16 novembre 2025

Une orchidée dans les cheveux

Fille d'Aung San, dernier premier ministre de la Birmanie anglaise et père de l'indépendance négociée avec le raj britannique, Aung San Suu Kyi a pris le virage de ses quatre-vingt ans au mois de juin dernier. Est-elle pour autant rangée des voitures ? On peut raisonnablement le penser bien que de son existence-même suinte une grande influence dans la majorité bouddhiste birmane. Les mois passant, elle migre lentement vers le cadre iconique qui va la figer au mur.

En 2013, Madeleine Albright avait fort bien résumé le combat politique d'Aung San Suu Kyi pour le Time-100 de l'année. C'est à lire ci-dessous :

« En 1990, l'armée birmane a refusé de reconnaître la victoire électorale du parti pro-démocratie d'Aung San Suu Kyi. Cinq ans plus tard, lorsque Suu Kyi a été libérée de son assignation à résidence, je lui ai rendu visite à Rangoon, où elle était ferme dans ses revendications : une véritable démocratie, la liberté pour les prisonniers politiques, la fin du gouvernement par la peur.
S'ensuivit un test de volonté pour déterminer l'avenir de la Birmanie ; d'un côté se trouvait une junte totalitaire, et de l'autre cette femme indomptable.
Pendant des années, il ne semblait y avoir aucun espoir ; mais ensuite, en 2011, les autorités ont commencé à reculer. La censure a été réduite ; les prisonniers ont été libérés. Suu Kyi a été élue au Parlement. Aujourd’hui, une véritable démocratie est promise.
N’étant plus prisonnière, Suu Kyi est une dirigeante politique qui doit prendre des décisions dans un environnement politique fragile. La bravoure d’Aung San Suu Kyi pour défier — et vaincre — la répression donne de l’espoir à tous ceux qui chérissent la liberté.»

Elle remporte ensuite toutes les élections sous les applaudissements du monde libre, jusqu'à ce que l'irrédentisme musulman s'invite en Arakan, poussé par les prêcheurs du Golfe persique attisant la misère d'une communauté plus ou moins importée par les Anglais sur les terres bouddhistes du petit véhicule, le moins accommodant. Les Rohingyas n'ont pas une meilleure réputation que les Roms ne l'ont chez les Slaves d'Europe orientale, et leur revendications ont donc été écrasées par une répression féroce ; elles le sont toutes !

La Communauté Internationale s'est émue du silence puis de l'approbation par Aung San Suu Kyi de la réaction musclée de l'Etat birman. Les distinctions ont commencé à lui être retirées et les grandes voix de la conscience universelle lui devinrent hostiles, jusqu'à ce qu'elle perde l'aura qui la protégeait des appétits politiques de la junte rampante. Et ce fut le coup d'Etat militaire du 1er février 2021. Les critiques étrangères de son mandat auront abouti à son renversement. Elle est depuis lors assignée à résidence chez elle sous un régime assez permissif, tant qu'elle ne se mêle pas des affaires de ces messieurs à casquette vissée.

La bien-pensance mondialisée s'est trompée sur Aung San Suu Kyi. Elle n'est pas une pigiste féministe au Nouvel Obs mais un homme d'Etat dans un pays compliqué qui affronte une lutte de désintégration permanente menée par les minorités ethiques de la montagne. La déstabilisation de l'Arakan devenait une menace existentielle pour la nation birmane parce qu'elle redoublait au sud la menace venue des communautés du nord. Elle a donc réagi en "chef d'Etat" responsable contre la tenaille qui menaçait son pays, et pas en midinette des droits de l'homme. On pense dans les chancelleries qu'elle aurait pu mieux s'y prendre, elle en convient d'ailleurs. Un peu plus de langue de bois humanitaire, un soupçon d'hypocrisie et d'égotisme auraient pu la sauver sur la piste du grand cirque diplomatique. Mais ce n'est pas son caractère, et son entêtement lui ayant valu deux fois la victoire, elle ne pouvait pas s'en défaire et ruser. La menace islamique était trop visible, des Birmans, mais pas des moralisateurs climatisés d'Occident !

