Aujourd'hui, on sonne du cor au calendrier.
Roncevaux ! Roncevaux ! dans ta sombre vallée,
L'ombre du grand Roland n'est donc pas consolée ?
"J’aime le son du cor, le soir, au fond des bois" surtout si c'est une trompe en ré. Mais Alfred de Vigny ne savait pas faire la différence, question d'oreille.
La trompe de vènerie est un instrument exceptionnel de puissance et de portée, et si terriblement simple que les curieux non avertis y soufflent comme ils s'imaginent que le feraient les moines tibétains.
Ils n'en sortent rien tant qu'ils n'y pètent.
L'instrument
La trompe de chasse, apparue vers la fin du règne de Louis XIII, trouve son aboutissement sous Louis XV. Des perfectionnements suivront qui ne changeront pas le principe d'exécution. C'est un instrument sans piston ni coulisse. Il est formé d'un tube de cuivre mince de 4545 millimètres de long, évasé en pavillon à son extrémité. Ce tube est enroulé sur lui-même 3 fois et demie. Ces caractéristiques sont dites "d'Orléans" dès lors que le modèle fut commandé par le Duc d'Orléans (Chartres) vers 1820 pour son équipage de chasse à courre. Il existe des trompes de plus grand diamètre roulées sur 2 tours et demi mais toujours de la même longueur, dites "Dauphine" ; et quelquefois sur un tour et demi que l'on appelle "Dampierre" du nom de son concepteur ; on les trouve en collection plus souvent qu'en vènerie car fragiles ; et des trompes d'équipage plus serrées sur 8 tours, assez dures à jouer.
C'est le tube d'embouchure conique et son grain (étrécissement) qui personnalise l'instrument et sa facilité plus ou moins grande d'exécution.
Le facteur de trompe le plus connu fut François Périnet. La Maison Périnet (beau site en flash) existe toujours à Paris. Mais on citera aussi les trompes de Christophe Lemonnier (Belleville-sur-Loire) et de Nicolas Poidevin (Caen).
La technique
L'instrument étant "sans fin" le souffle du sonneur ne crée pas de surpression dans le tube. C'est un noeud de pression qui joue. Toutes les fréquences ne sont pas renvoyées par le tube de cuivre puisqu'elles ne trouvent aucun dispositif d'ajustage. Ainsi la trompe est-elle légèrement fausse et cela s'explique avec des formules pythagoriciennes et des tables de fréquences dont je vous fais grâce.
La pratique
Tout est question d'oreille dans la trompe puisque c'est le seul pincement de vos lèvres qui va donner les notes. Il s'agit d'insérer l'accessoire emboîtable spécifique à la trompe dénommé "embouchure" dans le tube éponyme et d'y appliquer ses lèvres serrées et tenant fermement l'ensemble contre ses maxillaires. On gonfle les poumons, et l'on expire l'air à travers les lèvres serrées comme si l'on voulait imiter un "vent". La force du pincement va créer des bruits plus ou moins hauts en fréquence qui deviendront un jour des notes de musique.
Cent fois sur le métier ... et on passera bientôt au tayaut.
Le tayaut et le hourvari
C'est le vrai son de vènerie, celui qui imite les abois du chien courant. Il s'obtient par surprise - mais certains ne le connaîtront jamais - en redoublant l'attaque d'embouchure d'un coup de langue. C'est un coup à prendre, pas facile mais comme le vélo, il ne s'oublie plus.
Le hourvari est une volée de notes liées en une seule respiration. Il fait office d'alarme en cours de chasse si la bête a doublé ses voies et qu'elle est revenue sur le chemin qu'elle avait pris en fuyant. On sonne alors le hourvari, pour prévenir les chiens qu'ils doivent retourner sur leurs pas. Même si la mélodie est difficilement perceptible à cause de la distance, l'attaque est si caractéristique qu'elle alerte immédiatement ceux qui l'entendent.
Le plaisir
Je ne regrette pas les concerts, les cérémonies et les retours de chasse. Mais le vrai plaisir est à pied, de sonner à deux, première et seconde, et l'extase surgit parfois quand quelqu'un que vous ne rencontrerez jamais mais qui vous attend, vous répond de très loin de la même manière et qualité.
