Le combat de pitres à l'Assemblée nationale qui vaut bien son pesant de nains ! L'exécutif a rendu la main au parlement pour donner un budget à la France, mal lui en prend ; l'hémicycle est perturbé par les arrières-pensées partisanes des parlementaires qui attendent la dissolution annoncée faute d'aboutir. Les députés ont déjà acté leur propre échec. L'antiparlementarisme fait rage au sein de l'institution par l'attitude négative des parlementaires, puisque le législatif est ramené à l'étroitesse de la circonscription électorale. Ils comptent déjà les voix une à une, bureau de vote par bureau de vote. Chaque député mesure ses chances, vote en séance, s'abstient ou déserte selon l'impact qu'il en présume sur ses électeurs locaux. On goûte la petite soupe aigre de la démocrassie de pissotière produite par l'oxydation de la vraie démocratie. On peut dire que la classe politique française a achevé le projet de détournement des députations en prébendes d'ancien régime qu'il faut protéger par moult privilèges et alliances de réseau. Comme La Casta italienne, il va lui falloir rendre des comptes tant les gens sont excédés par leur cirque législatif, leur désintérêt pour la pérennisation de la nation (vilain mot), leur arrogance jubilatoire dans la défausse.
Et le meilleur moment de leur faire endosser leurs responsabilités est celui de les représenter aux suffrages des électeurs par une dissolution de la Chambre Basse, maintenant, et au premier prétexte. Le plus probable est l'échec des partis de l'hémicycle à produire un budget exécutable en 2026. Savoir comment les sondages d'opinions pourraient être convertis en sièges est le must du suspense. Quelle que soit la composition de la nouvelle chambre, j'ai hâte !
Nous aurons établi successivement cinq républiques sur les cendres de la monarchie pour en arriver à donner les clés de dépit au "dictateur romain" de la légende frontiste ! Banqueroute en prime !
Est-il utile d'en faire plus sur l'actualité politique ? On me dit dans l'oreillette que le moment est venu d'éditer mon vœu. Celui d'une refondation du paradigme politique et social. Elle seule est capable de valoriser les derniers atouts français pour retrouver dans le monde le rang qui est le nôtre, celui que naturellement les autres pays nous donnent ou nous consentent si nous sommes sérieux. Il ne peut être question de retrouver la puissance de la vieille thalassocratie impériale - au pantographe de la globalisation le pays est devenu petit, à la limite une attraction touristique - mais de renouer avec l'excellence dans les domaines où nous eûmes jadis une réputation.
Il n'est pas inutile de les recenser rapidement : aéronautique et astronautique, architecture, ferroviaire, biochimie et chimie fine, aciers spéciaux, nucléaire, navale, mode et luxe, agro-alimentaire et gastronomie, œnologie, artisanat d'art, tourisme, normes et droits, sans oublier évidemment "la revue", toujours imitée, jamais égalée ; Marie-Claude Jourdain au Panthéon direct, mais rien ne presse, Chérie.
Pour libérer l'innovation, la créativité et les finances associées qu'elles convoquent à leur déploiement, il est impératif de réduire drastiquement l'empreinte de l'Etat. Celui-ci doit se reconcentrer sur ses responsabilités régaliennes qui ne sont pas du tout assumées aujourd'hui, et que nous rappelons pour les plus jeunes de notre lectorat si divers par les cinq doigts de la main :
Haute justice, Sûreté nationale, Armées, Diplomatie et Trésor.
Les autres domaines doivent être gérés au niveau le plus pertinent par le principe de subsidiarité, sans exclusive de mission ni d'étage. Par exemple, le pays doit organiser son système éducatif dans le cadre d'une décentralisation en cascade dont les effets ne seront jugés que par le succès à chaque niveau de responsabilité ; pareil pour la santé (les fondations privées marchent très bien, j'en sais quelque chose) ; un régime national de pensions sera établi sur la base de la retraite par points, système ingénieux transposable dans tous les cas de figure (clic) ; les circonscriptions administratives désignées (région, département, communauté de communes, municipalités) lèveront l'impôt correspondant à leurs missions par le guichet des Trésoreries Générales. Ainsi ne demandera-t-on plus où va l'argent, et les revendications sociales ou catégorielles seront financées par une augmentation des contributions au prix nécessaire. Les assiettes de cotisations fiscales seront dans le visible (facilement contrôlables), nul ne sera laissé pour compte, tout le monde contribuera, même le clodo immatriculé !
L'Etat central prélèvera les moyens de son fonctionnement par l'impôt universel sur les revenus personnels (plus d'exempts, tu dois cent euros, tu paies 100 euros), par une TVA nationale (raisonnable) égalisant la charge fiscale, et par un impôt modéré sur le bénéfice des sociétés. L'Etat central, ramené à ses missions régaliennes, ne sera pas très gourmand en temps de paix. Restera à régler le sort de deux ou trois millions de fonctionnaires surnuméraires, ce qui fait beaucoup sur une population somme toute peu nombreuse (67 millions). C'est un groupe de travail super-balèze qui devra s'y atteler sans jamais prononcer le nom des Kerguelen.
Mais rien ne sera possible si les budgets considérés ne sont pas refondés de zéro à partir des besoins réels constatés ou exprimés, sans la routine des reconductions, passe-droit, coupe-file. Les Suédois y sont parvenus, les Canadiens aussi. Chez nous l'intoxication à la providence est plus profonde mais il faudra y passer quand même.
Changer le paradigme socio-économique est plus qu'une gageure, un risque, celui d'une insurrection générale. Et le problème est surtout que nous n'avons pas d'homme d'Etat capable de créer la confiance dans les couches sensibles de la population. Le vœu de la Toussaint restera donc un vœu pieux, mais nous aurons fait ce petit article de chaque lundi.
Postscriptum : Gabriel Zucman (2025-2025) est né, a vécu puis est mort dans la même semaine. C'est le lot des moralistes qui n'ont jamais produit aucune valeur ajoutée taxable par leur pays mais qui veulent taxer les autres pour garantir leur sinécure.
ALSP !