On peut en retenir qu'il existe des pays difficiles qui n'ont pas de chance - le pays était en 2020 sur les rails d'une vraie démocratie - quand d'autres pays, perclus d'atouts uniques au monde, se ruinent consciemment dans des idées évaporées de solidarité et d'assistance des gens du berceau à la tombe. L'autre sujet de la semaine est une synthèse franco-algérienne que nous propose la libération allemande de Boualem Sansal.

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Faisons un sort déjà au contentement de M. Barrot qui y voit l'effet d'une "relation exigeante" quand tout le monde s'accorde à dire que le dialogue avec le Quai d'Orsay est cassé (selon les mots-mêmes de l'ambassadeur de France à Alger) et que la situation du condamné n'avait fait qu'empirer. Les autorités françaises ont cherché à capter immédiatement la gloire de l'élargissement de l'écrivain quand tout le monde sait que c'est la société des amis de Boualem Sansal (éditeurs, libraires, lecteurs et amis) qui a tout fait pour obtenir la grâce présidentielle, sans liaison avec le Quai. Celui qui a eu l'idée de demander à Frank-Walter Steinmeier de passer un coup de fil à Abdelmadjid Tebboune afin qu'il vienne en Allemagne soigner sa condition physique très dégradée, est pour l'instant un génie méconnu. Le président Tebboune a l'habitude de se faire soigner en Allemagne pour des interventions hors de portée du système de santé algérien. Donc c'est bien vu !

On notera dans la séquence des peigne-culs s'en suivant que ni le Premier ministre français ni le ministre des affaires étrangères n'ont daigné citer le nom du président allemand, encore moins le remercier nommément et en public. C'est loin Vergennes, mais nous sommes habitués à une diplomatie de nains de jardin ! Que de la gueule !

Quel était le motif de la condamnation ? Au beau milieu de la guerre froide algéro-marocaine qui est plus un affrontement identitaire qu'une revendication territoriale, il n'est pas très malin d'argumenter sur la marocanité des cantons occidentaux d'Algérie, même s'il y a eu effectivement des confiscations de sol au détriment du protectorat pour renforcer la colonie. Boualem Sansal n'en était pas à sa première imprudence, surtout par sa critique inlassable de l'islamisation forcée de son pays après la loi de Concorde civile de Bouteflika qui rouvrait la porte aux radicaux pour en finir avec la guerre civile. Boualem Sansal a toujours eu la dent dure, prenant à témoin les Français à qui il distribuait ses avertissements contre le quiétisme trompeur des chargés de chaire islamique chez nous.
Je pense que ce sont les religieux qui ont cherché à le faire taire, plus que l'état-major général. Son retour en Algérie était une décision irréfléchie. Maintenant il le sait ! Ce n'est pas pour autant qu'il doive s'abandonner au triomphe d'un retour vainqueur à Paris parmi la communauté des dissidents algériens. Le président allemand a motivé sa requête par des conditions humanitaires de santé justifiant son hospitalisation en Allemagne. Qu'on joue la partition jusqu'au bout. Il est inutile d'étaler maintenant la duperie. Et lui-même serait mieux inspiré de faire profil bas, sa naturalisation, ayant juste un an et quatre mois, ne lui a pas servi à grand chose, le Quai étant incapable d'actionner sa nouvelle nationalité.
En fait, il est assigné à résidence en Europe (il y a pire) avec une liberté de parole retrouvée qu'il ne sert à rien d'exagérer, les destinataires de ses dénonciations étant parfaitement étanches à la critique. Qu'il vieillisse bien et longtemps pour nous faire profiter de livres intéressants, c'est tout le mal qu'on lui souhaite !