Monsieur Oudot vous propose ici quelques fanfares pour vous faire l'oreille. On se revoit à la Toussaint, enfin, au lundi de la Saint-Hubert pour la messe des chasseurs.
ALSP !
Steppique Hebdo
Chaque lundi matin, un post
14 septembre 2025
07 septembre 2025
La Méduse sur son erre
Endettée jusqu'au cou au plus mauvais motif, instable politiquement et c'est un euphémisme, assiégée par les agences de notation qui capitalisent sur le séquestre de l'épargne des ménages, la France, plus beau pays au monde et c'est sans doute vrai pour qui est parti voir ailleurs, fait rire ses voisins.
Le pays de la Loi, le pays des Droits de l'homme, l'instituteur universel de la démocratie s'écroule sous le ridicule qu'elle avait si longtemps conjuré par une logorrhée savante mais qui à la fin tourne au potage amer. Nous sommes devenus, et ce sont les Italiens qui nous le murmurent à l'oreille, l'homme malade de l'Europe. Ils sont contents de nous refiler le mistigri.
Le gros problème de la France et c'est peut-être finalement le seul, c'est que son Etat fabrique du déficit en continu, semaine après semaine, comme une usine à pâtes des macaronis, sans discontinuer, 7/24. C'est une usine à perte, une fabrique d'emprunt et maintenant un sabordage lent du navire.
N'importe quel chef de gouvernement européen est capable de comprendre qu'un déficit à jet continu est forcément structurel. Ce qui est l'antonyme du "conjoncturel" comme se plaît à le dire le grand ventilateur qui nous sert de président. Nous avons eu tellement de malheurs, ouin ouin... mais comment ont fait les autres ? Quels autres ? tous les autres !
Il y a deux machines à déficit au budget de la Nation : l'Etat dans son fonctionnement quotidien ; la protection sociale dans toutes ses caisses. Les audits, parfois anciens, ont donné lieu à moult rapports sur l'encrassement bureaucratique du pays, sa sur-administration, ses budgets annuels systématiquement reconduits en déficit pour complaire au peuple assisté qui ne veut pas être débranché. Nous n'y reviendrons pas aujourd'hui, par lassitude !
Le constat ne nécessite aucune étude supplémentaire - comme la proposera sans doute un nouveau locataire de Matignon demain pour nous faire patienter - il n'exige que l'action. Les entraves parlementaires quasiment inouïes en Europe, la revendication permanente à temps et contretemps des syndicats subventionnés (sinon ils seraient morts), à quoi s'ajoute l'envie du populaire d'en découdre une bonne fois, appellent au secours de la nation, une réaction d'ordre, une réaction brutale.
La chienlit générale ne peut être contenue puis résorbée que dans le cadre d'une prise de contrôle direct des forces vives de la nation, quelque sorte de dictateur romain qui recevrait du Sénat les pleins pouvoirs pour nettoyer les écuries d'Augias en deux ans, quelque chose qui ressemblerait dans notre constitution à l'article 16 (clic). Et on commencerait par dégraisser l'Etat français, grosse baleine crevée sur la plage.
Puisqu'il semble impossible d'extraire le dictateur souhaité du vivier politique actuel complètement discrédité voire malhonnête, il faut aller chercher les compétences ailleurs. Que la France importe de l'intelligence n'est pas nouveau. Achetons donc des compétences éprouvées et disponibles à l'extérieur de la fosse à purin politique, comme un vieux roi sut embaucher un Jules Mazarin, pour gérer son royaume bouffé par les corporations d'intérêts et par les corps d'Etat en concurrence permanente sur leurs privilèges extorqués au labeur. Existe-t-il un Mazarin vivant ?
Qui a placardé sur les murs des institutions européennes l'appel à résurrection de l'Europe ? Mario Draghi et Enrico Letta. Mais la présidente de la Commission est trop jalouse de son pouvoir pour accepter des recommandations qui n'émanent pas de son premier cercle allemand. Au fait, ils ont dit quoi Draghi et Letta ? Du bon sens. Clac ! Il serait sage de prendre langue dès à présent avec des gens de ce calibre qui nous éviteront les gomeux, bande-mous et autres phraseurs dont nous avons pléthore.
