12 mai 2024

D'un désert l'autre, Dune 2

Second billet de cette semaine, un peu dans le ton du premier.
J'ai vu Dune 2. C'est un film pour ado très réussi, qui intéressera tout le spectre des spectateurs achetant leur ticket. Sans préparation c'est un bon film avec une photographie superbe, due à Greig Fraser et une trame qui tient la route. Avec un peu de préparation sur l'argument de Frank Herbert, c'est un film bien meilleur. Si les héros, Paul et Chani, ne sont pas tout à fait crédibles dans la mission originale, trop tendres, trop jeunes, on se laisse vite prendre à les accepter dans leur destin car la caméra nous emporte dans un monde si différent du nôtre qu'on en oublie les codes courants. Chani plus que Paul. Je pense que ce choix est un parti-pris de Denis Villeneuve qui s'adresse à un public plus jeune que la moyenne du box-office.

Un ami qui est allé le voir en salle m'a dit s'être agacé par le fond d'écran islamique et les nombreux emprunts à la civilisation arabe. C'est par contre un parti-pris de Frank Herbert qui n'avait sous la main de vendable à tous que la construction mythologique du riche évangile chiite avec massacres, guerres, usurpations et retour de l'imam caché. Pour sûr qu'il déplaira à Téhéran pour n'être pas orthodoxe parfaitement, mais quand il écrivit la saga d'Arrakis, l'auteur ne connaissait pas encore l'ayatollah Khomeini. Sur l'empreinte islamique dans l'oeuvre littéraire de Herbert, il y a d'épaisses thèses dont je vous fais grâce. Mais sur l'écran, il faut prendre l'histoire au premier degré avec sa dose d'exotisme pour un public américain et tout se passe bien.

L'intrigue est résumée par le Huffington Post (clic) : « Dans le premier long métrage adapté de la première moitié du premier roman de la saga littéraire de Frank Herbert, on assiste à la genèse d’un héros. Paul Atréides accompagne ses parents, le Duc Leto et Dame Jessica, sur la planète Arrakis et quitte à regret sa maison sur Caladan. Le Duc s’est vu confier par l’empereur l’exploitation de l’Épice. Cette denrée très rare qu’on ne récolte que sur Arrakis est essentielle à l’Empire, car elle permet notamment les voyages interstellaires.
Mais il ne s’agit pas d’un cadeau de la part de l’Empereur, bien au contraire. En effet, les précédents exploitants et maîtres d’Arrakis, les Harkonnen, ne l’entendent pas de cette oreille. Le clan dirigé par le terrifiant baron Vladimir et son neveu, le musculeux et impitoyable Glossu Raban sabotent les machines servant à l’exploitation, et organisent un complot pour anéantir les Atréides. Les Harkonnen enlèvent la femme du docteur Yueh pour faire de lui un traître envers les Atréides. Puis attaquent le palais.
Le Duc meurt durant l’assaut en tentant de tuer le baron. Paul parvient, lui, à s’enfuir avec sa mère grâce à l’aide de Duncan Idaho, guerrier fidèle aux Atréides, du maître d’armes Gurney Halleck et du docteur Liet-Kynes. Mais les Harkonnen sont tenaces et parviennent à retrouver les survivants. Dans leur fuite éperdue, Paul et Jessica se retrouvent finalement seuls dans le désert, un lieu hostile et dangereux en raison de la présence de vers géants. Ils sont alors recueillis par le peuple Fremen et font la rencontre du chef Stilgar et de la guerrière Chani.
Parallèlement à ces péripéties, Paul doit aussi faire face à des visions. Le jeune homme voit en rêve des évènements qui ne sont pas encore arrivés. Il connaît par exemple déjà Chani avant même de l’avoir rencontrée. En effet, sa mère, ancien membre de l’ordre des Bene Gesserit, pense qu’il est une sorte de messie, le "Lisan al Gaib". Et elle n’est pas la seule. C’est d’ailleurs avec ce surnom que l’accueille le peuple d’Arrakis.
Les spectateurs ont donc quitté un jeune homme meurtri par la mort de son père, assoifé de revanche et perturbé par des visions qu’il ne maîtrise pas. Paul va devoir apprendre à vivre dans le désert, en communion avec lui et avec les vers géants, afin d’accomplir ce que beaucoup pensent être sa destinée.


Le réalisateur a cherché à coller le plus possible au livre de la saga : « C'est ainsi que le livre finit. Le livre Dune se termine avec le début de quelque chose qui est hors de contrôle, et je trouvais que c'était une fin très puissante. J'ai le sentiment que les deux films complètent l'adaptation du livre, et je me sens bien à ce sujet.» (D. Villeneuve à Vanity Fair).

Léger reproche et j'en termine : au montage, le réalisateur s'est parfois laissé endormir par l'esthétique exceptionnelle de la photographie et s'y est attardé plus que de raison. En résumé, un très bon film tout public de la classe d'un Star Wars. Pour la plastique, Zendaya Coleman tient la route et d'autres en ont convenu, comme ici.

Le film s'approche du milliard de dollars d'entrées contre quatre cent huit millions pour Dune 1 ; à ce tarif, la suite est prévisible sinon annoncée.

2 commentaires:

  1. Votre ami n'est pas le seul a avoir été agacé par l'arrière plan arabe et islamique (je plaide coupable). Pour autant ce n'est pas lié au politiquement correct. C'est une volonté de l'auteur qui a fait des Fremen des pratiquants d'une "secte islamique schismatique" L'auteur s' est inspiré directement des populations sahariennes pour l'aspect culturel. En 1965 aux USA ça pouvait sembler exotique...mais c'était avant et ailleurs!

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    1. De mémoire (il y a longtemps) la couleur islamique était moins intense dans le roman de Frank Herbert, même si on évoluait dans un fatras civilisationnel à faire sourire parfois.

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