Le problème franco-algérien, c'est la relation spéciale et toxique entretenue par chacune des parties depuis l'indépendance et l'exode. Les points de discorde ne peuvent se dissoudre que dans une relation normale, banale, standard, d'Etat à Etat, de nation à nation. Ce sont les passe-droits et les exemptions diverses qui lèvent la colère de part et d'autre. Et, dit en passant, l'abrogation des accords de 1968 n'est pas le remugle d'un passé colonial moisi mais une conversion de la relation spéciale au droit commun universel. Cette situation atypique est de la faute de la France qui a toujours considéré qu'elle avait un devoir d'accompagnement, de commentaire et de critique sur l'Algérie. Les délégations du FLN n'avaient aucun levier pour exiger en 1962 comme 1968 un statut privilégié pour leur pays. Elles devaient se contenter de l'indépendance et des atouts que lui laissait l'ancienne puissance coloniale. Bien gérée, l'Algérie était capable de tutoyer dans les années 60 le niveau économique de l'Espagne. On en est aujourd'hui très loin du fait de la mise en coupe réglée du pays par la junte et ses familles. Elle n'avait besoin d'accompagnement d'aucune sorte, sauf peut-être à laisser ouvert le marché français pour y écouler ses productions exportables. Il y a fort à parier qu'une discussion Macron-Tebboune les yeux dans les yeux pour établir la banalité intégrale de la relation franco-algérienne sans discrimination aucune, aurait dû aboutir pour le plus grand bien des Algériens de France d'abord, et de nos entreprises françaises en Algérie aussi.

Ce paternalisme délétère fut appliqué par l'administration gaulliste à tous les pays décolonisés. "Vous êtes indépendants dans les limites que nous vous octroyons sous la menace de tarir le virement mensuel des fonds structurels". C'est le drame de la France-Afrique, on n'y reviendra pas, elle meurt enfin, puisque les décolonisés sont grands maintenant et que nous sommes raides ! L'Algérie n'était pas une colonie africaine comme les autres, son indépendance une fois assumée convoquait plus d'intelligence que nous n'en avons montrée.
Kamel Daoud ne prendra pas l'avion.

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Pour rester dans le coup, il faut terminer par la COP30 de Bélem. Ce grand raout climatique tiendra sa promesse de réseautage et d'accès des lobbyistes aux décideurs nationaux. Parmi ces lobbies, le plus puissant est toujours celui des pétroliers et "fossiliers" qui négocient leur futur. Ce qui me fait dire que si le réchauffement climatique et ses désordres ne peuvent être contenus que par l'unanimité des pollueurs - nous tous - le pas de côté (inqualifiable) de l'Administration Trump ruine cette perspective, et malgré les efforts colossaux de la Chine populaire, il faut que les peuples - nous tous - se préparent dès maintenant s'adaptater aux événements météorologiques monstrueux.

Le petit grillon de Pinocchio me sussure à l'oreille que la limite arbitraire et quelque part magique des 2 degrés C. sera dépassée avant la fin du siècle, et que les générations nouvelles doivent se préparer à l'assaut des éléments. On peut réclamer des mesures conservatoires au président, au préfet, au maire voire même au Macronard de la circonscription. Mais au niveau de ce blog individuel et portatif, que fait-on, toi, nous, lui, sans attendre l'ouverture promise du four à gaz qui déclarera la planète invivable ? Toi-nous-lui un milliard de fois, cela pourrait quand même changer des choses ! Quelques idées en partant de l'hypothèse (invérifiable) que le réchauffement climatique est provoqué par la surpopulation de la planète, planète confisquée par une espèce prédatrice de toutes ses ressources qui n'arrive plus à les reconstituer. Nous pourrions bien mourir d'overdose de la consommation. Alors ? :