Il va sans dire que les pouvoirs conférés au dictateur romain devront être aussi pleins que possibles et comprendre l'autorité de neutraliser les malfaisants. Nul ne manquera.
A défaut, le Banc d'Arguin n'est plus très loin.
Pour finir sur une note d'actualité, la séquence politique à partir de ce soir dans une démocratie parlementaire présidée par un vrai homme d'Etat devrait être la suivante :
ALSP !
Le pays de la Loi, le pays des Droits de l'homme, l'instituteur universel de la démocratie s'écroule sous le ridicule qu'elle avait si longtemps conjuré par une logorrhée savante mais qui à la fin tourne au potage amer. Nous sommes devenus, et ce sont les Italiens qui nous le murmurent à l'oreille, l'homme malade de l'Europe. Ils sont contents de nous refiler le mistigri.
Le gros problème de la France et c'est peut-être finalement le seul, c'est que son Etat fabrique du déficit en continu, semaine après semaine, comme une usine à pâtes des macaronis, sans discontinuer, 7/24. C'est une usine à perte, une fabrique d'emprunt et maintenant un sabordage lent du navire.
N'importe quel chef de gouvernement européen est capable de comprendre qu'un déficit à jet continu est forcément structurel. Ce qui est l'antonyme du "conjoncturel" comme se plaît à le dire le grand ventilateur qui nous sert de président. Nous avons eu tellement de malheurs, ouin ouin... mais comment ont fait les autres ? Quels autres ? tous les autres !
Il y a deux machines à déficit au budget de la Nation : l'Etat dans son fonctionnement quotidien ; la protection sociale dans toutes ses caisses. Les audits, parfois anciens, ont donné lieu à moult rapports sur l'encrassement bureaucratique du pays, sa sur-administration, ses budgets annuels systématiquement reconduits en déficit pour complaire au peuple assisté qui ne veut pas être débranché. Nous n'y reviendrons pas aujourd'hui, par lassitude !
Le constat ne nécessite aucune étude supplémentaire - comme la proposera sans doute un nouveau locataire de Matignon demain pour nous faire patienter - il n'exige que l'action. Les entraves parlementaires quasiment inouïes en Europe, la revendication permanente à temps et contretemps des syndicats subventionnés (sinon ils seraient morts), à quoi s'ajoute l'envie du populaire d'en découdre une bonne fois, appellent au secours de la nation, une réaction d'ordre, une réaction brutale.
La chienlit générale ne peut être contenue puis résorbée que dans le cadre d'une prise de contrôle direct des forces vives de la nation, quelque sorte de dictateur romain qui recevrait du Sénat les pleins pouvoirs pour nettoyer les écuries d'Augias en deux ans, quelque chose qui ressemblerait dans notre constitution à l'article 16 (clic). Et on commencerait par dégraisser l'Etat français, grosse baleine crevée sur la plage.
Puisqu'il semble impossible d'extraire le dictateur souhaité du vivier politique actuel complètement discrédité voire malhonnête, il faut aller chercher les compétences ailleurs. Que la France importe de l'intelligence n'est pas nouveau. Achetons donc des compétences éprouvées et disponibles à l'extérieur de la fosse à purin politique, comme un vieux roi sut embaucher un Jules Mazarin, pour gérer son royaume bouffé par les corporations d'intérêts et par les corps d'Etat en concurrence permanente sur leurs privilèges extorqués au labeur. Existe-t-il un Mazarin vivant ?
Qui a placardé sur les murs des institutions européennes l'appel à résurrection de l'Europe ? Mario Draghi et Enrico Letta. Mais la présidente de la Commission est trop jalouse de son pouvoir pour accepter des recommandations qui n'émanent pas de son premier cercle allemand. Au fait, ils ont dit quoi Draghi et Letta ? Du bon sens. Clac ! Il serait sage de prendre langue dès à présent avec des gens de ce calibre qui nous éviteront les gomeux, bande-mous et autres phraseurs dont nous avons pléthore.
