Hier dimanche, il nous fut rappelé que des petites langues de feu ont vacillé sur la tête des apôtres, celles de la Pentecôte, leur insufflant la force de l'Esprit saint pour courir le monde et prêcher l'évangile. C'était le Vent tempétueux venu du Ciel où était monté le Christ sept semaines auparavant après leur avoir annoncé la venue du Paraclet lors de la Cène : « Si vous m'aimez, gardez mes commandements. Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous.» (Jean, 14-15/18). Trois mille juifs étaient venus de partout à ce rassemblement et chacun entendit le prêche des apôtres dans sa propre langue. L'Esprit était là. Le soir venu, ils se convertirent tous. Ainsi vint le signal de la conquête qui partit d'une poignée d'hommes (cent-vingt disent les Actes) pétris de défauts mais porteurs du Message pour atteindre les confins de la terre : près de deux milliards et demi d'hommes y croient aujourd'hui. Pas mal quand même !
Peu d'entre nous les ont vues hier ces flammes, et tant d'autres qui les auraient vues n'y auraient rien compris ou les auraient prises pour des feux de Saint-Elme provoqués par l'orage, mais c'est de toute autre chose qu'il s'agit. Sans doute dans notre monde agité vaudrait-il mieux faire silence, rentrer en soi-même, attendre et voir comme nous y invitait Clément d'Alexandrie (150-215) : « le myste voit par les yeux du corps, désire par l'âme et contemple en esprit ». Alors elles apparaissent comme en songe, une perception immatérielle qui confine à l'hallucination intime lorsqu'on passe le seuil du mystère !
« Cette contemplation se contient dans une vue intérieure qui détermine une transformation du regard de chair. Cette perception spirituelle est qualifiée de "délirante" par l'intelligence orgueilleuse qui ne veut pas admettre ce qui lui échappe et la dépasse. Il n'y a pas de dialogue entre le contemplatif et l'homme ivre de puissance et de vanité mentale, sociale ou éruditionnelle.» (auteure inconnue de cette source-ci).
Sauf quand tout est perdu et que, les yeux au ciel, le puissant d'hier appelle l'invisible à son secours ! Il ne croit en rien de plus qu'à sa propre insuffisance et renoue avec les terreurs sacrificielles de son ADN préhistorique. Il tuerait mais autrui s'il le faut pour s'en dépétrer car il n'acceptera jamais d'être couché lui-même sur la pierre à couper les victimes du jour. L'humilité est une vertu aussi rare que le génie. Pour brider l'homme, il a fallu l'impressionner...
Ainsi l'Esprit promulga le Décalogue et ce fameux "Tu ne tueras point" qui était la révolution des révolutions. Que les tables de Moïse aient été physiquement perdues n'entame pas la notoriété éternelle des dix lois du Sinaï qui ont fait leur lit sur toute la planète (dans les bateaux des thalassocraties occidentales). De ce jour, la religion fut une morale. On en fit même des droits. Mais la morale est encore la vérité la plus sûre d'une religion ; aux hommes ensuite de la dévier vers un appareillage de pouvoir en la ritualisant !
Que nous apporta l'Esprit ? L'élévation plus qu'une révélation ! L'élévation de nos pensées. Jusques à lui, les dieux étaient un concept humain associé d'abord aux cataclysmes incompréhensibles, parfois terrifiants, qu'il fallait prévenir en leur sacrifiant quelque chose ou quelqu'un, de la chair fraîche. Les sorciers de jadis n'avaient rien trouvé d'autre pour faire taire les foules choquées par les éléments. Si l'on cherche un facteur commun à tous les dieux de la création, c'est ce carnage sacrificiel et leur absence de morale. Les dieux maya n'édictent par leurs prêtres que des rites et des codes de pacification sociale mais pas de vrai corpus moral qui laissera sa place à la loi positive de la nature. Les dieux grecs sont d'abord immortels avant d'être bien ou malveillants, paillards souvent, pervers aussi. Il en va ainsi de tous les autres dieux. Ils sont des émanateurs de superstitions qui à l'usage deviendront des traditions, à respecter toujours si l'on veut éloigner le malheur du cercle des adeptes. Dans cette fonction de paratonnerre, les baals de Canaan survivront au monothéiste de la conquête abrahamique et leurs figurines ont été excavées des fouilles archéologiques à des époques où ils avaient "disparu" de la société judaïque. Les nouveaux convertis avaient besoin d'eux quand tonnait l'orage. Les bouddhistes et tous leurs succédanés s'en sortent en évacuant la mythologie anthropomorphique au bénéfice d'une quête intérieure vers l'éblouissement. Les peuples bouddhistes réintroduiront néanmoins les dieux pour que de besoin, comme la communion des saints catholiques qui est un succédané de polythéisme antique. Le rite est toujours plus facile à suivre que la méditation transcendentale.
Mais la Pentecôte c'est aussi la grande feria de Nîmes lors de laquelle on sacrifie moult taureaux au terme d'une liturgie minutieusement codée, en souvenir de Thésée et du Minotaure. Nous sommes rendus bien loin des feux follets de Chavouot mais nous devrions nous méfier quand même. N'a-t-il pas prédit qu'il viendrait la nuit comme un voleur ? Heureux celui qui veille !
ALSP !
Objection. Les Mayas avaient une morale naturelle et des codes sociaux que l'on pourrait qualifier de "codes d'urbanisme" indispensables à la vie en cité.
RépondreSupprimerLeurs prêtres maitrisaient les éléments et l'astronomie nécessaire au calendrier agraire. Les sacrifices humains étaient l'instrument de terreur coercitive et de cohésion sociale.
Merci de votre contribution éclairante. Les Mayas priaient-ils des dieux bienveillants ?
SupprimerSans doute que les dieux qui veillaient aux moissons, aux accouchements, pour ne citer qu'eux, étaient des dieux bienveillants. Il faut ouvrir les encyclopédies.
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