  1. Réduire sa consommation générale de tout, acquérir un réflexe de refus si la convoitise n'est pas de nécessité.
  2. Réduire la cylindrée de la prochaine voiture à proportion des limitations de vitesse ; et apprendre à conduire sur le couple, c'est le régime qui consomme le moins.
  3. Gérer l'eau en récupérant la pluie et les eaux d'évier. Les citernes en maçonnerie creusées dans la garrigue aride de Montpellier paliaient les sécheresses en accumulant l'eau des orages.
  4. Rafraîchir son environnement proche par la végétalisation des structures. Les vignes vierges d'antan n'étaient pas que décoratives.
  5. Chauffer moins (quel que soit le mode de chauffage), s'habiller plus chaudement de laine naturelle ou de cotonnades feutrées.
  6. Ne pas courir à droite et à gauche pour un rien. Eviter Dubaï !
  7. En un mot, consommer "responsable" en visualisant la chaîne de production et de destruction.

ALSP !

09 novembre 2025

Dans les pas de la Brute

"Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis" nous prédisait Michel Audiard. Cet aphorisme qui va de pair avec "celui qui ose tout" nous précipite dans l'analyse comportementale du Grand Con d'or qui défie la loi de la gravitation universelle puisque le chef d'escadrille ne se crashe pas encore. C'est bien de Donald Trump qu'il s'agit. Sa politique orthogonale de destruction du wokisme coupe à angle droit tous les canons de gouvernance, et si sa popularité décline, elle ne crée pas d'appel d'air pour le parti d'opposition. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il résout la problématique inextricable de l'immigration sauvage en lançant sa propre Gestapo (ICE) à leurs trousses. C'est inhumain mais les résultats sont là, et il sait qu'on en tiendra compte au jour du jugement dernier, dans un an aux Mid-Terms. Le dit-parti d'opposition s'est fendu en deux entre les gérontes de l'âne d'un côté, et de l'autre, le vit de mulet d'une génération en érection. La victoire de New York du melted candidate pose autant de problèmes au GOP qu'aux Démocrates "canal historique" qui sont de fait éjectés de l'assiette au beurre. Après un tweet de dépit sur Truth Social, la marche en avant du Golem continue.

Les observateurs ont noté que l'aversion du Satrape doré pour la bureaucratie a transformé l'échec du shutdown en purge administrative, des milliers de fonctionnaires fédéraux ayant été débarqués sans préavis au lendemain de la cessation des paiements. L'échec relatif d'Elon Musk au DOGE - mais les annonces étaient trop emphatiques - est contrebalancé par les effets de la controverse parlementaire. Il faut remarquer que devant son écran ou devant sa tablette, Trump ne rate aucune occasion de faire avancer la réalisation de son programme sur l'axe annoncé.
Si la guerre douanière a connu son lot de reculades (la Chine récemment), il n'en demeure pas moins qu'en l'état, les droits d'importation à l'instant T sont plus favorables aux Etats-Unis aujourd'hui qu'ils ne l'étaient sous Joe Biden. La balance commerciale est légèrement améliorée. La limite de l'exercice est le surenchérissement des intrants de l'industrie domestique qui augmente le prix des produits transférés à la consommation, et celui des biens importés non-fabricables en Amérique, les deux propageant une hausse des prix inflationniste que Joe-Six-Pack-tout-à-crédit scrute attentivement. La décision judiciaire actant l'étonnement manifesté à l'égard de la guerre tarifaire par la Cour Suprême des Etats-Unis, nous fera juges de son impartialité. N'en doutons pas a priori.