Il va sans dire que les pouvoirs conférés au dictateur romain devront être aussi pleins que possibles et comprendre l'autorité de neutraliser les malfaisants. Nul ne manquera.
A défaut, le Banc d'Arguin n'est plus très loin.
Pour finir sur une note d'actualité, la séquence politique à partir de ce soir dans une démocratie parlementaire présidée par un vrai homme d'Etat devrait être la suivante :
- censure du premier ministre qui rentre à Pau par le train de nuit
- deux coups de fil constitutionnels au Sénat et à l'hôtel de Lassay avant dissolution de la Chambre basse dans la même nuit
- formation demain d'un cabinet restreint de huit à douze ministres pour expédier les affaires courantes et suppression des secrétariats d'Etat
- convocation des législatives dans le délai le plus court
- après les résultats, formation d'un gouvernement technique resserré
- organisation du débat budgétaire pour le 2 janvier avec 80 milliards d'économies
- exécution du budget 2026 aux douzièmes provisoires (année blanche)
- confiance demandée par le PM à l’Assemblée nationale
- si censure, article 16 !
ALSP !
31 août 2025
Après le loup combattant, la diplomatie du chat
Le Yarlung Tsangpo est au Tibet ce que le Rhône est aux Gaulois, le Rhin aux Germains, le Danube aux Slaves et, pourquoi pas, le Rio Grande aux Mexicains. C'est le marqueur identitaire du territoire perché sur le plateau himalayen. Une carte valant mieux qu'une longue description, voici le lien géographique actif :
meltdownintibet.com/f_river_tsangpo.htm.
On y voit le grand fleuve courir d'ouest en est, puis virer à droite pour dévaler les montagnes vers le Golfe du Bengale via le Gange ; il s'appelle alors le Brahmapoutre. La ballade fait deux mille neuf cents kilomètres avec un dénivelé de 5540 mètres. Tout est grand là-bas mais attention, le canoë-kayak est compliqué par des crues terribles.
Quelle idée de parler du Brahmapoutre alors que de terribles choses nous appellent en Palestine, au Soudan et en Ukraine ? Trop de choses justement et qui fâchent !
Ce fleuve tibétain est au croisement de tous les intérêts de l'Inde et de la Chine populaire. Dans le cadre de leur affrontement séculaire sur la ligne de partage des eaux himalayennes, un accord éventuel de développement conjoint signalerait un renversement d'alliances tectonique. Or les déplacements du ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi, venu de la même veine qu'un Vergennes, nous font comprendre que Pékin cherche à profiter des insultes américaines à l'endroit du président Modi pour rebattre les cartes stratégiques sur tout le sous-continent. Pour une fois c'est assez simple, tellement que même le Département d'Etat pourrait comprendre.
De tout temps, la Chine a essayé de confiner le Raj britannique sur le versant occidental du toit du monde, et a pris l'avantage de sa mise en lambeaux par la décolonisation anglaise pour enserrer l'Inde dans la tenaille de la Birmanie et du Pakistan. Par la Birmanie, elle descend du Yunnan vers la Mer d'Andaman (Océan indien) via le Triangle d'Or. Par le Pakistan, elle vise la Mer d'Arabie à Gwadar qu'elle développe déjà à proximité du Golfe persique, en traversant tout le Baloutchistan. Une voie alternative plus à l'ouest passe par le corridor de la Wakhan qui entre en Afghanistan au-dessus des FATA pakistanaises infectées par l'islamisme radical que la Chine doit contenir à tout prix au Xinkiang.
Si la Chine populaire trouvait un modus vivendi plus serein avec l'Inde, en faisant droit par exemple aux revendications naturelles de son grand voisin en matière de partage des eaux de barrage, elle renverserait la table, au moment où les apprentis sorciers de Washington s'essaient à la stratégie. L'Empire des neiges pour sa part cultive les meilleures relations possibles avec les deux géants et rien ne dit qu'à eux trois, ils ne parviennent un jour à boucler le "Grand Jeu" historique à leur bénéfice respectif. Y perdront beaucoup les Etats-Unis, mais on ne peut longtemps faire l'enfant capricieux dans ce registre qui expulse les amateurs. La France de M. Macron est-elle calibrée au niveau requis ? Poser la question est y répondre.
