Les fantômes n'existent pas… séparément. Ils n'ont pas d'autonomie, de libre arbitre, d'intentions, de destin. Les fantômes existent au cœur du transit de nos synapses, ils sont en nous, créés en permanence en notre esprit, ils sont parfois insistants et nombreux comme la longue théorie, bien nette en images des copains, fantômes bienveillants qui ont dû mobiliser leur reste à charge d'éternité et nous attendent. Les fantômes sont exclusivement des souvenirs que nous arrangeons à notre façon pour enjoliver ou dégrader le passé, ou pour corrompre la quiétude du présent en les arrachant à leur silence. Les pires à supporter sont ceux des vivants car il en existe aussi.
Au quotidien, j'ai souvenance des joies et des souffrances miennes, de celles d'autrui parfois que j'ai gâchées, de moments neutres aussi d'un passé riche en chocs, mais sans doute le plus redoutable est d'être confronté à la dégradation naturelle d'un humain que vous avez aimé, que vous ne reconnaissez plus. La douleur s'insinue en vous si profondément que vous ne pouvez plus la localiser pour la combattre. Il faut alors changer de fantôme en chassant de l'écran l'image qui s'est définitivement imprimée dans votre mémoire et que vous ne supportez pas. "Les amours, les emmerdes" disait Charles Aznavour ; il vaut souvent mieux qu'elles ne remontent pas. Alors on commente de la politique, des catastrophes, des tueries, des guerres, n'importe quoi pour oublier la Lolita blonde qui vous intimidait jusqu'à vous ôter la parole, en redoutant qu'elle soit devenue aujourd'hui une vieille mégère acariâtre tanée par les soucis de la vie comme celle de Nabokov. Encore si elle était morte, la triste évolution serait stoppée et l'image figée avant de devenir insoutenable. Donc, M. Barnier est suspendu aux fils des marionnettistes de la Chambre basse.
Le parlement est en passe de voter un budget en fort déficit pour un pays endetté jusqu'au cou sous surveillance de la Commission européenne et des agences de notation. C'est à n'y rien comprendre sinon comprendre que les députés n'en ont rien à foutre, hypnotisés qu'ils sont par une réélection à l'issue de la période de douze mois qui suit la dissolution de l'assemblée. Pour les remettre dans les lices du bons sens qui voudrait qu'ils votent au contraire un budget en excédent, petit pour commencer, il siérait de les foutre au mur en préparant la plaque nominative qui immortalisera la purge. Leurs successeurs dans l'emploi ne nous prendraient plus pour des jambons.
Aujourd'hui c'est la Saint Austerlitz. En joue !
ALSP !
Pour mémoire, le cabinet Barnier a été renversé aujourd'hui par 331 voix au Palais Bourbon.
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