Une économie de la taille de l'économie américaine avec ses centaines de boutons de contrôle doit se régler assez finement, sinon part en vrille comme en 2007. On devine que le réglage fin n'est pas la première qualité de Trump - mais il n'est pas seul au monde non plus - et que c'est sur ce front, pour lui secondaire, qu'il pourrait bien périr à la fin…

… car (1) le Chicano est indispensable à l'agriculture intensive comme à l'économie générale de base. Au niveau zéro de l'économie californienne (les rez-de-chaussée), on vit très bien les six jours de la semaine en ne parlant que l'espagnol. Et le dimanche, on va à l'église de ND de Guadalupe pour se souvenir que ces terres étaient hispaniques jadis ;

... car (2) le Noir (d'importation) a été inséré dans tous les compartiments de la sphère publique et qu'il prend des parts de marché dans l'entreprise privée, refoulant ce faisant les préjugés racistes du monde MAGA ;

… car (3) les conditions de production du Tiers-Monde ne seront jamais transposables aux Etats-Unis où les Unions syndicales sont puissantes, et donc que les produits nécessaires à la satisfaction des besoins de la consommation de masse devront toujours être importés. A combien reviendrait un T-shirt authentique fait de pur coton américain aujourd'hui ? le produit importé vaut sur l'étagère de 2 à 4 dollars contre 16 à 24 pour le vrai (clic). Autre exemple : qui a vu, hors de Manhattan, un américain chaussé de cuir à l'italienne ? tout le monde est en basket importé ;

... car (4) il existera toujours une frange de la population inadaptée aux conditions de la vie moderne, et qu'à moins de les réduire par tous moyens même légaux, il faudra bien continuer à servir la Morale de l'espèce humaine en s'occupant d'une façon ou d'une autre de tous les laissés-pour-compte de la communauté des hommes. Il y a aussi une religion pour ça.

Justement ! L'autre champ de manœuvre est la guerre déclarée aux narcotrafiquants qui ravagent la société américaine dans des proportions inouïes. Contrairement à nos ministres va-de-la-gueule qui cherchent des yeux la caméra et le micro, la Brute coule les go-fast des cartels avec l'incinération des équipages et montre ensuite la vidéo. Ceux qui ont cru le bloquer en l'assignant devant un quelconque tribunal, fut-il médiatique, ont découvert au petit matin sous leurs fenêtres le plus gros porte-avions du monde armé jusqu'aux dents. C'est donc bien vrai "qu'ils osent tout et que c'est à ça qu'on les reconnaît !". On s'attend donc à ce qu'il affronte directement l'insistance des cartels sans tenir compte d'aucune frontière.
Il faut dire que le spectacle des trottoirs américains jonchés de morts-vivants complètement déshumanisés par le fentanyl vous soulève le cœur, et que le premier mot qui vient à l'esprit c'est "pas de quartier pour les producteurs". Probablement qu'il les tuera dans les exécutions extrajudiciaires qui vont bien.

Nous mesurons ici le chemin à parcourir pour nous défaire des freux de la drogue qui règlent la vie des zones de non-droit. Nous n'avons pas l'équivalent politique en rayon et nous nous en félicitons en plus ! Des fois que nous résoudrions un problème vital, réputé insoluble par les curés de la pensée unique ! Au fait, on n'a plus de nouvelles de l'hypnothérapeute Miller qui se répandait en référence morale sur les antennes du service public. Il nous aurait dit quoi penser de Donald le Dingue et de l'Etat de droit sacré.

On peut, comme le fait avec talent le sénateur de Vichy, Claude Malhuret, dénoncer la brutalité des dérives trumpiennes et la connerie "augmentée" du modèle. On ne peut pas lui dénier d'obtenir des résultats, jugés improbables a priori, et acquis de son labeur propre, même s'il ne lit que des résumés d'une demi-page écrits gros. La brute-qui-marche laissera à son successeur un paysage politique dévasté mais une société américaine assainie de nombreuses dérives mortifères portées par les nouveaux illuminés qui sont à leur manière des barbares au sens grec, la gauche pour ne pas la citer.