Pour ce qui concerne l'Europe et la France spécialement, une pareille Trilatérale imposerait rapidement ses conditions sur tout l'Océan indien en attendant que la Chine populaire accède à l'Océan Pacifique nord, avec ou sans l'accord de la République de Chine (Taïwan). La question de la base navale océanique va se poser assez vite et chacun tente de profiter du mandat calamiteux de Donald Trump pour prendre son gain. Donc on ne doit pas être surpris de ce genre d'accélération. Les présidents indien et chinois s'étaient parlé à Kazan en octobre de l'an dernier lors du sommet des BRICS. Les chancelleries ont préparé d'arrache-pied le voyage dominical de Modi à Tianjin. La fenêtre d'opportunités est courte ; elle se refermera le 19 janvier 2029.
Si l'on veut creuser un peu cette question stratégique, je recommande l'article de François Danjou sur Question Chine que l'on peut lire par ici.
En quoi sommes-nous concernés au fond ?
Si (et seulement si), par un pacte même discret entre la Chine populaire et l'Inde contre les Etats-Unis, la guerre économique était déclarée, nous encaisserions le contrecoup du glissement stratégique par l'effet papillon d'Edward Lorenz, qui soutenait dans les années 70 que le battement d’ailes de papillon au Brésil pouvait provoquer une tornade au Texas. On dirait aussi "effet boule de neige". Coaguleront dans un temps relativement court par tout l'espace mondialisé des milliers de nouvelles contraintes marchandes depuis les matières et denrées de base jusqu'aux produits de consommation générale dont les flux seront capables de détourner dans de nouveaux canaux une partie de la circulation financière sur laquelle la France est branchée. La France, en banqueroute assumée par sa classe politique, sans réserves ni rentes, mais dont l'épargne des ménages servira de bouée de sauvetage à notre Etat impotent, sera frappée de sidération par sa propre impuissance à faire face à la globalisation des menaces. Nous tempêterons à tous les micros du monde mais nous n'aurons pas plus de réactions qu'un billot de bois qui descend la rivière. Et on parlera de la mobilisation…... de l'épargne pour sauver la république.
Notre modèle socio-politique est en défaut. La satisfaction des envies (au sens proudhonien) a consommé le capital productif du pays qui ne travaille plus assez pour couvrir les prestations sociales et qui se refuse d'y changer quoi que ce soit. L'insurrection générale de La Glande est dans dix jours. Le clientélisme démocratique récompensant le vainqueur du jour au débit des intérêts du vaincu est fatal à ce niveau d'impéritie, une trop grande proportion de citoyens étant nourrie par l'Etat qui l'empoisonne. Il n'y aura pas d'évolution mais une rupture de paradigme !
ALSP !
meltdownintibet.com/f_river_tsangpo.htm.
On y voit le grand fleuve courir d'ouest en est, puis virer à droite pour dévaler les montagnes vers le Golfe du Bengale via le Gange ; il s'appelle alors le Brahmapoutre. La ballade fait deux mille neuf cents kilomètres avec un dénivelé de 5540 mètres. Tout est grand là-bas mais attention, le canoë-kayak est compliqué par des crues terribles.
Quelle idée de parler du Brahmapoutre alors que de terribles choses nous appellent en Palestine, au Soudan et en Ukraine ? Trop de choses justement et qui fâchent !
Ce fleuve tibétain est au croisement de tous les intérêts de l'Inde et de la Chine populaire. Dans le cadre de leur affrontement séculaire sur la ligne de partage des eaux himalayennes, un accord éventuel de développement conjoint signalerait un renversement d'alliances tectonique. Or les déplacements du ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi, venu de la même veine qu'un Vergennes, nous font comprendre que Pékin cherche à profiter des insultes américaines à l'endroit du président Modi pour rebattre les cartes stratégiques sur tout le sous-continent. Pour une fois c'est assez simple, tellement que même le Département d'Etat pourrait comprendre.
