« Mère des arts, des armes et des lois », la France de Joachim du Bellay a beaucoup fané. Les arts et les armes se conjuguent au passé, les lois sont devenues le sport politique de référence qui confine à la diarrhée législative. Un pet de travers, une loi, récidive ? un décret ! Et une taxe en passant !
Ce dont a urgemment besoin le pays, c'est de bon sens !
La même république est en voie de déclarer la banqueroute mais présente son budget 2025 en déficit, et pas qu'un peu (27%). A croire que les mots n'ont plus aucun sens, perdus que nous sommes dans le jargon des médicastres de l'Etat pour chercher vingt sous pour faire un franc. Un petit coup de rabot par ci, une petite taxe par là et les intérêts corporatistes se déchaînent en menaçant de mettre le pays à l'arrêt comme à l'époque de la réforme Juppé sur la Sécurité sociale.
Même les collectivités locales s'y mettent, hurlant au charron du désinvestissement qui va ralentir le bonheur citoyen ou, comme Valérie Pécresse, coupant dans les subventions qu'ils n'auraient jamais dû accorder jusque là hors du champ de compétences municipales.
Deux exemples de travaux non nécessaires, mais on aurait pu faire l'inventaire en euros des centaines de ronds-points à la con payés par les villes sur emprunt, voire celui des subventions à la culture de zone préludant une forme de paix sociale, avant que les djeunes ne brûlent tout sous le regard impavide des "forces" de l'ordre encadrées de consignes ad hoc. Bien sûr que les collectivités locales sont pour quelque chose dans la gabegie générale de la république.
Le département de l'Aveyron lance la réhabilitation du palais épiscopal de Rodez dont il est propriétaire, abandonné par l'évêque Fonlupt qui ne pouvait plus le chauffer et avait peur de s'y perdre la nuit (clic). Quinze millions d'euros sont prévus pour une ouverture au public en 2026. La somme est importante rapportée au budget départemental de 440 millions (3,4%), qui certes embellira le patrimoine aveyronnais mais ne suscitera aucun retour sur investissement permettant d'équilibrer l'opération et d'entretenir convenablement ensuite le palais rénové. Le Grand Rodez est une petite agglomération rurale-urbaine de 56000 habitants et le reste du département est un désert, à l'exception des deux sous-préfectures pétrifiées. Les édiles brandissent des concours extérieurs au département qui allègeront la note, feignant d'ignorer que tout sort de la même bourse, la nôtre ! Que l'on préserve l'étanchéité de l'édifice au sain principe du "clos-couvert" et reportons à meilleure fortune les embellissements. De son côté, le maire du cru en campagne électorale projette, lui, de mettre quelques poignées de millions sur deux quartiers de sa ville, celui de l'ancien hôpital (c'est un vrai serpent de mer électoral) et celui du nouveau quartier universitaire près de la gare. Ce sont des projets lourds qui font fi de toutes les contraintes budgétaires actuelles. Même réflexe de l'élu contesté, les contributions extérieures !
Dans la ville où je réside, on est dans la même configuration électoraliste. Un quartier important (qui était autrefois une commune accolée à la mienne) doit être "revitalisé" par une promotion immobilière lourde convoquant bien sûr la solidarité communale avec les rachitiques et difficiles à venir. Les coupes budgétaires annoncées au Palais Bourbon ne semblent pas freiner la mairie qui a le projet dans ses cartons depuis dix ans. Le quartier peut tout à fait vivre tel qu'il est longtemps encore, et son activité commerciale est normale voire bonne (aucun panneau "à céder"). Quatre ou cinq ans de travaux (selon les urbanistes) peuvent aussi tuer la chalandise mais personne ne moufte.
Il est temps de mettre les maires bâtisseurs devant les réalités d'un pays qui n'a plus le rond. Qu'a-t-on à faire de la gloire et des ciseaux à cordon dans le journal municipal quand tout le modèle social construit patiemment sur le temps libre est parti pour s'effondrer dès le lendemain de la note qui tue ? Ce pays paie deux millions d'allocataires à rien foutre quand il importe de la main d'œuvre à côté d'eux pour les travaux pénibles. Les dits-allocataires sont bordés de subsides secondaires et de coupe-file en tout genre qu'il est interdit de contester sauf à s'entendre traiter de fachiste.
Redisons-le : la nation traîne trop de lest pour s'en sortir comme les autres pays de l'Europe sérieuse. La fonction publique française est excédentaire de presque deux millions de fonctionnaires comparée à la moyenne de l'OCDE ; sa bureaucratie se planque habilement derrière les quatre formidables, le pompier, le gardien de la paix, l'institutrice et l'infirmière qu'elle brandira au premier coup de semonce des réformateurs. Les tribulations du gouvernement dans les hémicycles du cirque parlementaire n'augurent pas seulement d'une amère potion pour le citoyen contribuable, recours ultime des prébendiers, mais soulignent en même temps l'imbécillité des législateurs incapables de s'extraire du clientélisme latin en prévision de la dissolution inévitable de l'Assemblée. Une mesure forte pourrait être le retour aux 40 heures hebdomadaires, ce pays a besoin partout de travailler plus pour augmenter la valeur ajoutée globale !
A côté de celà, nous continuons à nous mêler du conflit judéo-arabe anglo-saxon quand notre jeunesse s'expatrie de plus en plus loin d'un pays stratifié et vieux.
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