L'état de calamités aggravé de notre pays convoque à son redressement un Homme d'Etat suffisamment gonflé voire féroce pour passer sur le ventre de tous les docteurs de la loi et ligues morales qui autrement le feront trébucher dans une guérilla de tous les instants, au motif du pouvoir suprême du Sed Lex. Je pense que les forces de l'ordre sont prêtes à fondre sur le crime organisé et la délinquance open bar qui se rit des rappels à la loi et des sursis. Il ne reste à trouver que le satrape couillu qui osera se salir les idées pour vaincre les malfaisants. Débattre ensuite des voies et moyens nécessaires au grand nettoyage de printemps nous mettrait en mauvaise posture, à la merci des gardiens de la Révolution avides d'amendes. Aussi, comme on dit à l'orchestre, restons en la, et vérifions le stock d'Armistol !

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Demain, nous commémorerons le succès de nos armes à la Grande Guerre obtenu par le sacrifice de la fine fleur du pays, comme il en allait dans les guerres napoléoniennes qui tuèrent une génération de géants. Un million quatre cent mille soldats tués en quatre ans et autant d'estropiés manqueront à tout jamais dans la société française qui mettra plus de dix ans à se reconstruire, juste avant le krach mondial de 1929 ! Quand ça veut pas !!! En fait la nation française ne s'en remettra finalement pas, et perdra toutes les guerres s'en suivant. N'oublions jamais qu'en 1918 les Allemands capitulèrent chez nous, pas chez eux, et rebelotte en 1945. Un peu de modestie ne nuit pas. Achetez un bleuet de France pour nos invalides de guerre, à défaut trois violettes, c'est la fleur qui convient.

ALSP !

02 novembre 2025

Chrysanthèmes de saison

Ôtez-vous d'un doute : les chrysanthèmes-infusion étaient pile à l'heure pour la "fête" des Trépassés, Memento Mori. Bonne tisane ! Sinon quoi, à part la messe de saint Hubert, patron des chasseurs, piqueux, meutes à courre et sonneurs de trompe ?
Le combat de pitres à l'Assemblée nationale qui vaut bien son pesant de nains ! L'exécutif a rendu la main au parlement pour donner un budget à la France, mal lui en prend ; l'hémicycle est perturbé par les arrières-pensées partisanes des parlementaires qui attendent la dissolution annoncée faute d'aboutir. Les députés ont déjà acté leur propre échec. L'antiparlementarisme fait rage au sein de l'institution par l'attitude négative des parlementaires, puisque le législatif est ramené à l'étroitesse de la circonscription électorale. Ils comptent déjà les voix une à une, bureau de vote par bureau de vote. Chaque député mesure ses chances, vote en séance, s'abstient ou déserte selon l'impact qu'il en présume sur ses électeurs locaux. On goûte la petite soupe aigre de la démocrassie de pissotière produite par l'oxydation de la vraie démocratie. On peut dire que la classe politique française a achevé le projet de détournement des députations en prébendes d'ancien régime qu'il faut protéger par moult privilèges et alliances de réseau. Comme La Casta italienne, il va lui falloir rendre des comptes tant les gens sont excédés par leur cirque législatif, leur désintérêt pour la pérennisation de la nation (vilain mot), leur arrogance jubilatoire dans la défausse.

Et le meilleur moment de leur faire endosser leurs responsabilités est celui de les représenter aux suffrages des électeurs par une dissolution de la Chambre Basse, maintenant, et au premier prétexte. Le plus probable est l'échec des partis de l'hémicycle à produire un budget exécutable en 2026. Savoir comment les sondages d'opinions pourraient être convertis en sièges est le must du suspense. Quelle que soit la composition de la nouvelle chambre, j'ai hâte !

Nous aurons établi successivement cinq républiques sur les cendres de la monarchie pour en arriver à donner les clés de dépit au "dictateur romain" de la légende frontiste ! Banqueroute en prime !