De tout temps, la Chine a essayé de confiner le Raj britannique sur le versant occidental du toit du monde, et a pris l'avantage de sa mise en lambeaux par la décolonisation anglaise pour enserrer l'Inde dans la tenaille de la Birmanie et du Pakistan. Par la Birmanie, elle descend du Yunnan vers la Mer d'Andaman (Océan indien) via le Triangle d'Or. Par le Pakistan, elle vise la Mer d'Arabie à Gwadar qu'elle développe déjà à proximité du Golfe persique, en traversant tout le Baloutchistan. Une voie alternative plus à l'ouest passe par le corridor de la Wakhan qui entre en Afghanistan au-dessus des FATA pakistanaises infectées par l'islamisme radical que la Chine doit contenir à tout prix au Xinkiang.
Si la Chine populaire trouvait un modus vivendi plus serein avec l'Inde, en faisant droit par exemple aux revendications naturelles de son grand voisin en matière de partage des eaux de barrage, elle renverserait la table, au moment où les apprentis sorciers de Washington s'essaient à la stratégie. L'Empire des neiges pour sa part cultive les meilleures relations possibles avec les deux géants et rien ne dit qu'à eux trois, ils ne parviennent un jour à boucler le "Grand Jeu" historique à leur bénéfice respectif. Y perdront beaucoup les Etats-Unis, mais on ne peut longtemps faire l'enfant capricieux dans ce registre qui expulse les amateurs. La France de M. Macron est-elle calibrée au niveau requis ? Poser la question est y répondre.
Pour ce qui concerne l'Europe et la France spécialement, une pareille Trilatérale imposerait rapidement ses conditions sur tout l'Océan indien en attendant que la Chine populaire accède à l'Océan Pacifique nord, avec ou sans l'accord de la République de Chine (Taïwan). La question de la base navale océanique va se poser assez vite et chacun tente de profiter du mandat calamiteux de Donald Trump pour prendre son gain. Donc on ne doit pas être surpris de ce genre d'accélération. Les présidents indien et chinois s'étaient parlé à Kazan en octobre de l'an dernier lors du sommet des BRICS. Les chancelleries ont préparé d'arrache-pied le voyage dominical de Modi à Tianjin. La fenêtre d'opportunités est courte ; elle se refermera le 19 janvier 2029.
Si l'on veut creuser un peu cette question stratégique, je recommande l'article de François Danjou sur Question Chine que l'on peut lire par ici.
En quoi sommes-nous concernés au fond ?
Si (et seulement si), par un pacte même discret entre la Chine populaire et l'Inde contre les Etats-Unis, la guerre économique était déclarée, nous encaisserions le contrecoup du glissement stratégique par l'effet papillon d'Edward Lorenz, qui soutenait dans les années 70 que le battement d’ailes de papillon au Brésil pouvait provoquer une tornade au Texas. On dirait aussi "effet boule de neige". Coaguleront dans un temps relativement court par tout l'espace mondialisé des milliers de nouvelles contraintes marchandes depuis les matières et denrées de base jusqu'aux produits de consommation générale dont les flux seront capables de détourner dans de nouveaux canaux une partie de la circulation financière sur laquelle la France est branchée. La France, en banqueroute assumée par sa classe politique, sans réserves ni rentes, mais dont l'épargne des ménages servira de bouée de sauvetage à notre Etat impotent, sera frappée de sidération par sa propre impuissance à faire face à la globalisation des menaces. Nous tempêterons à tous les micros du monde mais nous n'aurons pas plus de réactions qu'un billot de bois qui descend la rivière. Et on parlera de la mobilisation…... de l'épargne pour sauver la république.
Notre modèle socio-politique est en défaut. La satisfaction des envies (au sens proudhonien) a consommé le capital productif du pays qui ne travaille plus assez pour couvrir les prestations sociales et qui se refuse d'y changer quoi que ce soit. L'insurrection générale de La Glande est dans dix jours. Le clientélisme démocratique récompensant le vainqueur du jour au débit des intérêts du vaincu est fatal à ce niveau d'impéritie, une trop grande proportion de citoyens étant nourrie par l'Etat qui l'empoisonne. Il n'y aura pas d'évolution mais une rupture de paradigme !
ALSP !
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