21 décembre 2025

Joyeux Noël !

Hier dimanche à Paris, le solstice d'hiver est passé à 15 heures. Nos lointains ancêtres n'étaient pas si précis mais leurs druides fêtaient la fin de la chute du jour à la même époque. Yule au nord, Sol Invictus au sud, Noël plus tard. La crèche avec l'ange du petit tronc qui salue de la tête quand on met la pièce, la messe expédiée, les pieds gelés, le Montbazillac du foie gras, du Pommard par après pour la dinde, et la bûche obligatoire avec un Crémant de Loire demi-sec. Bon Nadal, Joyeux Noël, que revienne Jésus l'an prochain !
Le monde est cul par dessus tête à douter qu'il s'en occupe vraiment, mais bon, c'est une convention qui ne souffre pas le blasphème ! Le petit Jésus c'est aussi la promesse d'une continuation de l'espèce.

Justement pas ! Les climatologues désintéressés, c'est à dire ceux qui n'émargent pas au payroll d'un lobby fossile, doutent fort que les conditions d'existence promises par le réchauffement planétaire nous permettent de franchir la fin du siècle par le chaos biblique que déclenchera la torridité de la zone intertropicale. A peine de mourir desséchées sur place, les populations sortiront de la zone vers les zones encore tempérées, par un accord global ou par la guerre ouverte et sans frein. Combien sont-ils ? 65% de la population mondiale, pas plus !

D'ici là fin du siècle, tous les pays industrialisés possèderont la bombe atomique, seule défense crédible contre la voracité des empires prédateurs. Imaginons un ou deux milliards de carbonisés tentant de s'établir en Sibérie devenue tempérée à la pointe de leurs fusées, et voyons comment réagira le Nouveau Katanga, comme on appellera la Russie de demain. La Ruée vers la neige déclenchera l'Armagueddon. Fin de la civilisation humaine, et les rongeurs qui nous succèderont seront bleus comme à Tchernobyl. La Sixième Extinction sera achevée.

Ce qu'en pense un vieux blogueur cacochyme hors d'âge n'a pas de réel intérêt. Mais des gens très puissants y pensent, eux, qui vont vouloir plier le monde à leur volonté pour survivre en attendant sans doute l'exode interstellaire. Ils ne s'en cachent pas vraiment et que se disent-ils ?
Que les COP sont stériles, que les vrais savants ne sont pas écoutés par les décideurs et que l'arrêt du réchauffement exige des mesures drastiques que les systèmes politiques ne pourront jamais prendre. En tête de gondole, les démocraties libérales empêtrées dans le combat des opinions.

Quand on écoute les vulgarisateurs disposant du bagage nécessaire comme Jean-Marc Jancovici, Christophe Cassou, Alain Grandjean voire Yves Marignac et bien d'autres, on entend parler d'urgence et d'incapacité des politiques à appréhender l'enjeu. Pourquoi ? Parce que les efforts nécessaires sont colossaux et réduiront tous les standards de vie. Et ce, si l'effondrement énergétique ne précède pas la carbonisation des espaces les plus exposés. A 50°C à l'ombre sous 99% d'humidité, le corps humain ne résiste pas longtemps ; à moins de s'enterrer, il meurt. L'effondrement énergétique limitera le conditionnement de l'air respiré, et les désordres météorologiques induits par le dérèglement détruiront l'écosystème humain.
Qui va enterrer cinq milliards d'hommes au frais ?
Que peuvent faire nos "parlements" ?

C'est justement la réponse "rien" qui incite les puissants précités à prendre l'affaire à leur compte. Leurs ressources ? le genre humain qui paie leurs services de consommation compulsive ; leurs moyens ? à milliards ! leurs canaux ? les réseaux d'agitation et propagande possédés en propre. Leurs idées ? Imaginer, construire sur fonds propres, contraindre les sociétés à monter à bord sans débat. C'est la doctrine de Pharaon. L'impuissance des autorités politiques à affronter le défi du dérèglement climatique parfaitement documenté depuis trente ans fait le lit des dictatures. Mais, il y a un "mais" : la dictature chinoise est capable d'anticipation, qui construit à marche forcée la production d'énergie renouvelable dans le même élan qu'elle a pris pour convertir son parc automobile à l'électrique. Elle deviendrait l'alternative aux GAFAMs et aurait la vocation nouvelle de s'étendre sur ses marches d'abord, sur toute la planète ensuite, rompant avec l'endiguement traditionnel impérial.

En attendant, je lis La première gorgée de bière de Philippe Delerm (Gallimard 1997). C'est un collier de perles fines (34). Et pile à l'heure du solstice hier, j'ai écouté l'orchestre symphonique de la NHK m'offrant le concerto pour violon en ré majeur opus 61 de Beethoven en version intégrale. On ne donne souvent que le troisième mouvement. C'était sublime. J'ai noté le nom de la soliste époustouflante dans le larghetto, Akiko Suwanaï, dirigée par un chef placide et minutieux du nom de Kazuyoshi Akiyama.
Que nous raconte Beethoven dans ce concerto ? Rien. Il nous appelle à la beauté pure derrière la membrane osmotique de notre âme. Les belles œuvres ne se racontent pas, elles infusent en nous.

Bonnes Fêtes à tous !


ALSP !

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