Est-il utile d'en faire plus sur l'actualité politique ? On me dit dans l'oreillette que le moment est venu d'éditer mon vœu. Celui d'une refondation du paradigme politique et social. Elle seule est capable de valoriser les derniers atouts français pour retrouver dans le monde le rang qui est le nôtre, celui que naturellement les autres pays nous donnent ou nous consentent si nous sommes sérieux. Il ne peut être question de retrouver la puissance de la vieille thalassocratie impériale - au pantographe de la globalisation le pays est devenu petit, à la limite une attraction touristique - mais de renouer avec l'excellence dans les domaines où nous eûmes jadis une réputation.
Il n'est pas inutile de les recenser rapidement : aéronautique et astronautique, architecture, ferroviaire, biochimie et chimie fine, aciers spéciaux, nucléaire, navale, mode et luxe, agro-alimentaire et gastronomie, œnologie, artisanat d'art, tourisme, normes et droits, sans oublier évidemment "la revue", toujours imitée, jamais égalée ; Marie-Claude Jourdain au Panthéon direct, mais rien ne presse, Chérie.

Pour libérer l'innovation, la créativité et les finances associées qu'elles convoquent à leur déploiement, il est impératif de réduire drastiquement l'empreinte de l'Etat. Celui-ci doit se reconcentrer sur ses responsabilités régaliennes qui ne sont pas du tout assumées aujourd'hui, et que nous rappelons pour les plus jeunes de notre lectorat si divers par les cinq doigts de la main :
Haute justice, Sûreté nationale, Armées, Diplomatie et Trésor.

Les autres domaines doivent être gérés au niveau le plus pertinent par le principe de subsidiarité, sans exclusive de mission ni d'étage. Par exemple, le pays doit organiser son système éducatif dans le cadre d'une décentralisation en cascade dont les effets ne seront jugés que par le succès à chaque niveau de responsabilité ; pareil pour la santé (les fondations privées marchent très bien, j'en sais quelque chose) ; un régime national de pensions sera établi sur la base de la retraite par points, système ingénieux transposable dans tous les cas de figure (clic) ; les circonscriptions administratives désignées (région, département, communauté de communes, municipalités) lèveront l'impôt correspondant à leurs missions par le guichet des Trésoreries Générales. Ainsi ne demandera-t-on plus où va l'argent, et les revendications sociales ou catégorielles seront financées par une augmentation des contributions au prix nécessaire. Les assiettes de cotisations fiscales seront dans le visible (facilement contrôlables), nul ne sera laissé pour compte, tout le monde contribuera, même le clodo immatriculé !

L'Etat central prélèvera les moyens de son fonctionnement par l'impôt universel sur les revenus personnels (plus d'exempts, tu dois cent euros, tu paies 100 euros), par une TVA nationale (raisonnable) égalisant la charge fiscale, et par un impôt modéré sur le bénéfice des sociétés. L'Etat central, ramené à ses missions régaliennes, ne sera pas très gourmand en temps de paix. Restera à régler le sort de deux ou trois millions de fonctionnaires surnuméraires, ce qui fait beaucoup sur une population somme toute peu nombreuse (67 millions). C'est un groupe de travail super-balèze qui devra s'y atteler sans jamais prononcer le nom des Kerguelen.

Mais rien ne sera possible si les budgets considérés ne sont pas refondés de zéro à partir des besoins réels constatés ou exprimés, sans la routine des reconductions, passe-droit, coupe-file. Les Suédois y sont parvenus, les Canadiens aussi. Chez nous l'intoxication à la providence est plus profonde mais il faudra y passer quand même.

Changer le paradigme socio-économique est plus qu'une gageure, un risque, celui d'une insurrection générale. Et le problème est surtout que nous n'avons pas d'homme d'Etat capable de créer la confiance dans les couches sensibles de la population. Le vœu de la Toussaint restera donc un vœu pieux, mais nous aurons fait ce petit article de chaque lundi.


Postscriptum : Gabriel Zucman (2025-2025) est né, a vécu puis est mort dans la même semaine. C'est le lot des moralistes qui n'ont jamais produit aucune valeur ajoutée taxable par leur pays mais qui veulent taxer les autres pour garantir leur sinécure.



ALSP !