vomissements. La France d'aujourd'hui est au même stade de tension que l'était celle des Etats-Généraux de 1789, à ceci près que l'insoumission de droite comme de gauche est maintenant payée au mois et que ses chefs révolutionnaires s'enrichissent sur la prébende.
Le régime a son clergé socialiste, sa noblesse d'Etat qu'on appelle haute bourgeoisie, les forces vives mécontentes de devoir payer pour une masse infinie d'assistés, des finances ruinées par la bêtise de cinq chefs d'Etat sous-calibrés (comme Louis XVI), in fine d'un phraseur qui n'aurait jamais dû descendre de l'avant-scène où il se faisait applaudir, un modèle social qui fait du déficit comme une machine à boyau des saucisses, et un peuple castré par l'Etat-providence, qui ne bougera qu'acculé au mur. Le Français a le pressentiment d'une déflagration ! Il est probable que ses vacances aoûtiennes soient les dernières de l'insouciance, à preuve, les autoroutes étaient bondées ce week-end comme jamais, comme s'il fallait ne pas les rater cette fois. Sinon quoi ?
Le Manitoba ne répond plus. Le Chadburn est cassé. Monsieur le ministre agité des affaires étranges, très étranges, s'étrangle maintenant d'entendre une réfugiée palestinienne admise sur concours informel - elle est super forte en français - glorifier le soir venu dans le confort des réseaux sociaux, Hitler et les fours à bois. Pensait-il qu'elle prendrait son rond de serviette au dîner du CRIF ? Le syndrome du vivre-ensemble ronge nos élites. Après quatre-vingts ans d'expérience au Proche Orient, les uns et les autres n'en ont plus envie. Nous si ?
ALSP !